Actualités - CHRONOLOGIE
Pression maximale sur l'Italie et l'Europe
le 16 novembre 1998 à 00h00
Le Parti des travailleurs du Kurdistan, en choisissant Rome comme destination pour son chef Abdullah Öcalan, met la pression maximale sur l’Italie et l’Europe pour faire avancer politiquement la cause kurde. Les porte-parole kurdes en Europe l’ont répété : c’est délibérément, selon un calcul politique, qu’Abdullah Öcalan est venu se livrer aux autorités italiennes. L’espoir du parti marxiste kurde est que l’Italie, dirigée par un ex-communiste et dont le ministre de la Justice est un communiste, concède au chef charismatique de la lutte armée kurde le statut de réfugié, ce qui serait pour le PKK un progrès pour sa reconnaissance en Europe. Les responsables kurdes ont laissé entendre que M. Öcalan espérait n’être pas arrêté et que le gouvernement italien était informé de sa venue. Cette assertion a entraîné un vigoureux démenti de la présidence du Conseil, très gêné par la répercussion de l’affaire sur ses relations avec Ankara. Rome a souligné : Öcalan a été arrêté notamment sur demande allemande en application automatique des accords Schengen, et le gouvernement n’était nullement informé de sa venue par les Kurdes. M. Öcalan a lui-même ultérieurement fait démentir avoir eu des contacts avec le gouvernement italien. Sa détention, en vertu de deux mandats d’arrêt internationaux pour homicides délivrés par la Turquie et l’Allemagne, a mobilisé les Kurdes en Europe. Au-delà de la propagande du PKK parlant de centaines de milliers de Kurdes prêts à manifester, grèves de la faim (à commencer par celle de M. Öcalan lui-même) et protestations tendues se sont multipliés. Des milliers de Kurdes ont fait route d’autres villes italiennes et européennes, notamment allemandes, vers Rome. «Les Kurdes marchent sur Rome», titrait dimanche le Corriere della Sera. Le choix d’exercer une pression sur Rome s’explique par l’attitude de parlementaires de tous les groupes politiques italiens qui avaient accueilli en septembre le «Parlement kurde en exil» et soutenu la cause kurde. La coloration de gauche du gouvernement D’Alema a fait le reste, au moment où une majorité de gouvernements européens, de Bonn à Paris, sont à gauche. Le comité central du PKK a diffusé un communiqué rapporté par l’agence pro-kurde Dem, demandant à «l’Italie et aux autres pays de l’UE d’opter pour une approche qui ne blessera pas notre dignité nationale. (...) Nous espérons que le gouvernement italien adoptera une attitude amicale envers notre leader. L’Italie et les autres pays de l’UE doivent favoriser une approche pacifique et démocratique à la lutte d’indépendance de notre organisation». «Notre parti, a-t-il mis en garde, ne permettra aucune attitude prise sous les pressions de la Turquie susceptible d’y porter atteinte. Nous sommes décidés de la manière la plus énergique à riposter aux attitudes qui feraient honte au peuple kurde». Ainsi, le PKK chercherait-il à convaincre l’Europe de faire pression sur la Turquie pour une solution politique. De son côté, la Turquie, dont les ministres des Affaires étrangères et de la Défense sont attendus lundi et mardi à Rome pour une réunion de l’UEO, multiplie les démarches pour que Rome n’accorde pas l’asile politique à Abdullah Öcalan. Depuis septembre, les deux pays sont liés par un accord de lutte contre le terrorisme. L’ambassadeur turc à Rome, Inal Batu, affirme dans la presse italienne : «c’est à nous de juger le chef des terroristes». Partenaire économique important de l’Italie, Ankara attend de l’Italie une «approche juste» de sa demande d’extradition, a averti le chef de la diplomatie turque, Ismail Cem. L’Italie n’extradant pas des personnes vers les pays où ils risquent la peine de mort, cette demande a peu de chances d’être satisfaite. Mais l’Italie ne pourrait pas arguer de ce motif de refus si elle devait examiner une demande allemande d’extradition, ce qui rendrait son choix d’autant plus délicat.
Le Parti des travailleurs du Kurdistan, en choisissant Rome comme destination pour son chef Abdullah Öcalan, met la pression maximale sur l’Italie et l’Europe pour faire avancer politiquement la cause kurde. Les porte-parole kurdes en Europe l’ont répété : c’est délibérément, selon un calcul politique, qu’Abdullah Öcalan est venu se livrer aux autorités italiennes. L’espoir du parti marxiste kurde est que l’Italie, dirigée par un ex-communiste et dont le ministre de la Justice est un communiste, concède au chef charismatique de la lutte armée kurde le statut de réfugié, ce qui serait pour le PKK un progrès pour sa reconnaissance en Europe. Les responsables kurdes ont laissé entendre que M. Öcalan espérait n’être pas arrêté et que le gouvernement italien était informé de sa venue. Cette assertion a...
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