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Actualités - CHRONOLOGIE

Les israéliens divisés sur le prix de la paix

Cinquante ans après la première guerre israélo-arabe, les Israéliens soutiennent les accords d’autonomie conclus avec les Palestiniens mais demeurent divisés sur le prix à payer pour la paix. Les multiples sondages mettent en évidence une apparente contradiction: près des deux tiers des Israéliens affirment soutenir les accords d’Oslo signés en septembre 1993 entre Israël et l’OLP, mais moins de la moitié croient qu’ils déboucheront sur la paix. «Les Israéliens ont fait le choix de restituer des territoires contre la paix après avoir constaté les limites de la force, en particulier après cinq ans d’Intifada (le soulèvement palestinien)», explique le sociologue Yohanan Peres. «Mais après cinq guerres, ils ne croient pas à la réconciliation avec les Arabes. Ils sont tiraillés entre la volonté et la peur de faire la paix», ajoute-t-il. Près de 60% des Israéliens considèrent que les Arabes souhaitent la destruction de l’Etat hébreu. «Malgré tout, Oslo est perçu comme la seule chance de parvenir à la paix et les Israéliens ne veulent pas la rater», commente la directrice d’un des principaux instituts de sondage, Mina Tsemah. Si le processus de paix recueille la majorité des suffrages, il reste néanmoins une notion vague qui permet à chacun de garder sa propre vision de la paix. A l’exception de la question de Jérusalem, considérée quasi unanimement comme «la capitale éternelle et indivisible d’Israël», tout le reste fait l’objet d’un débat. «Chacun a sa propre idée sur l’ampleur des retraits israéliens en Cisjordanie, qui n’est pas fixée dans les accords», estime le commentateur politique de la radio publique Hanan Cristal. «Les Israéliens oscillent entre deux pôles. D’un côté, l’idée que la paix garantit la sécurité — celle de la gauche — et de l’autre, celle du premier ministre Benjamin Netanyahu qui fait de la sécurité la priorité. Cette dernière tendance l’emporte actuellement», affirme le politologue Emmanuel Gutman. La popularité de M. Netanyahu s’est d’ailleurs nettement redressée après la tentative d’assassinat d’un chef du Hamas à Amman l’an dernier ainsi que depuis qu’il fait preuve d’intransigeance face aux pressions américaines sur le retrait en Cisjordanie. L’opposition, de son côté, ne parvient pas à mobiliser les foules pour dénoncer un gouvernement qui traîne les pieds dans les négociations sous la pression des durs de la droite, porte-voix des colons qui regroupent une quinzaine de députés. «Le message des colons fait mouche. Leur patriotisme et leur force idéologique, qui rappellent les pionniers d’Israël, impressionnent l’électorat centriste», estime le politologue Daniel Bensimon. Le chef de l’opposition travailliste Ehud Barak, un ancien militaire, tente de chasser sur le même terrain. «Je veux positionner mon parti au centre», a-t-il proclamé. Pourtant l’opposition de gauche, qui a enfanté des accords d’Oslo, a «perdu son mandat pour faire la paix, même si Oslo a gagné», ajoute M. Bensimon qui souligne que les travaillistes n’ont pas été réélus en raison du traumatisme créé par les sanglants attentats-suicide d’islamistes palestiniens. Les accords d’autonomie ne se résument toutefois pas à une simple controverse sur la paix et la sécurité. L’enjeu porte aussi sur l’identité d’une société israélienne qui s’est en grande partie définie en fonction de l’hostilité d’un ennemi commun: les Arabes. «Avec Oslo, cet ennemi n’existe plus et c’est un autre bras de fer qui se joue: entre une vision d’un Israël, attaché avant tout aux valeurs bibliques, à la terre des prophètes et une vision plus universaliste, démocratique et qui aspire à faire d’Israël un pays comme les autres», affirme le politologue Ouri Ram. (AFP)
Cinquante ans après la première guerre israélo-arabe, les Israéliens soutiennent les accords d’autonomie conclus avec les Palestiniens mais demeurent divisés sur le prix à payer pour la paix. Les multiples sondages mettent en évidence une apparente contradiction: près des deux tiers des Israéliens affirment soutenir les accords d’Oslo signés en septembre 1993 entre Israël et l’OLP, mais moins de la moitié croient qu’ils déboucheront sur la paix. «Les Israéliens ont fait le choix de restituer des territoires contre la paix après avoir constaté les limites de la force, en particulier après cinq ans d’Intifada (le soulèvement palestinien)», explique le sociologue Yohanan Peres. «Mais après cinq guerres, ils ne croient pas à la réconciliation avec les Arabes. Ils sont tiraillés entre la volonté et la peur...