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Actualités - CHRONOLOGIE

L'embargo pétrolier , une aubaine pour les trafiquants

Les trafiquants roumains de carburant affluaient mercredi au poste-frontière des «Portes de Fer 1» sur le Danube, proche de la ville de Turnu Severin, où des centaines de voitures attendaient pour amener le précieux liquide en territoire yougoslave. Comme des fourmis, les habitants roumains de cette région frontalière touchée de plein fouet par la chômage font chaque jour plusieurs navettes jusqu’aux localités yougoslaves voisines où ils vendent leur carburant. Aux « Portes de Fer 1», où on emprunte le pont pour Kladovo en Yougoslavie, des centaines de voitures attendent. «Le ballet a commencé il y a six jours. Au début, les trafiquants n’étaient que quelques-uns mais depuis mardi ils sont beaucoup plus nombreux. Ils arrivent le matin à 7h30 locales (04h30 GMT) et ne cessent leur manège qu’à 17h30 locales, l’heure de fermeture du poste-frontière», a déclaré un responsable de la douane roumaine. Un trafiquant indique qu’il arrive à empocher jusqu’à 50 dollars par jour en vendant du diesel aux Yougoslaves trois fois son prix d’achat en Roumanie. «Cet embargo nous ravit d’autant plus que la région connaît un taux de chômage sans cesse croissant», affirme M. Florin Pascunealu, un chômeur de 34 ans. Déjà en 1992, lors de l’embargo décidé par l’Onu pendant la guerre de Bosnie, les résidents de cette zone frontalière se sont enrichis grâce au trafic de carburant. Les plus riches possédaient des embarcations rapides qui permettaient de livrer d’importantes quantités d’essence et de fuel aux Yougoslaves. Dans l’immédiat, les navettes sur le Danube n’ont pas repris car les trafiquants redoutent d’essuyer les tirs des garde-frontières yougoslaves. Les moins fortunés traversaient déjà en 1992 la frontière en voiture plusieurs fois par jour. Comme il était interdit par les autorités roumaines de transporter des jerrycans, les automobilistes trafiquaient leur réservoir et moyennant des pots-de-vin, les douaniers fermaient les yeux. Ce vieux stratagème est aujourd’hui réactivé. Les autorités roumaines déplorent officiellement l’absence d’un cadre juridique pour arrêter les trafiquants violant l’embargo. Le préfet du département de Mehedinti (sud-ouest), M. Viorel Palasca, a expliqué qu’il «n’y a pas pour le moment d’embargo pétrolier et par conséquent les autorités ne peuvent pas interdire le passage des petites voitures particulières pour se rendre en Yougoslavie». Selon le commandant Niculae Ionescu, chef de la brigade des frontières à Turnu Severin, ses hommes ne peuvent pas infliger d’amendes supérieures à 1,5 dollar par personne. De plus, ces amendes sont réduites de moitié si le trafiquant les paye immédiatement, a-t-il ajouté. Pour combattre la contrebande, une cellule de crise à laquelle participent notamment des dirigeants politiques, des cadres de la direction des finances, des brigadiers et des policiers, vient d’être constituée, ont expliqué les deux responsables. M. Andrei Plesu, ministre des Affaires étrangères, avait annoncé samedi que l’embargo pétrolier imposé par l’Otan contre la Yougoslavie serait appliqué par les autorités roumaines. Le président roumain Emil Constantinescu a de son côté demandé au ministère du Commerce et de l’Industrie une évaluation des pertes pour la Roumanie après la mise en place de l’embargo. Toutefois, lundi, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Razvan Ungureanu a précisé que l’embargo ne sera appliqué en Roumanie qu’après l’adoption par le gouvernement d’une décision dans ce sens.
Les trafiquants roumains de carburant affluaient mercredi au poste-frontière des «Portes de Fer 1» sur le Danube, proche de la ville de Turnu Severin, où des centaines de voitures attendaient pour amener le précieux liquide en territoire yougoslave. Comme des fourmis, les habitants roumains de cette région frontalière touchée de plein fouet par la chômage font chaque jour plusieurs...