Actualités - CHRONOLOGIE
La guerre commence à coûter cher aux Occidentaux
le 22 avril 1999 à 00h00
La guerre au Kosovo commence à coûter cher aux économies occidentales, et même si les gouvernements se veulent rassurants, quelques voix s’élèvent pour s’inquiéter de son possible impact sur la croissance. Aux États-Unis, le président Bill Clinton s’apprête à demander au Congrès un fonds d’urgence de six milliards de dollars, et selon les services budgétaires du Congrès, le coût de l’engagement américain a atteint en un mois quelque 600 millions de dollars. Il pourrait passer à 1,3 milliard de dollars mensuels si des troupes devaient être déployées au sol. En France, le ministère de la Défense a chiffré le surcoût de la guerre entre 38 et 45 millions d’euros par mois tandis qu’aux Pays-Bas, le Conseil des ministres a provisionné 45,4 millions d’euros supplémentaires dans le budget 1999. En Norvège, le gouvernement s’apprête à demander au Parlement une rallonge budgétaire, moins chanceux que Londres, qui peut compter sur 3,7 milliards d’euros de réserve. Il est «trop tôt» pour faire des projections économiques, assurait samedi le commissaire européen chargé des affaires monétaires, Yves-Thibault de Silguy, à Dresde, où étaient réunis les ministres des Finances de l’UE. Son avis était partagé par Dominique Strauss-Kahn, le ministre français. En revanche, son collègue allemand Hans Eichel estimait que le conflit et la stabilisation dans les Balkans après la fin des opérations militaires pèseraient «dans une grande mesure» sur les budgets européens. La Grèce et l’Italie, notamment, s’inquiètent des répercussions sur le tourisme. À Rome, malgré les démentis du gouvernement, la Confcommercio a estimé qu’un correctif budgétaire d’environ 6,2 milliards d’euros serait nécessaire, dont la moitié en raison de la guerre. Selon cette organisation patronale, le chiffre d’affaires du secteur touristique risque d’être amputé de 2 à 2,5 milliards d’euros et l’État sera contraint de créer un impôt spécial. Mardi, le gouverneur de la banque d’Italie, Antonio Fazio, estimait lui aussi que la crise au Kosovo pèserait sur la croissance. À Londres lundi, lors de la réunion annuelle de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, le ministre espagnol de l’Économie, Rodrigo Rato, a prévenu qu’il fallait «nous préparer tous pour affronter les conséquences sociales et économiques» du conflit. Indirectement, notait lundi le président de la Banque centrale européenne Wim Duisenberg, «les incertitudes liées à la crise au Kosovo» ont poussé l’euro à la baisse face au dollar. Si est adoptée l’idée française d’un moratoire de deux ans à la Macédoine et l’Albanie sur le remboursement de la dette, le coût total serait de quelque 150 millions d’euros pour les pays créanciers, selon Paris. Pour autant, de Lisbonne à Varsovie, la quasi-totalité des capitales assure que les coûts engagés ne menacent pas pour l’instant l’équilibre de leur budget. Les choses pourraient changer en cas de guerre au sol nécessitant une intervention massive et durable de l’Otan qui risquerait de réduire la croissance de la zone euro de 0,2 % cette année et de 0,6 % l’an prochain, mettait en garde l’économiste de la banque Morgan Stanley, Eric Chaney. Holger Schmieding, économiste à la banque d’affaires américaine Merrill Lynch, chiffre à 200 millions de dollars (188 millions d’euros) le coût quotidien de la guerre. Même «dans le cas le plus extrême», comme l’établissement d’un protectorat au Kosovo par l’Otan, le coût annuel «serait de seulement 0,4% du PIB de l’Otan», sans doute moins dans la pratique, selon l’économiste qui conclut qu’il n’y aura «pas d’impact majeur sur les économies, déficits budgétaires et marchés financiers». Le «véritable risque», dit-il, serait une dégradation de la confiance des consommateurs européens, inquiets de la durée du conflit, de la réaction de la Russie et éventuellement de pertes occidentales au sol.
La guerre au Kosovo commence à coûter cher aux économies occidentales, et même si les gouvernements se veulent rassurants, quelques voix s’élèvent pour s’inquiéter de son possible impact sur la croissance. Aux États-Unis, le président Bill Clinton s’apprête à demander au Congrès un fonds d’urgence de six milliards de dollars, et selon les services budgétaires du Congrès, le...
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