Actualités - CHRONOLOGIE
Ouverture demain d'un procès à haut risque pour le maire de Téhéran
le 06 juin 1998 à 00h00
Le procès pour corruption du maire réformateur de Téhéran Gholamhossein Karbastchi s’ouvrira demain avec en toile de fond le risque de rallumer la guerre entre factions au moment où le régime cherche au contraire à afficher son unité. Le maire de la capitale, l’un des partisans les plus en vue du président Mohammad Khatami, est considéré comme un homme à abattre par les conservateurs qui dominent la justice et restent majoritaires dans le clergé et de nombreuses institutions. Ce procès public, où la presse est conviée, contre un des personnages les plus influents d’Iran, est sans équivalent dans les annales du régime islamique pourtant riches en purges et en condamnations politiques de toutes sortes. Aucune indication n’était disponible vendredi sur la durée du procès, mais selon des sources proches de la mairie, il pourrait être long, plusieurs autres personnes étant également inculpées. Ce procès s’ouvre également dans une période où le régime cherche avant tout à affirmer son unité après les attentats à la bombe revendiqués par les Moujahidine du Peuple, principal mouvement de l’opposition armée, qui ont touché en début de semaine des bâtiments publics de Téhéran. Le chef du pouvoir judiciaire, l’ayatollah Mohammad Yazdi, a affirmé vendredi qu’il n’y avait «aucune dissension au sein du régime sur les valeurs et les problèmes de fond». «Lors de nos rencontres mensuelles, les dirigeants se parlent en toute amitié et se mettent d’accord sans difficulté», a-t-il ajouté lors d’une prière commémorant le 9e anniversaire de la mort de l’imam Khomeiny. La mise en détention de M. Karbastchi du 4 au 15 avril dernier avait déclenché la plus violente crise politique au sein du régime depuis l’élection en mai 1997 du président Khatami. Khatami visé M. Karbastchi avait été remis en liberté sur ordre du Guide de la République et numéro un du régime, l’ayatollah Ali Khamenei, après une demande du président Khatami et contre l’avis de la justice qui réclamait sa détention jusqu’au procès. Le maire avait bénéficié d’une mobilisation exceptionnelle de l’aile réformatrice du régime, en particulier du ministre de l’Intérieur Abdollah Nouri qui n’avait hésité à organiser des meetings et des expositions pro-Karbastchi dans son ministère. Des manifestations de soutien au maire avaient également eu lieu à l’université de Téhéran, donnant lieu à des heurts avec des militants fondamentalistes et faisant redouter des troubles de rue. Après près de deux mois de répit au cours desquels M. Karbastchi a repris discrètement ses activités, la tenue du procès confirme que la justice iranienne reste déterminée à poursuivre son action. Le maire de la capitale iranienne est inculpé dans une vaste opération anticorruption qui a déjà touché nombreux de ses plus proches collaborateurs au cours des derniers mois. Il lui est plus particulièrement reproché d’avoir détourné des fonds publics à des fins politiques lors des élections législatives de 1996 et présidentielles de 1997. La justice entend également mettre dans l’embarras le président Khatami, qui a fait du retour à l’Etat de droit l’un de ses slogans favoris, en se plaçant, elle aussi, sur le terrain du droit et de la lutte contre les malversations financières. M. Karbastchi, 44 ans, a été nommé il y a dix ans par le gouvernement à la tête de cette mégalopole téhéranaise, qui compte près de 10 millions d’habitants. Ce technocrate proche de l’ancien président Rafsandjani s’est distingué par une politique dynamique de grands travaux et d’aménagement urbain qui ont considérablement modifié et amélioré le visage de la ville mais aussi prêté le flanc à des accusations de corruption. (AFP)
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