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Actualités - BIOGRAPHIES

Un poète libre dans les tourbillons de l'histoire

Intellectuel brillant, esprit indépendant, Octavio Paz était un écrivain enraciné dans le Mexique, mais également ouvert sur l’univers, à travers une œuvre où alternent prose, poésie et essais. Gloire nationale dans son pays et dans toute l’Amérique latine, Octavio Paz, avant tout poète, déclarait avoir «pour passion la poésie et pour travail la littérature». Parallèlement à son œuvre littéraire, il avait conduit une carrière de diplomate sur les conseils de son ami Pablo Neruda. Issu d’une vieille famille où se mêlent sangs indien et espagnol Octavio Paz subit tout jeune un tourbillon d’influences. Né quatre ans après la révolution mexicaine de 1910, il garde le souvenir de l’épopée du leader paysan Zapata dont les récits ont marqué sa jeunesse. Son père, avocat acquis à la réforme agraire, fut le représentant officiel du révolutionnaire mexicain aux Etats-Unis, et son grand-père l’un des premiers intellectuels soucieux de la cause indienne. Très tôt, le jeune Paz se révèle poète et collabore à diverses revues littéraires. A 19 ans, il publie «Lune sylvestre», puis abandonne ses études de lettres et de droit. A 23 ans, il rejoint les républicains espagnols. Toute sa vie, Octavio Paz va nouer des amitiés fécondes. A Madrid, il se lie avec les grands écrivains de langue espagnole comme Rafael Alberti, Cesar Vallejo ou Pablo Neruda. Rentré au Mexique en 1938, il fonde la revue «Taller» (Atelier), fréquente les trotskystes, et rencontre Benjamin Peret, grâce auquel il se liera avec les surréalistes à Paris. Dans «Labyrinthe du monde» (1950), le poète consacre un essai à l’histoire et l’âme mexicaines. Diplomate Octavio Paz entre en 1945 dans la diplomatie. Il sera en poste en France, en Suisse, puis au Japon et en Inde, où il s’initie à la culture orientale. «L’Orient a été pour moi une découverte fondamentale», disait-il. Pendant ces années, sa production littéraire est prolifique. Les recueils de poèmes à la fulgurance lyrique («Versant est», «Mise au net»), alternent avec les essais lucides de politique ou de théorie littéraire, comme «L’Arc et la lyre». «Pierre de soleil» (1957) est un long poème réconciliant les contraires dans une unité placée sous le signe des Aztèques. Viennent ensuite des œuvres que le poète qualifiait de «poignées de réflexions»: «Deux transparents: Marcel Duchamp et Claude Levi-Strauss», «Courant alternatif», «Rire et pénitence», «Une planète et quatre ou cinq mondes». Né en 1914, d’une Espagnole, descendante d’émigrés andalous et d’un journaliste mexicain, partisan du chef de la révolution, Emiliano Zapata, il a toujours pris, dans son pays, une part active à tous les combats culturels influencant ainsi plusieurs générations. De taille moyenne, les yeux bleux, toujours élégant, Paz n’avait pas la patience et la circonspection propres aux Mexicains, mais plutôt le dynamisme agité des descendants d’Espagnols. Débatteur redoutable, toujours attentif à ses interlocuteurs, il exposait ses idées avec de larges mouvements de mains. Il surpenait son auditoire par son étonnante mémoire. Ses déclarations abruptes pouvaient sembler paradoxales: il critiquait aussi bien les idées de gauche que les dangers du capitalisme. Mais lui-même expliquait qu’il avait toujours voulu «parler et se tromper plutôt que de se taire». Traité souvent de «réactionnaire», il rappelait, sans s’émouvoir, qu’on l’avait même accusé d’être «un agent de l’impérialisme yankee». A ces accusations, il répondait tranquillement en affirmant: «Je n’ai jamais été partisan de la voie révolutionnaire (...) mais d’une transformation graduelle et pacifique vers une démocratie plurielle et moderne». De fait, Paz s’est toujours prononcé en faveur des libertés fondamentales n’hésitant pas, à certains époques, à aller à contre-courant pour critiquer tous les totalitarismes qu’ils soient fascistes ou communistes. D’une activité débordante jusqu’à la fin de sa vie, il avait révisé ligne par ligne la publication de ses œuvres complètes en 14 volumes, donné des entretiens sans se ménager, relu des articles publiés dans la revue littéraire qu’il dirigeait, «Vuelta», et suivi de près les principaux événements du monde. Le maître vivait entouré de livres et de chats, avec sa seconde femme, une Française, Marie-José Tramini, qu’il avait connue en Inde dans les années 60 alors qu’il y occupait les fonctions d’ambassadeur. Un contemplatif Lié aux surréalistes, — il avait rencontré à Paris le «pape» du surréalisme André Breton —, Paz a toujours été très attentif aux tendances les plus modernes de l’art contemporain. Elevé dans un collège mariste français, le poète avait très jeune été en contact avec la littérature française, sa tante paternelle, Amalia, lui faisant découvrir Rousseau, Michelet ou Victor Hugo. En décembre 1996, un incendie, qui avait ravagé sa maison de Mexico en décembre 1996, l’avait psychologiquement affecté. Le poète avait alors perdu une bonne partie de ce qu’il chérissait le plus: ses livres, ses tableaux et plusieurs de ses chats. Contemplatif, cet homme au regard aigu était aussi un militant qui plaçait son «espérance dans les marginaux, les exilés, les flamboyants». Celui qui, dans sa jeunesse, avait créé une école pour les Indiens du Yucatan, était devenu socialiste anti-stalinien après l’expérience de la guerre civile espagnole. En 1968, pour protester contre son gouvernement qui a tiré sur des étudiants à Mexico, il démissionne avec éclat de son poste d’ambassadeur en Inde, ce que lui reprochera sa fille Helena, dans un virulent «J’accuse». Octavio Paz tente alors, comme le Péruvien Mario Vargas Llosa ou l’Argentin Ernesto Sabato, de faire prendre conscience à l’Amérique latine qu’elle doit choisir la démocratie plutôt que la révolution à la cubaine. C’est l’idée centrale du recueil d’articles «Temps nuageux» et l’un des objectifs de la revue mensuelle «Vuelta» (Recommencement) que Paz animera à partir de 1976. Vivant toujours à Mexico, Octavio Paz, très sollicité après le Nobel reçu en 1990, donnait des conférences en Amérique et en Europe. (AFP)
Intellectuel brillant, esprit indépendant, Octavio Paz était un écrivain enraciné dans le Mexique, mais également ouvert sur l’univers, à travers une œuvre où alternent prose, poésie et essais. Gloire nationale dans son pays et dans toute l’Amérique latine, Octavio Paz, avant tout poète, déclarait avoir «pour passion la poésie et pour travail la littérature». Parallèlement à son œuvre littéraire, il avait conduit une carrière de diplomate sur les conseils de son ami Pablo Neruda. Issu d’une vieille famille où se mêlent sangs indien et espagnol Octavio Paz subit tout jeune un tourbillon d’influences. Né quatre ans après la révolution mexicaine de 1910, il garde le souvenir de l’épopée du leader paysan Zapata dont les récits ont marqué sa jeunesse. Son père, avocat acquis à la réforme agraire,...