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Actualités - REPORTAGE

Faire face au Cancer : accompagner la vie jusqu'au bout (photo)

Accompagner la vie pour changer la mort. Tel est l’objectif d’une nouvelle association vraiment pas comme les autres: «Faire face». Un mouvement de bénévoles qui assure un soutien moral et pratique à des personnes atteintes du cancer ainsi qu’à leurs familles. On imagine la détermination qu’il faut pour affronter les difficultés inhérentes à une assistance éprouvante sur plus d’un plan. Une goutte d’eau dans un océan de douleurs et de tragédies? Peut-être, mais certainement le point de départ d’une prise de conscience dans un domaine où aucune structure de prise en charge, d’accueil ou tout simplement d’écoute de ces grands malades ne figure au programme des ministères concernés par la santé publique. Une fois de plus, l’initiative privée aura pris les devants, essayant de pallier un manque sérieux.

L’accompagnement. Un mot peu banal de nos jours. Une initiative qui fait son chemin chargée d’émotion, de responsabilité, de disponibilité et de savoir-faire. «Faire face» regroupe justement des personnes prêtes à accompagner des malades, et pas n’importe lesquels. C’est à l’initiative d’un médecin oncologue, le Dr Michel Saadé, que le mouvement «Faire face» voit le jour. Une femme se jette à l’eau et fonce dans l’action. Nayla Aoun, présidente de l’association, sait ce qu’elle veut. Sans prétendre trouver des solutions miracles, elle plaide pour cette «action basée sur la chaleur humaine propre au Liban». Elle voudrait d’abord «casser le tabou du mot «cancer». Car, dès le dépistage de la maladie, un regard différent est posé sur le malade». A partir de là tout bascule et le chemin est souvent lent, long et pénible. «Après avoir appelé les choses par leur nom, nous sommes là pour nous associer au combat contre la maladie d’un malade souvent laissé à lui-même».
Le plan de bataille de cette association est simple. Un lieu de rencontre, «espace d’écoute, de silence et de paroles», est vite trouvé. Là on atténue la solitude, la peur, les angoisses et on apporte au malade le soutien moral dont il a besoin. En effet, dans ce local où cancéreux et bien portants se retrouvent, on échange un vécu, une réflexion personnelle et des espoirs à raison de deux rencontres par semaine jusque-là. Parallèlement, un service d’écoutes téléphoniques destiné aux personnes qui ne veulent pas se retrouver en groupe, qui ne peuvent pas quitter leur domicile ou tout simplement qui ont besoin de parler est en place. Pour le moment, il est assuré tous les mardis, mercredis et vendredis de 16 à 18h30 au (01) 217011. Le (03) 777227 est disponible à tout moment. D’autre part, une assistante sociale s’occupe d’informer les malades et de les diriger vers les organismes adéquats, les contacts et le suivi étant, bien entendu, assurés par «Faire face».

La force du groupe

La force du groupe est indiscutable. Grâce à elle, les contraintes du quotidien deviennent plus légères. Ainsi, des membres du mouvement accompagnent certaines malades pour leurs séances de chimiothérapie, d’autres les veillent en cas d’hospitalisation ou donnent un coup de main nécessaire à diverses occasions. Aujourd’hui cependant, «Faire face» ne s’occupe que d’adultes, et soutient essentiellement des cancéreuses. Au bout de trois ans d’existence, le mouvement déploie un effort de prévention. Il sensibilise les femmes à la mammographie, par exemple. Le groupe est déterminé à se battre pour que «l’examen du frottis soit gratuit dans tous les dispensaires du Liban, que la campagne contre le tabac soit mieux étudiée et par conséquent plus efficace et que le mot cancer ne soit plus associé à la mort», dit Nayla Aoun.
D’autres services ponctuels se mettent en place: la création d’un groupe de jeunes volontaires qui assisteraient les enfants hospitalisés. Ce qui permettrait aux mamans de prendre un peu de repos, aux enfants de nouer des liens, de s’amuser ou d’oublier un moment leur maladie. Une autre forme de service ponctuel est de s’occuper des enfants chez eux, le temps, pour la maman, de faire sa séance de chimiothérapie et de se reposer un peu par la suite; c’est aussi d’accompagner une personne en période de contrôle, moment très angoissant, malgré la rémission.
Bien parti sur sa lancée, le mouvement prévoit également «une formation de volontaires qui seront recrutés parmi les jeunes ayant déjà participé à des activités sociales et donc aptes à côtoyer des malades. Ils bénéficieront d’une formation de base avec des notions de secourisme et de psychologie», explique Nayla Aoun.
Le mot «Présence» n’est pas un vain mot à «Faire face». C’est plutôt une discipline de vie. Pour chacun des membres du groupe, il s’agit non pas de banaliser un drame, mais plutôt d’exorciser des angoisses et «de soutenir des personnes qui ont besoin de connaître leur maladie, de l’accepter et de lui faire face le plus dignement possible», affirme encore la présidente. Le drame n’est-il pas aggravé quand il faut vivre son cancer dans la solitude, rongé par la peur!

M.C.
Accompagner la vie pour changer la mort. Tel est l’objectif d’une nouvelle association vraiment pas comme les autres: «Faire face». Un mouvement de bénévoles qui assure un soutien moral et pratique à des personnes atteintes du cancer ainsi qu’à leurs familles. On imagine la détermination qu’il faut pour affronter les difficultés inhérentes à une assistance éprouvante sur plus...