Actualités - CHRONOLOGIE
Vuk Draskovic , un homme aux évolutions spectaculaires
le 28 avril 1999 à 00h00
Le vice-Premier ministre yougoslave Vuk Draskovic, 52 ans, qui depuis 48 heures s’affiche par des commentaires critiques au sein du gouvernement yougoslave, a été longtemps un opposant irréductible au président Slobodan Milosevic, avant d’entrer au gouvernement au début de l’année. Chef du Mouvement serbe du renouveau (SPO, droite nationaliste), il a demandé dimanche au président Milosevic de coopérer avec la communauté internationale pour faire cesser les bombardements sur la Yougoslavie. Lundi, il précise avoir exprimé la position de M. Milosevic. Mardi enfin, il s’est dit prêt à mener des manifestations d’opposition s’il s’avérait que le président yougoslave entérinait l’intervention de l’armée yougoslave contre la télévision privée Studio-B contrôlée par le SPO. Depuis quinze jours, M. Draskovic multiplie les interventions mesurées, lançant le 13 avril que «l’heure est au compromis», puis appelant la population à ne pas s’en prendre aux étrangers. Une semaine plus tard, il est le premier homme politique serbe à souligner la nécessité d’enquêter à la fin de la guerre sur d’éventuels crimes commis au Kosovo, accusant aussi la télévision officielle serbe RTS de «cacher la vérité» sur les bombardements de l’Otan. Ancienne figure de proue de l’opposition, excellent orateur et personnage charismatique pour ses partisans, l’écrivain Vuk Draskovic, toujours prompt à s’enflammer, a été successivement communiste, ultranationaliste fervent, puis pacifiste. Originaire d’Herzégovine (sud-est de la Bosnie-Herzégovine), ancien membre des Jeunesses communistes, il entre en politique par le biais de la littérature, et se fait connaître en 1982, deux ans après la mort de Tito, en publiant Le Couteau, un récit romancé des malheurs des Serbes. Il se veut alors «l’écrivain du génocide» commis contre les Serbes pendant la Seconde Guerre mondiale, et enflamme les foules par des discours romantiques. Candidat à l’élection présidentielle de 1990, il est battu par Slobodan Milosevic et se mue en opposant irréductible. En quelques mois, son discours ultranationaliste se transforme en déclarations pacifistes. La destruction de la ville de Vukovar en Croatie par l’armée yougoslave à l’automne 1991, les désertions massives de jeunes mobilisés de force, provoquent un choc chez l’écrivain, qui constate que «cette guerre a sali le peuple serbe». Il condamne le siège de Sarajevo, anime pendant plusieurs mois de gigantesques manifestations contre Slobodan Milosevic dont il réclame le départ, et tente en vain de s’imposer comme chef de file de l’opposition. En 1993, il est arrêté avec sa femme Danica, après une manifestation qui a tourné à l’émeute et fait un mort. Le couple est gracié après un mois de détention et une grève de la faim, à la suite de nombreuses pressions internationales, notamment celle de Danièle Mitterrand. Attaché aux accords de paix de Dayton (1995), Vuk Draskovic soigne son image de Serbe orthodoxe, anticommuniste et royaliste. En 1996, il mène avec l’opposant Zoran Djindjic une coalition démocratique qui volera en éclats quelques mois plus tard. Vuk Draskovic qui, après avoir longtemps cultivé une image d’intellectuel «marginal», arborant barbe épaisse et longue chevelure, finit par adopter un «look plus classique», et affiche alors son ambition : il décide de faire cavalier seul lors de la présidentielle de 1997 en Serbie. Il présente son engagement politique comme «un sacrifice» au service de la Serbie, et fait diffuser un film le présentant comme un homme politique clairvoyant qui, après avoir «prévu» la guerre dans l’ex-Yougoslavie, prédit le «chaos» en Serbie si un autre que lui est élu.
Le vice-Premier ministre yougoslave Vuk Draskovic, 52 ans, qui depuis 48 heures s’affiche par des commentaires critiques au sein du gouvernement yougoslave, a été longtemps un opposant irréductible au président Slobodan Milosevic, avant d’entrer au gouvernement au début de l’année. Chef du Mouvement serbe du renouveau (SPO, droite nationaliste), il a demandé dimanche au président...
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