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Actualités - CHRONOLOGIE

LES SORTIES DE LA SEMAINE Sortie du tunnel ?

Il semble bien que la traversée du désert soit sur le point de prendre fin (du moins pour ce qui est de nos salles de cinéma). Il en serait temps... Toujours est-il que la sortie simultanée de six nouveaux films, cette semaine, paraît comme un signal encourageant. Sortent donc, comme cela avait été prévu: «One True Thing» – «Suicide Kings» – «Go» – «A Simple Plan» – «American History X» – et «The Faculty». Raya Abi-Rached rend compte des trois premiers de ces films. Fin de carrière annoncée pour le film de Joel Schumacher, «8 mm». La semaine prochaine, sont attendus: «A Civil Action», de Steven Zaillian, avec John Travolta – «Best Laid Plans», de Mike Barker, avec Alessandro Nivola – «My Favorite Martian», de Donald Petrie, avec Christopher Lloyd – et «Universal Soldier: The Return», de Mic Rodgers, avec Jean-Claude Van Damme. Le Cinéma Six annonce, pour le mois d’août prochain, un cycle consacré au cinéma maghrébin. Simple mais complexe A Simple Plan, de Sam Raimi On savait déjà que l’argent ne fait pas le bonheur – même s’il aide à supporter la pauvreté – mais, dans le film de Sam Raimi, il va provoquer une cascade de catastrophes. Jusqu’au malheur absolu. A Simple Plan, en son commencement, évoque le Fargo des frères Coen – paysages d’un Middle West enneigé, magot dissimulé, personnages révélés à eux-mêmes – et se termine sur une référence directe au cinéma de John Huston (les dollars livrés aux flammes). L’intrigue, en bref: trois hommes – les frères Hank et Jacob Mitchell, leur copain Lou – découvrent par hasard un sac bourré d’argent (quatre millions et demi de dollars) dans la carcasse d’un avion tombé en forêt. Ils décident de taire leur trouvaille en attendant de pouvoir partager ce butin inespéré en toute tranquillité. Ce qui, bien entendu, ne se produira jamais. Sam Raimi, cinéaste plutôt spécialiste du fantastique (encore que son western en forme d’hommage baroque au genre, The Quick and the Dead – 1987 – ait été sous-estimé, si ce n’est mal compris) a fait du bon travail. Une mise en scène sobre, axée sur une succession de «plans simples» (pour en revenir au titre) captant une réalité implacable et traduisant sans emphase l’évolution de personnages piégés, inexorablement conduits vers une fin tragique. On pourrait ergoter sur quelques points de détail du scénario – écrit par Scott B. Smith, d’après son propre roman – par exemple celui-ci: la police de ce trou perdu accueille, sans la moindre méfiance, un pseudo-agent du FBI, alors qu’on sait les réticences des responsables locaux à collaborer avec les autorités du pouvoir fédéral officiel, aux États-Unis. Peu importe. Bill Paxton (Hank), Billy Bob Thornton (Jacob, un rôle contrasté, très travaillé), Brent Briscoe (Lou) et tous les autres, supérieurement dirigés, existent véritablement, ce qui devient une rareté dans la production actuelle des studios hollywoodiens. Sans oublier Bridget Fonda, excellente en Sarah Mitchell, l’épouse de Hank. Il était temps qu’on voit enfin un bon film: pas spécialement revigorant, A Simple Plan, mais le cinéma est bien servi. Tout simplement. ÉLITE, EMPIRE/DUNES/SOFIL, ESPACE, St-ÉLIE Nazis, «made in USA» American History X, de Tony Kaye Le «X» n’est pas là pour la pornographie, mais pour la politique (sauf à parler de «pornographie politique»). À Venice, cité californienne, un groupe de skinheads exerce des ravages devenus routiniers: essentiellement une violence antinoire qui conduira Derek en prison (il a tué un Noir dans des conditions de sadisme terrifiantes). Rendu à la liberté, Derek retrouve son jeune frère