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Actualités - REPORTAGES

Aventure - Tour du monde à cheval Le témoignage de paix de Frank Egraz

Dans la vie, chacun témoigne à sa façon. Certains manifestent et s’insurgent. D’autres écrivent, chantent ou prient. Frank Egraz a choisi pour sa part de faire le tour du monde à cheval pour rencontrer ses semblables dans un esprit de paix. À l’en croire, c’est la politique et le pouvoir qui bouleversent le monde. Aujourd’hui, il est au Liban. Bronzé, calme, Bcbg, sans âge, Frank Egraz se raconte volontiers. Charpentier, puis grutier, il a décidé un jour de tout quitter pour faire le tour du monde à cheval. Parti de Priay, dans l’Ain, le cavalier solitaire a déjà effectué un premier grand voyage Mongolie- Paris qui s’est terminé en avril 1998. Cela lui a permis de traverser toute la CEI (ex-Urss), le nord de la Chine, l’Europe. Mais son amie, irritée par sa longue absence, l’a quitté. «Depuis, dit-il en souriant, je suis à la recherche de mon amour perdu»… Un an pour ce long voyage où il a «rencontré des gens simples comme des édiles qui m’ont accueilli chez eux et m’ont aidé tout au long de mon expédition». Egraz, qui a pris goût à l’aventure, repart pour «un voyage avant l’an 2000» avec le soutien des gens de son village qui lui offrent le billet Paris-Damas. Là, il achète un cheval et reprend la route, fait le tour de la Syrie, traverse Damas, Homs, Hama, Tadmor, Deir Ezzor avant que sa monture ne meure, écrasée par un camion, une nuit à Alep... Un mécène de l’ancienne aristocratie alépine lui en offre un autre. Étape libanaise Il cavale de nouveau, dort chez l’habitant ou sous la tente chez les bédouins, subvient aux besoins de l’animal grâce au soutien des gens qu’il rencontre sur son passage. «Faire la route à cheval est une expédition intéressante à plus d’un titre. Ce n’est pas une moto que l’on gare et que l’on ignore. Un cheval a besoin d’être nourri, toiletté, bichonné même. Il devient un vrai compagnon. Et puis lorsque les gens m’aident, pour lui justement, il se crée un contact différent, plus chaleureux. C’est tout un mode de vie». Puis, Frank Egraz se dirige vers le Liban. Première étape, le Kaa où il rencontre des enfants de l’école du village auxquels il raconte ses périples. D’ailleurs, partout où il passe, il donne des conférences, rencontre des jeunes et des moins jeunes, pour transmettre sa motivation et son message de paix. Ensuite Erzal, Ras Hada, Baalbeck, Taanayel, Joub Jannine, Machghara, Kefraya, il fait le tour du Karaoun avant de grimper vers Maasser, redescendre vers Joun, Sarba, Nabatieh et Arnoun où, par hasard, il arrive le jour de la fameuse manifestation des étudiants, le 26 février. Il est reçu par le caïmacam de Nabatieh. N’a-t- il pas peur de traverser une région dangereuse, surtout en ces temps de grande tension ? «Mais vivre est déjà dangereux en soi», répond-il spontanément. « J’ai voulu témoigner ma sympathie pour le Liban». Après, c’était Rmaylé, Ainbal, un arrêt à Kabrechmoun avant de mettre le cap sur Beyrouth. Là, il y était déjà venu il y a cinq ans. C’est à l’hippodrome qu’il «gare» actuellement son cheval, à l’invitation de l’écurie De Freije. Prochaine étape, si les problèmes d’intendance sont résolus, le Nord du pays : Tripoli, Kobayat. Solidarité En attendant, il vit toujours d’aides. Une société de téléphones portables lui a prêté une ligne téléphonique et un appareil, évidemment. Une banque de la place et des particuliers un peu d’argent. Son séjour au Nord durera 25 jours. «Je veille à ne pas forcer l’allure du cheval en ne faisant jamais plus de 30 km par jour». Ses impressions ? «Je suis en bonne santé, j’ai rencontré des gens sympathiques et solidaires tout au long de mes voyages . Ils m’ont aidé à aller de l’avant. Je voudrais surtout témoigner qu’il s’agit d’abord d’hommes, de femmes, d’enfants qui ont des sentiments universels, que les peuples veulent vivre en paix, avoir une famille, être heureux. C’est le pouvoir et la politique qui bouleversent toutes les valeurs. Je voudrais profiter pour remercier les Libanais pour leur accueil chaleureux et leur assistance». Ce cavalier émérite déplore seulement de ne pas avoir appris quelques mots d’arabe lors de cette traversée de Syrie et du Liban. «Je parle russe déjà parce que j’ai dû me débrouiller pendant une année entière lors de mon premier voyage. Ici, les gens parlent pour la plupart français ou anglais et je n’ai pas l’occasion de faire un effort pour me faire comprendre en arabe». Pour apprendre le russe, il parlait à voix haute, la main devant la bouche. Cela créait un écho, enregistré par l’oreille. «C’ est, dit-il, une bonne méthode pour mémoriser, apprise à l’école quand j’étais jeune». Après le Liban, Frank Egraz envisage de se rendre à Chypre, louer un cheval, faire le tour de l’île, puis en Grèce pour rejoindre la France à cheval. Le cavalier solitaire rédige un journal quotidien, pour un projet de livre. L’histoire de ses voyages, de ses rencontres, de ses découvertes et de son témoignage de paix.
Dans la vie, chacun témoigne à sa façon. Certains manifestent et s’insurgent. D’autres écrivent, chantent ou prient. Frank Egraz a choisi pour sa part de faire le tour du monde à cheval pour rencontrer ses semblables dans un esprit de paix. À l’en croire, c’est la politique et le pouvoir qui bouleversent le monde. Aujourd’hui, il est au Liban. Bronzé, calme, Bcbg, sans âge,...