Le ministère turc de la Justice prépare un projet de loi pour abolir la peine de mort en vue d’obtenir l’extradition d’Abdullah Öcalan. Le ministre de la Justice Hasan Denizkurdu, cité lundi par le quotidien Hurriyet, a précisé que le projet de loi serait présenté cette semaine au Conseil des ministres, avant d’être soumis au Parlement pour son adoption définitive. La peine capitale a été de facto abolie en Turquie, aucun verdict en ce sens n’ayant été exécuté depuis quatorze ans, mais reste inscrite dans la loi. Abdullah Öcalan, alias «Apo», chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a été arrêté jeudi soir à l’aéroport de Rome, en provenance de Moscou, sur la base des mandats d’arrêt internationaux lancés par la Turquie et l’Allemagne. Il est accusé en Turquie de «haute trahison» et tenu pour principal responsable par le régime de la mort de 30 000 personnes, tuées dans les violences liées à la rébellion armée du PKK. Cette rébellion a été lancée en 1984 pour créer un État kurde indépendant dans le sud-est de la Turquie, à majorité kurde. La peine de mort a aussi été l’une des raisons avancées par les avocats d’un chef mafieux turc, Alaattin Cakici, arrêté en France en août, pour s’opposer à la demande d’extradition de leur client vers la Turquie. Cakici, recherché depuis douze ans par la Turquie, purge actuellement une peine de six mois de prison pour détention de faux passeport. La justice italienne devrait se prononcer dans un délai de quarante jours sur une éventuelle extradition d’Öcalan, réclamée dès vendredi par le Premier ministre Mesut Yilmaz. Depuis la création de la République turque en 1923, 588 condamnés ont été exécutés. La dernière exécution remonte à 1984. Plusieurs dizaines de condamnés à mort sont toujours dans l’attente de l’examen de leur dossier par le Parlement, dernière instance à ratifier un jugement de peine capitale, mais qui ne l’a pas fait depuis quatorze ans.