La loi, qui donne au secteur privé local et international la possibilité de créer des entreprises en Syrie, où le système économique était jusque-là strictement dirigiste, «a été vidée de sa substance en raison de l’introduction de 180 réglementations à caractère restrictif», a constaté cette semaine au Parlement le député syrien Hachem Anouar al-Akkad, également homme d’affaires.
En outre, cette loi n’a pas abrogé des dispositions antérieures contraires à ses objectifs, notamment celles imposant un strict contrôle des changes, qu’une bureaucratie tatillonne n’hésite pas à appliquer.
Des hommes d’affaires allemands ont souligné, au cours d’une récente rencontre organisée à Damas avec leurs collègues syriens, la difficulté pour un investisseur étranger de s’installer en Syrie.
«Comment un promoteur étranger peut-il se convaincre des bénéfices de travailler en Syrie alors qu’il voit les hommes d’affaires locaux rechigner à investir?», s’est interrogé un participant allemand, cité par la presse officielle syrienne.
Les chiffres, révélés par des députés syriens au cours d’un débat parlementaire, sont éloquents.
Selon M. Hachem al-Akkad, «de nombreux investisseurs arabes se sont excusés auprès du bureau des investissements de la présidence du Conseil de ne pouvoir exécuter des projets agréés dans lesquels ils ont engagé 1,35 milliard de dollars».
Le quotidien «al-Baas», organe du parti au pouvoir, a révélé de son côté que «de plus en plus d’investisseurs renonçaient à exécuter des projets», alors que le député Riad Seif indiquait que «le pourcentage des projets effectivement réalisés ne dépassait pas 10% de ceux agréés dans le cadre de la loi sur l’investissement».
Selon M. Seif, «un bon nombre des projets réalisés n’a pas dégagé de bénéfices au cours des deux premières années de fonctionnement, d’autres ont accusé des pertes en raison de la baisse de la demande sur le marché local et du manque de compétitivité de leurs produits sur le marché extérieur».
Ces projets ont créé «3.952 emplois par an dans les secteurs agricole et industriel jusqu’à fin 1996, alors que le nombre de demandeurs d’emploi s’est élevé à 150.716 par an entre 1990 et 1996».
Les exportations du secteur privé ont baissé de 7% entre 1993 et 1995 alors que les importations ont augmenté de 15% au cours de la même période, a souligné M. Seif.
Un expert économique, M. Saad al-Naboulsi, a estimé récemment au cours d’une conférence que la Syrie avait besoin d’ici l’an 2011 d’investir 60 milliards de dollars pour créer trois millions d’emplois.
M. Riad al-Abrach, professeur d’économie à l’université de Damas, a récemment mis en garde contre le «coût élevé de l’investissement étranger en Syrie, comparé aux pays arabes», dans une allusion à l’Egypte et aux pays du Golfe.
Selon lui, un investisseur étranger paye le mètre carré dans une zone libre en Syrie un prix bien supérieur à ce qu’il paierait en Egypte (3,5 dollars) ou même dans le Golfe (30 dollars).
Selon le quotidien Techrine, le gouvernement syrien, conscient des insuffisances de la loi «numéro dix», a proposé de l’amender devant le Parlement.
Les principaux amendements porteront notamment, selon le journal, sur la création de nouvelles zones industrielles libres, l’octroi de nouveaux avantages fiscaux aux investisseurs, la simplification des formalités d’exportation, l’adoption d’un taux unique de change et une plus grande souplesse sur les mouvements des capitaux.
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