Actualités - CHRONOLOGIE
Un fort sentiment anti-Otan se développe en Macédoine
le 20 avril 1999 à 00h00
Le gouvernement macédonien considère l’Otan comme un garant de sa sécurité, mais n’a pas en cela le soutien de toute sa population, dont une partie désapprouve les attaques contre la Yougoslavie et la présence des troupes de l’Alliance en Macédoine. «Notre gouvernement a perdu de nombreux électeurs à cause de son soutien à l’Otan», affirme Toni, habitué des manifestations anti-Otan à Skopje. Le gouvernement macédonien a autorisé en octobre dernier l’Otan à déployer sur son territoire des troupes destinées à constituer une «force d’extraction» des 1 400 vérificateurs de l’OSCE au Kosovo. Le sentiment général dans la population est que le conflit du Kosovo pourrait facilement déborder en Macédoine si le pays était utilisé pour l’invasion du Kosovo par une force terrestre. L’armée macédonienne ne compte que 10 000 soldats légèrement armés, et 150 chars récemment offerts par la Bulgarie. «La présence de l’Otan est bonne pour la stabilité du pays», estime pour sa part Ismet Ramadani, porte-parole du Parti albanais de la prospérité démocratique, qui détient 11 des 120 sièges au Parlement. Le président Kiro Gligorv a accusé Belgrade de déstabiliser la Macédoine en lui envoyant des dizaines de milliers de réfugiés du Kosovo. Il est généralement admis que l’afflux de réfugiés chassés du Kosovo pourrait mettre en péril le fragile équilibre ethnique de la Macédoine, où les Albanais, selon des chiffres officieux, représentent 30 % des 2,2 millions d’habitants. Il y avait quelque 130 000 réfugiés albanais du Kosovo en Macédoine, contre 16 000 avant le début des attaques de l’Otan en Yougoslavie le 24 mars. «Nous n’aurions pas autant de réfugiés si l’Otan n’avais pas lancé ses attaques aériennes contre la Yougoslavie», souligne Danica Mitic, 30 ans, de Skopje. Il y a actuellement 12 400 soldats de l’Otan en Macédoine, prêts à se déployer au Kosovo si un accord de paix est signé. 1 800 soldats supplémentaires y sont attendus dans les prochaines semaines. «Ils ne vont pas apporter la paix dans le pays», estime Menka Djordjevska, 52 ans. L’hostilité à l’égard de l’Otan a augmenté parmi les Macédoniens proserbes depuis les bombardements en Yougoslavie. Le 25 mars, plusieurs milliers de personnes ont participé à des manifestations violentes, tentant de brûler le drapeau de l’ambassade des États-Unis à Skopje. Depuis, la portion de la rue principale de Skopje où est située l’ambassade américaine est fermée à la circulation. Le lieutenant-colonel Charles de Kersabiec, porte-parole du contingent français basé à Kumanovo, a confié qu’après avoir été la cible de jets de pierres depuis le 24 mars, ses hommes évitent de traverser les villages habités par des Serbes de Macédoine. «Nous ne voulons provoquer personne, nous comprenons ce qu’ils ressentent», a ajouté l’officier français. La Macédoine est la seule des quatre anciennes républiques yougoslaves à avoir obtenu l’indépendance sans combats. Nombre de Macédoniens ont de la famille en Yougoslavie. De plus, l’économie du pays est tournée vers la Yougoslavie, avec laquelle les échanges représentent 70 % du commerce extérieur macédonien.
Le gouvernement macédonien considère l’Otan comme un garant de sa sécurité, mais n’a pas en cela le soutien de toute sa population, dont une partie désapprouve les attaques contre la Yougoslavie et la présence des troupes de l’Alliance en Macédoine. «Notre gouvernement a perdu de nombreux électeurs à cause de son soutien à l’Otan», affirme Toni, habitué des manifestations...
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