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Actualités - CHRONOLOGIE

Les villageois réfugiés misent sur l'UCK , les intellectuels sur l'Otan

Les villageois kosovars réfugiés dans les camps ou les villages frontaliers en Macédoine rêvent de rejoindre les rangs de l’UCK (l’Armée de libération du Kosovo) pour libérer leur patrie, tandis que les intellectuels, plus réalistes, misent sur une intervention terrestre de l’Otan. Qu’elles soient criées par des enfants ou murmurées par les adultes, les trois lettres «UCK» sonnent partout comme un espoir de liberté prochaine. D’un camp à l’autre, les hommes en âge de porter un fusil répondent invariablement : «Nous sommes tous de l’UCK, nous voulons libérer notre patrie». Certains assurent avoir «reçu l’ordre de se tenir prêts». Même discours dans un village frontalier de la Yougoslavie, où un groupe de jeunes affirme attendre que «l’on vienne les chercher». «Des camps, des villages ou des villes chaque jour il en part rejoindre l’Armée de libération du Kosovo», affirme un membre de l’UCK réfugié, qui comme beaucoup attend lui-même de placer sa famille en lieu sûr avant d’aller se battre. Un bataillon de l’UCK, suivi par la télévision franco-allemande Arte, a récemment indiqué qu’au moins une vingtaine de nouvelles recrues arrivaient quotidiennement dans les villages tenus par leurs hommes sur la zone frontalière entre la Macédoine et la Yougoslavie. Ils seraient 30 à 40 selon une autre source, proche de l’UCK. Mais si la présence de combattants de l’UCK en Macédoine est reconnue, elle reste semble-t-il symbolique et sans base arrière. «En Macédoine, tout le monde connaît les connexions pour rejoindre l’UCK. Mais les candidats se rendent plutôt en Albanie pour y suivre un stage d’entraînement d’une ou deux semaines avant de rentrer au Kosovo», affirme cette source. L’UCK «est clairement dans les camps, mais en terme militaire il y en a peu. Ils n’ont pas une grande activité en Macédoine», assure pour sa part Ljubomir Frchkovski, ex-ministre macédonien de l’Intérieur et des Affaires étrangères. Chez les intellectuels, qui ont trouvé refuge en ville à Skopje ou à Tetovo (ouest), l’élan pour l’UCK est beaucoup plus modéré. La plupart estiment en effet que l’UCK n’est pas assez organisée, n’a pas assez d’armes, n’est pas assez forte pour se battre contre les Serbes et que seule une intervention terrestre de l’Otan pourra libérer le Kosovo. «Les combattants de l’UCK sont des desperados. Aujourd’hui, le terme “Armée de libération du Kosovo” est très prétentieux car il est tout à fait clair qu’ils ne sont pas capables de défendre le Kosovo», estime Migjen Kelmendi, journaliste à Pristina TV, relevant que souvent ses combattants n’ont jamais tenu de pistolet. «Mais c’est une question d’honneur. Dans cette action, l’Otan ne doit pas être seule à intervenir, les Kosovars doivent participer au retour de la paix dans leur pays», explique M. Kelmendi. Ne pas rejoindre l’UCK ne signifie pas pour autant abandonner la lutte pour la libération de leur pays, affirme l’intelligentsia de Pristina. «On s’est tous posé la question de rejoindre ou non l’UCK. Nous en sommes arrivés à la même conclusion : ce ne sont pas ses combattants qui risquent de libérer le Kosovo. Alors à quoi bon? Mais si quelqu’un vient chez moi et me dit : “On a besoin de toi”, je viendrai», raconte un jeune homme de l’élite de Pristina. «Chacun a sa propre façon de se battre. Nous ne sommes pas tous des combattants. L’un va prendre un fusil, mais un autre servira de relais, participera financièrement ou apportera un soutien logistique», poursuit-il. Avant tout les écrivains, journalistes, artistes espèrent augmenter la pression sur les pays de l’Alliance atlantique pour les convaincre d’envoyer des troupes au Kosovo. Ils viennent de lancer un appel en ce sens aux intellectuels occidentaux. C’est aussi le but clairement déclaré du populaire journal kosovar Koha Ditore, reparu lundi en Macédoine après plus d’un mois d’interruption. «C’est une façon d’aider à libérer le Kosovo», explique son rédacteur en chef Baton Haxhiu. «Mais s’il n’y a pas de troupes de l’Otan d’ici deux mois, nous arrêterons le projet et j’irai me battre moi-même».
Les villageois kosovars réfugiés dans les camps ou les villages frontaliers en Macédoine rêvent de rejoindre les rangs de l’UCK (l’Armée de libération du Kosovo) pour libérer leur patrie, tandis que les intellectuels, plus réalistes, misent sur une intervention terrestre de l’Otan. Qu’elles soient criées par des enfants ou murmurées par les adultes, les trois lettres «UCK»...