Actualités - CHRONOLOGIE
Réforme en profondeur des S.R. sud-africains
le 11 avril 1998 à 00h00
Le ministère sud-africain de la Défense a annoncé avoir chargé une commission d’experts de préparer une réforme en profondeur des services secrets militaires, accusés de ne pas remplir leur mission en toute loyauté. Cette annonce intervient trois jours après la démission du chef des forces armées, le général Georg Meiring, qui a demandé à partir en retraite anticipée après une affaire de faux rapport émis par le contre-espionnage militaire (MI). Le vice-ministre de la Défense, Ronnie Kasrils, a démenti que le processus soit directement lié à ce scandale tout en expliquant que l’affaire était un «exemple» des graves dysfonctionnements actuels. La réforme annoncée «fait partie du long processus de transformation de toutes les forces armées» héritées de l’apartheid et qui, «malgré des hoquets, est en bonne voie», a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse à Prétoria. Avec le vice-ministre de l’Intelligence, Joe Nhlanlha, M. Kasrils a ensuite vigoureusement dénoncé les déficiences des services secrets de l’armée, leur opacité et leur résistance aux changements apportés par la victoire du Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela aux élections de 1994. «Nous avons besoin d’un contre-espionnage professionnel (…) capable de nous dire ce qui se passe dans le pays», a-t-il déclaré en forme d’aveu d’impuissance. «Nous voulons une Intelligence qui rende des comptes», a renchéri M. Nhlanlha. «Parfois, il nous faut mener une enquête très poussée simplement pour vérifier qu’une personne appartient à nos services, a-t-il expliqué. Quand nous demandons une identification, nous voudrions une réponse honnête». Plus généralement, M. Nhlanlha a expliqué que le nouveau pouvoir n’était pas encore parvenu à démanteler la machinerie secrète héritée de l’apartheid. «Nous devons identifier les structures secrètes en tout genre, y compris celles qui ont été privatisées (…), pour ne pas voir des événements se produire sans que nous ne soyons au courant», a-t-il ajouté. Ainsi, l’ex-Bureau de coopération civile (CCB), branche militaire souterraine chargée de missions inavouables — dont des assassinats de militants anti-apartheid —, opérait souvent via des sociétés écrans dont certaines n’ont toujours pas été identifiées. «Troisième force» Plus grave, le ministère de la Défense affirme que ses services secrets seraient toujours sous l’emprise d’une «troisième force» héritée de l’apartheid. «Il est clair que les tripatouillages, les gangs de la désinformation que nous connaissons bien en raison du passé, sont toujours bien vivants», a estimé M. Kasrils. «Il y a des éléments déstabilisateurs dans le pays, nous en avons eu la preuve ces dernières semaines», a-t-il ajouté. Une commission judiciaire d’enquête a démontré la semaine dernière qu’un rapport mensonger et non vérifié avait été transmis de façon erroné à la présidence sud-africaine. Ce rapport, dont Meiring était en dernier ressort responsable, dénonçait l’existence d’un complot d’extrême-gauche en accusant plusieurs personnalités, dont plusieurs généraux noirs. Selon le gouvernement, l’affaire relèverait d’une campagne de désinformation menée par des éléments conservateurs de l’armée. «Les autres pays ont des éléments terroristes mais ils ont des forces de sécurité loyales, stables et professionnelles (…). Je suis sûr qu’un jour nos forces seront loyales, et non pas à l’ANC mais à l’Etat», a déclaré M. Kasrils. La mission de la commission d’experts sera très précisément «de former un service secret militaire professionnel» pour l’armée de terre, l’armée de l’air ou la marine. Ses huit membres — dont des civils — doivent agir «avec grande urgence» et remettre leurs recommandations d’ici trois à six mois. D’ici là, l’actuel chef des renseignements militaires, le général Dirk Verbeek, officier issu des rangs de l’armée régulière, partira en retraite anticipée et sera remplacé par le général Moreti Motau, vétéran de la lutte armée de l’ANC. (AFP)
Le ministère sud-africain de la Défense a annoncé avoir chargé une commission d’experts de préparer une réforme en profondeur des services secrets militaires, accusés de ne pas remplir leur mission en toute loyauté. Cette annonce intervient trois jours après la démission du chef des forces armées, le général Georg Meiring, qui a demandé à partir en retraite anticipée après une...
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