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Actualités - CHRONOLOGIE

Les japonais désintoxiqués de la drogue du travail

En dépit de la crise économique qui suscite des interrogations sur l’avenir, les Japonais souhaitent travailler moins et avoir plus de loisirs, une tendance qui va selon toute vraisemblance continuer dans les années à venir, soulignent les experts. «Les mentalités changent profondément dans ce pays. La loyauté envers son entreprise, le système de l’emploi à vie, le sacrifice pour l’entreprise: tout cela n’est plus l’objectif de beaucoup de Japonais», explique M. Kazutaka Kogi, directeur de l’Institut sur les sciences du travail, un organisme privé. «Les changements sont lents mais constants. Les Japonais ne sont plus des drogués du travail comme par le passé. Ils pensent davantage à leur vie privée, à leur famille, à leurs loisirs», ajoute M. Kazutaka. Bien qu’elle soit encore élevée comparée aux moyennes dans certains pays industrialisés, la durée du travail ne cesse de baisser au Japon depuis une dizaine d’années. Elle est même déjà inférieure à celle des Etats-Unis et peut-être de quelques pays européens. En 1997, les Japonais ont travaillé 1.900 heures, heures supplémentaires inclues. Le chiffre est de 1.919 heures en 1996, à comparer à environ 1.600 heures en France, 1.929 heures en Grande-Bretagne et 1.986 heures aux Etats-Unis, selon le ministère du Travail nippon. La durée du travail dans l’archipel était de plus de 2.300 heures au début des années soixante. Le gouvernement japonais a adopté en avril 1997 un nouveau système instituant la semaine de 40 heures qui oblige les employeurs à payer des heures supplémentaires si ce chiffre est dépassé. Ce système accélère naturellement la réduction des heures travaillées. L’objectif du gouvernement adopté en 1992 est de parvenir à moins de 1.800 heures travaillées par an. En outre, certains grandes entreprises insistent depuis quelques années auprès de leurs employés pour qu’ils prennent l’intégralité de leurs congés payés. Temps libre D’ordinaire, les entreprises accordent une vingtaine de jours de congé annuel à leurs employés mais la moyenne des vacances effectivements prises tourne autour de dix à douze jours, auxquels il faut ajouter quatorze jours fériés. Les pressions sociales, la peur de donner le mauvais exemple dissuadent encore de nombreux Japonais de prendre de longues vacances. Mais lorsqu’on demande aux Japonais ce qui compte le plus pour eux entre le travail et le temps libre, 52,5% placent les deux à égalité ou donnent leur préférence au temps libre, selon une étude publiée dans le livre blanc 1998 de l’Institut japonais pour le développement des loisirs. La proportion est encourageante. A titre de comparaison, elle est de 64,6% aux Etats-Unis, 71,8% en Allemagne, souligne ce rapport. En Chine, c’est le phénomène inverse qui prévaut, 67,5% y donnant la préférence au travail. «Les gens (au Japon) semblent plus motivés pour profiter de leur temps libre afin de trouver un repos pour l’esprit et se libérer des contraintes de la vie quotidienne», souligne cette étude. La crise économique qui frappe le Japon et les inquiétudes pour l’avenir ralentissent ces mutations dans les comportements sociaux, certains préférant travailler pour préparer un avenir incertain. Mais la tendance de fond demeure, estime M. Kogi. «Chez les jeunes générations, les évolutions continuent, crise ou pas crise. Les jeunes n’aiment pas être considérés comme des drogués du travail. Pour eux, l’important est leur vie privée. Ils sont plus individualistes que leurs aînés
En dépit de la crise économique qui suscite des interrogations sur l’avenir, les Japonais souhaitent travailler moins et avoir plus de loisirs, une tendance qui va selon toute vraisemblance continuer dans les années à venir, soulignent les experts. «Les mentalités changent profondément dans ce pays. La loyauté envers son entreprise, le système de l’emploi à vie, le sacrifice pour...