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Les festivals d'art et culture et les failles du financement
le 03 juillet 1999 à 00h00
Le linge sale ne s’est pas lavé en famille. C’est ainsi que le comité du festival de Baalbeck n’a pas hésité à avoir recours aux insertions publicitaires de presse pour dénoncer une rupture abusive de contrat de la part du ténor Placido Domingo, en faveur du ... festival de Beiteddine. Les dessous de l’histoire seraient encore plus embarrassants, dans la mesure où d’aucuns reprochent à demi-mot le comité du festival de Beiteddine d’avoir «piqué» le chanteur italien en négociation avec le festival de Baalbeck pour début août 1999. Faute de trésorerie immédiate, dépendante en fait d’une aide publique qui se faisait attendre, le comité de Baalbeck n’a pas pu rapidement concrétiser son contrat avec le ténor italien. Ce dernier ne trouvait pas mieux que d’accepter une offre de la part des organisateurs de Beiteddine qui, eux, semblent disposer de ressources propres leur donnant une plus grande marge de manœuvre. Au-delà des luttes de clochers, cet épisode confirme l’importance du facteur financement dans la préparation des festivals, où le grand public ne voit que les aspects «art et culture» et ne se doute pas des difficultés de collecte et d’organisation de ces événements. Le festival de Baalbeck est organisé par un comité qui porte son nom. Ses membres sont chargés de collecter des fonds auprès de différents mécènes et surtout auprès du Trésor libanais. En effet, l’exploitation des festivals est généralement déficitaire et le déséquilibre est proportionnel à l’importance du spectacle. Les prestations de Feyrouz et de l’orchestre de Stuttgart ont été les plus déficitaires en 1998 à Baalbeck. Le même schéma peut être reproduit pour Beiteddine et pour l’ensemble des autres festivals : Jbeil, Tyr ou Beyrouth, même si ces trois derniers ne portent pas le label «d’international». Mauvaise coordination Le chevauchement des dates entre les différentes manifestations culturelles de l’été a amplifié les pertes des festivals. L’exemple le plus marquant a été celui de l’orchestre de Stuttgart dont la venue au Liban, l’été dernier, coïncidait avec celle de l’orchestre de la Scala de Milan. Le nouveau ministre du Tourisme a tenté de mettre un peu d’ordre et a réuni tous les dirigeants des festivals pour établir le calendrier. Il fut décidé de réserver les mois de juillet et d’août aux deux festivals internationaux de Baalbeck et de Beiteddine. Mais les dégâts «collatéraux» de cette réunion ont été très importants dans la mesure où tout le monde n’a pas joué franc jeu et certains programmes présentés étaient incomplets. Ce flou a permis des réarrangements de dernière minute et serait même à l’origine du «transfert» de la soirée Placido Domingo de Baalbeck à Beiteddine. Quels objectifs Les objectifs poursuivis par les festivals culturels de l’été sont très variés et pas toujours conciliables. Pour Baalbeck, le facteur nostalgie est très présent. De 1952 à 1974, ce festival s’était taillé une réputation internationale exceptionnelle. Reprendre le flambeau n’est pas une tâche assez aisée. Il faut rattraper les retards dans un environnement très concurrentiel interne, régional et surtout international. Pour Beiteddine, il s’agit au contraire d’atteindre une maturité et une vitesse de croisière qui lui assureraient une certaine pérennité, même dans un autre contexte politique. Déjà, le retour du palais de Beiteddine dans le giron de l’État, à titre de résidence présidentielle d’été, laisse certaines interrogations, bien que les responsables libanais aient promis de préserver la totalité des aspects culturels de la place. D’autres objectifs peuvent être recherchés par les organisateurs d’un grand festival, notamment la diffusion culturelle auprès des jeunes Libanais, le développement culturel et touristique de certaines régions rurales, ou aussi la découverte des nouveaux talents libanais. Allier ces différents objectifs dans une période de tassement économique et de compression budgétaire n’est pas évident, surtout que les cachets et les frais annexes des artistes sont de plus en plus élevés. Déplacer, loger, nourrir ou intéresser un orchestre philharmonique prestigieux est une opérations excessivement onéreuse et les recettes de guichet ne couvrent que très partiellement ces frais, même si l’on joue à guichets fermés et que les prix des billets sont jugés excessifs. Même si l’État soutient financièrement les grands festivals, il leur impose aussi des frais annexes. Les seuls frais de visas pour les artistes étrangers sont de 167$ par personne. Les charges de ce seul poste peuvent donc aller jusqu’à 20 000 dollars pour un orchestre philharmonique ou une grande chorale. La taxe de 5% imposée à partir de 1997 sur les activités de loisirs n’épargne pas les billets des festivals. En fait, cette taxe n’est pas ajoutée aux billets mais, pour des raisons évidentes de commodité, déduite des recettes. En conclusion, on peut relever que la gestion des festivals au Liban est loin d’être professionnalisée et continue à s’appuyer sur des élans particuliers. Comme dans tous les domaines, la culture doit apprendre à intégrer une dimension économique et s’appuyer sur des méthodes de gestion auxquelles aurait recours toute entreprise dynamique. L’argent, l’art et la culture sont appelés à faire bon ménage.
Le linge sale ne s’est pas lavé en famille. C’est ainsi que le comité du festival de Baalbeck n’a pas hésité à avoir recours aux insertions publicitaires de presse pour dénoncer une rupture abusive de contrat de la part du ténor Placido Domingo, en faveur du ... festival de Beiteddine. Les dessous de l’histoire seraient encore plus embarrassants, dans la mesure où d’aucuns...
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