Danny, apprenti nazi comme lui. Mais Derek a évolué, et il va ramener son cadet vers une conception de l’existence plus ouverte et tolérante. En un mot: plus normale. C’est vrai que le film de Tony Kaye (son premier long métrage) pratique un manichéisme sans nuances, mais il n’en présente pas moins un intérêt incontestable. Car il prend valeur de document «social» sur un phénomène bien réel (d’ailleurs pas seulement en Amérique). American History X diffère du film de Mark Pellington, Arlington Road, qui met en scène l’idéologie spécifique de terroristes préoccupés, moins de racisme que d’action contre le pouvoir central des États-Unis (voir notre dernière chronique). Tout le monde a souligné, à juste titre, la performance réalisée par Edward Norton dans le rôle de Derek. Très homogène dans son ensemble, l’interprétation soutient le film avec une efficacité appréciable, American History X montre – et démontre – que les sujets d’inquiétude ne manquent pas dans l’évolution actuelle de nos sociétés. À vrai dire, on le savait déjà. CONCORDE, FREEWAY, LES AMBASSADES, PLANÈTE/ABRAJ Nos professeurs sont des «Aliens» The Faculty, de Robert Rodriguez En 92, on s’était extasié parce que Roberto Rodriguez avait fabriqué avec une poignée de dollars un petit film d’action drôlement ficelé qui s’appelait El Mariachi. Lorsqu’il avait récidivé, en 95, avec Desperado, on avait commencé à déchanter. Aujourd’hui, avec cette Faculty complètement déjantée, on a compris: ledit Rodriguez a montré ses limites, il n’a plus rien à dire et il ne sait même pas comment s’y prendre pour (ne pas) le dire. Ce n’est plus un catalogue, c’est un fourre-tout. N’ayant même pas une amorce de scénario à sa disposition, Rodriguez a emprunté aux films d’horreur pour ados (Scream et la suite), aux Aliens, un brin à Jurassic Park, en se référant continuellement à Invasion of the Body Snatchers (versions Don Siegel, puis Kaufman). Il n’aurait pas dû! Le résultat est une succession de scènes sans queue ni tête, un film pas assez grotesque pour être parodique. Et, en plus, atrocement mal joué. Terrible. CONCORDE, PLANÈTE/ABRAJ/ZOUK Fête de famille One True Thing, de Carl Franklin One True Thing est l’histoire d’une famille réunie à nouveau sous un même toit dans des circonstances dramatiques : la maladie de la mère. Ces retrouvailles vont permettre à chacun de mieux connaître l’autre, surtout à la jeune fille, journaliste ambitieuse un tantinet embarrassée par sa mère, qui découvre la face cachée de ses parents. L’histoire, basée sur un roman du même nom de Anna Quindlen – elle-même journaliste à la base –, réussit à intéresser, vu que le spectateur ne peut que se sentir concerné, se reconnaître dans des situations qui ne sont étrangères à aucune famille. Carl Franklin a fait un film sur les gens et leurs problèmes de tous les jours, qui ne sont pas forcément dramatiques. Et puis ce sont les acteurs qui donnent leur souffle au film : Meryl Streep est formidable (c’est presque un pléonasme!). Elle, qui a toujours voulu incarner à l’écran une mère, réussit à la montrer à la fois attachante et embarrassante aux yeux de sa fille (une mère, quoi!) mais aussi à rentrer pleinement dans la peau d’un personnage, banal a priori mais qui se révèle assez complexe et surtout nécessaire à la cohésion de cette famille qui subit en quelque sorte un voyage initiatique tout le long de l’histoire! Il n’est pas étonnant qu’elle ait obtenu une nomination aux Oscars pour sa prestation. Il y a aussi William Hurt, si attachant en père de famille à la fois présent et égoïste, et puis Renee Zellweger (révélée dans Jerry Maguire, de Cameron Crowe), dans le rôle d’une fille qui regarde sa famille d’un œil critique