Actualités - CHRONOLOGIE
Les dissidents espèrent que Clinton ouvrira les portes des prisons
le 28 avril 1998 à 00h00
La libération il y a deux semaines de Wang Dan, le héros de Tiananmen, a redonné espoir aux familles des dissidents chinois détenus, qui comptent sur de nouveaux miracles d’ici l’arrivée fin juin en Chine du président Bill Clinton. Mais la plupart pensent qu’il sera difficile d’attirer l’attention de l’opinion internationale sur des détenus politiques beaucoup moins célèbres que Wei Jingsheng et Wang Dan, les deux figures historiques du mouvement dissident exilées aux Etats-Unis. «Tout dépend maintenant du président Clinton», a résumé Chu Hailan, la femme de Liu Nianchun, condamné à 3 ans de camp pour avoir réclamé la liberté syndicale. Selon certaines sources, Liu, 48 ans, pourrait être le prochain dissident à bénéficier d’une grâce. «J’ai déjà demandé une grâce médicale, car mon mari souffre d’une tumeur aux intestins, d’ulcères et de troubles de digestion», a déclaré Mme Chu. «Il devrait être libéré en mai 1999 et j’espère qu’il pourra au moins être soigné correctement», a-t-elle ajouté. Selon elle, Liu n’est pas prêt à quitter la Chine en échange d’une libération anticipée. «Mais si le gouvernement veut qu’il s’exile, il n’aura pas d’autre choix», a-t-elle estimé. Wei Jingsheng et Wang Dan avaient eux aussi toujours clamé leur refus de partir à l’étranger, mais ont finalement cédé aux pressions des autorités. La sœur du dissident Chen Longde, autre «graciable», ne se fait pas beaucoup d’illusion sur le fonctionnement de la justice chinoise. «J’ai demandé une grâce médicale, mais cela ne sert à rien, car mon frère n’est pas aussi connu que Wang Dan», a déclaré Chen Xiaoying, depuis Hangzhou (est). Camp de rééducation Chen Longde, triporteur de 40 ans, a été condamné à 3 ans de camp de rééducation pour avoir réclamé la libération des prisonniers d’opinion. Persécuté par un gardien, il s’est jeté du deuxième étage pour échapper à ses sévices et s’est fracturé une jambe. «Il n’arrive toujours pas à marcher et il souffre en plus de trachéite», a dit Mme Chen. Le dissident devrait être libéré en juin 1999 et sa sœur pense qu’il serait prêt à s’exiler. «Il n’a plus rien en Chine, pas de travail, pas d’argent. A quoi bon rester ici?», a-t-elle ajouté. «Clinton représente notre dernier espoir». Le troisième détenu qui pourrait bénéficier d’une libération anticipée est un critique littéraire de 42 ans, Liu Xiaobo, condamné en octobre 1996 à 3 ans de camp pour avoir réclamé l’ouverture d’un dialogue politique avec le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains. «Nous n’avons pas demandé sa grâce médicale, car il n’est pas en mauvaise santé, mais simplement sa libération et j’espère que le président Clinton pourra nous aider», a indiqué sa femme, Liu Xia. Deux autres prisonniers politiques, malades et condamnés à de lourdes peines pour «divulgation de secrets d’Etat», pourraient eux aussi bénéficier d’une grâce: la journaliste Gao Yu, 54 ans, et le chercheur en philosophie Li Hai, 44 ans. Mais leur cas est compliqué par le fait qu’ils refusent toujours de confesser leurs «crimes». «Ma mère est très malade et notre demande de grâce médicale ne sera prise en considération que si elle avoue des crimes qu’elle n’a pas commis», a déclaré Zhao Meng, le fils de Gao Yu. (AFP)
La libération il y a deux semaines de Wang Dan, le héros de Tiananmen, a redonné espoir aux familles des dissidents chinois détenus, qui comptent sur de nouveaux miracles d’ici l’arrivée fin juin en Chine du président Bill Clinton. Mais la plupart pensent qu’il sera difficile d’attirer l’attention de l’opinion internationale sur des détenus politiques beaucoup moins célèbres que Wei Jingsheng et Wang Dan, les deux figures historiques du mouvement dissident exilées aux Etats-Unis. «Tout dépend maintenant du président Clinton», a résumé Chu Hailan, la femme de Liu Nianchun, condamné à 3 ans de camp pour avoir réclamé la liberté syndicale. Selon certaines sources, Liu, 48 ans, pourrait être le prochain dissident à bénéficier d’une grâce. «J’ai déjà demandé une grâce médicale, car mon mari...