Actualités - CHRONOLOGIE
Russie Les jeunes s'efforcent d'échapper à l'horreur du service militaire
le 11 novembre 1998 à 00h00
Les jeunes Russes en âge de partir à l’armée sont des milliers à chercher par tous les moyens à échapper à «l’horreur» du service militaire, où le bizutage continue à tuer ou à pousser chaque année des centaines d’entre eux au suicide. La faim, la maladie, la drogue sont les autres dangers encourus par les jeunes recrues russes, tenues dès l’âge de 18 ans, de rejoindre pour deux ans les rangs de l’armée russe, héritière dégénérescente de l’armée soviétique. Selon des chiffres officiels, en 1997, près de 500 appelés se sont suicidés pendant leur service. D’autres chiffres ont rapporté également qu’un millier de soldats et officiers étaient morts du bizutage, c’est-à-dire de la torture, tandis que 2 000 avaient été blessés. Dans un tel contexte, Mikhaïl Samatougov, 19 ans, qui vient de passer trois semaines dans un asile de Saint-Pétersbourg après avoir simulé un suicide, se dit vraiment «heureux» d’avoir ainsi échappé à la conscription. Celle-ci est organisée deux fois dans l’année, en automne et au printemps. 158 000 jeunes appelés russes sont attendus cette année dont 3 200 de Saint-Pétersbourg. Bénéficiant du soutien actif de leurs proches, parfaitement conscients de la situation, les appelés en puissance recourent à tous les moyens pour se dérober. L’un des moyens, simple mais coûteux, est d’acheter l’attestation d’un médecin : il en coûte de 1 000 à 1 500 dollars. Mais, souligne Angelina Ivantchenko, la mère d’un jeune appelé : «Je préfère payer plutôt que perdre mon fils unique dans cette armée». Les proches d’Oleg, 20 ans, se cotisent pour l’aider à payer des études à l’Université, section Finances, afin qu’il bénéficie d’un sursis. On jouit également d’un sursis lorsqu’on a un enfant de moins d’un an. Pour une petite élite, la soutenance de thèse de doctorat équivaut à une exemption définitive. Du fait de ces exemptions, plus nombreuses dans les milieux les plus favorisés, «le niveau intellectuel des jeunes appelés et leur condition physique ne sont pas des meilleurs», a indiqué Valentin Doubrovnikov, chef-adjoint de la région militaire du nord-ouest. Selon les chiffres officiels, 52 % des recrues de Saint-Pétersbourg n’ont aucune instruction secondaire. «Notre armée devient de moins en moins lettrée», a ajouté M. Doubrovnikov. Un médecin militaire, Lilia Levina, estime que «seulement 15 % des jeunes appelés sont physiquement aptes au service militaire», que «plus de 60 % des jeunes conscrits ont goûté à la drogue» et qu’il y a aussi «un grand nombre de maladies psychiques». Prestigieuse au temps de l’URSS, l’ex-Armée rouge est devenue synonyme de prison. D’ailleurs, certains estiment plus enviable d’être condamnés à une peine d’emprisonnement que de se retrouver dans «la chaîne de la mort», selon les termes d’Ella Poliakova, dirigeante du Comité des mères de soldats de Saint-Pétersbourg. «Certains de mes copains préfèrent avoir un casier judiciaire que d’aller faire leur service», affirme Andreï Fiodorov, 19 ans, étudiant. Tous attendent impatiemment que la Douma ratifie un projet, vieux de deux à trois ans, qui permettrait à ceux qui le souhaiteraient, de remplacer l’armée par une période de service civil, dans un hôpital par exemple. Chaque matin, Andreï Fiodorov s’attend le cœur battant à un coup de sonnette. Ses parents répondraient qu’il est parti...
Les jeunes Russes en âge de partir à l’armée sont des milliers à chercher par tous les moyens à échapper à «l’horreur» du service militaire, où le bizutage continue à tuer ou à pousser chaque année des centaines d’entre eux au suicide. La faim, la maladie, la drogue sont les autres dangers encourus par les jeunes recrues russes, tenues dès l’âge de 18 ans, de rejoindre pour deux ans les rangs de l’armée russe, héritière dégénérescente de l’armée soviétique. Selon des chiffres officiels, en 1997, près de 500 appelés se sont suicidés pendant leur service. D’autres chiffres ont rapporté également qu’un millier de soldats et officiers étaient morts du bizutage, c’est-à-dire de la torture, tandis que 2 000 avaient été blessés. Dans un tel contexte, Mikhaïl Samatougov, 19 ans, qui...
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