mais n’arrive pas totalement à s’en détacher. One True Thing est un film émouvant, assez profond pour plaire et qui vaut la peine d’être vu malgré sa lenteur. CONCORDE, PLANÈTE/ABRAJ/KASLIK À vos marques... prêts ? Go, de Doug Liman À Los Angeles, la jeunesse dépravée se perd entre les «raves» nocturnes et leurs multiples dangers de drogue et les virées entre copains qui tournent au désastre. Ronna et Simon, deux adolescents qui gagnent leur vie comme caissiers, vont chacun, par pure bêtise, se mettre dans un pétrin qu’ils auraient facilement pu éviter s’ils avaient été prudents. Nous reprochons souvent aux films d’adolescents de ne pas suffisamment avoir de contenu ou de n’être qu’une succession de scènes de violence gratuites. Ce n’est pas le cas dans Go, un film intéressant qui tente de faire passer un message et d’alerter la jeunesse quant aux multiples dangers qui l’attendent – et cette «sonnette» devrait également alarmer les adolescents libanais. Le scénario, orienté autour de plusieurs points de vue et d’histoires qui se recoupent, réussit à accrocher parce que le spectateur est embarqué dans l’aventure, grâce au rythme rapide du film et à sa musique entraînante! Parmi les interprètes, une poignée de jeunes acteurs directement issus de la télévision : Jay Mohr, Katie Holmes et Scott Wolf offrent des prestations correctes. Il y a Sarah Polley qui se différencie ; cette actrice est bien connue des amateurs des films d’Atom Egoyan, vu qu’elle a figuré dans Exotica et The Sweet Hereafter, montrant qu’elle était bien capable de tenir des rôles difficiles. Sans être un chef-d’œuvre, Go vaut la peine d’être vu! ÉLITE, EMPIRE/ SODECO, ESPACE Qui sont les rois ? Suicide Kings, de Peter O’Fallon Dans le même esprit que Go, une bande de jeunes se retrouve dans un pétrin à cause de bêtises! Il s’agit là de fils de riches, pourris, gâtés, auxquels rien ne manque, sauf un supplément d’argent pour jouer aux cartes ou acheter de la drogue... Lorsque la sœur de l’un d’eux est kidnappée, ils ont l’idée (oh combien ingénieuse!) de prendre en otage un ex-chef de mafia qui pourrait les aider à la récupérer. Pour ne rien arranger, ils décident de lui couper le doigt en guise de menace! Mais, comme ils sont loin d’être des professionnels, leur prisonnier finit bien par contrôler la situation et réalise qu’il y a un traître dans le groupe. Sorti en 1997, le film aurait la particularité d’avoir anticipé la tendance aux films d’ados, mélangeant ce style à celui des comédies noires à la violence fluide du type «tarantinesque». Sauf que Suicide Kings est loin d’être aussi subtil qu’un film de Tarantino et est probablement meilleur qu’un simple film de jeunes. Et c’est pourquoi le spectateur n’arrive pas vraiment à accrocher, ne reconnaissant pas un style déterminé. C’est donc une comédie noire, pas si mal faite, mais un peu usante, vu qu’elle s’étire en longueur, s’éternise en dialogues (on a toujours l’impression de répéter les mêmes choses, quel que soit le film!) et ne va nulle part! Il reste que Christopher Walken est vraiment bon dans le rôle, perdu au milieu de jeunes acteurs prometteurs (comme Jay Mohr!), que le personnage caricatural de Denis Leary est prenant (nous apprécions toujours les prestations de cet acteur). Un film moyen – pas vraiment mauvais! EMPIRE/DUNES/ SODECO/ESPACE
Il semble bien que la traversée du désert soit sur le point de prendre fin (du moins pour ce qui est de nos salles de cinéma). Il en serait temps... Toujours est-il que la sortie simultanée de six nouveaux films, cette semaine, paraît comme un signal encourageant. Sortent donc, comme cela avait été prévu: «One True Thing» – «Suicide Kings» – «Go» – «A Simple Plan» –...