L’opposition bulgare a poursuivi hier ses manifestations contre les ex-communistes au pouvoir et a fait savoir qu’elle était prête à négocier avec eux sur la tenue d’élections législatives anticipées.
Alors que le mouvement de protestation en était à son douzième jour, l’opposition a annoncé qu’elle acceptait d’ouvrir des négociations avec le Parti socialiste bulgare (PSB) sur la tenue d’élections anticipées, à condition que le Conseil suprême du PSB confirme sa volonté en ce sens.
Des dirigeants du PSB avaient indiqué lundi qu’ils étaient favorables à l’ouverture de négociations avec l’opposition sur des élections anticipées. Ils n’avaient toutefois pas avancé de date, alors que l’opposition exige que les élections se déroulent au printemps prochain, en mai ou début juin. Les élections législatives doivent normalement se tenir en décembre 1998.
Aux cris de «Nous serons là tous les jours jusqu’à la victoire», plus de 30.000 sympathisants de l’opposition se sont retrouvés mardi soir devant la cathédrale de Sofia pour exiger du PSB des élections anticipées.
Sur la musique d’une balade populaire, les manifestants ont chanté: «le communisme s’en va. Dormez tranquilles les enfants», en agitant des drapeaux bleu pâle, couleur de l’opposition
La municipalité de Sofia, dont le maire est issu des rangs de l’opposition, avait installé sur place une camionnette pour distribuer gratuitement du thé chaud et des sandwichs.
«Bravo les étudiants...»
Avant ce rassemblement devenu quotidien, des milliers d’étudiants avaient défilé en chantant dans les rues de Sofia, acclamés par des riverains qui criaient de leurs balcons «Bravo, les étudiants, nous sommes avec vous».
Cette atmosphère de kermesse bon enfant pourrait cependant changer dès mercredi matin avec une réunion prévue du Parlement bulgare. L’opposition a annoncé qu’elle boycotterait cette séance, affirmant qu’il s’agissait d’«un Parlement de l’époque Jivkov». Todor Jivkov, le leader communiste tout puissant de la Bulgarie durant 35 ans, avait été limogé en novembre 1989.
Cette séance de routine du Parlement, prévue de longue date, pourrait servir de prétexte à de nouvelles manifestations antigouvernementales. Le Parlement avait été le théâtre de violents affrontements entre la police et les manifestants dans la nuit de vendredi à samedi derniers. 258 personnes avaient été blessées, selon l’opposition.
Le PSB, qui n’avait au début des manifestations aucune intention d’accepter des élections anticipées alors qu’il a remporté les élections législatives de décembre 1994 pour quatre ans, a commencé à lâcher du lest lundi sous la pression de la rue.
L’impression prévaut à Sofia que les manifestants, inspirés par les événements de Belgrade, où l’opposition serbe est engagée dans un bras de fer depuis deux mois avec le président Slobodan Milosevic, n’ont pas l’intention de se laisser berner par de bonnes paroles du gouvernement et veulent maintenir la pression de la rue.
Le syndicat Podkrepa, proche de l’opposition, a annoncé hier soir qu’il allait déclencher une grève d’une heure dans tout le pays mercredi. Ce serait la première étape d’une grève générale illimitée, a précisé ce syndicat.
La moitié des 8,4 millions de Bulgares vivent dans la pauvreté et l’opposition est bien décidée à exploiter leur mécontentement.
La classe politique bulgare est également divisée sur la nature du prochain gouvernement.
La Bulgarie est actuellement dirigée par un premier ministre démissionnaire, Jean Videnov, un ancien communiste pur et dur du PSB.
L’opposition a refusé d’accepter un nouveau gouvernement qui serait dirigé par Nicolaï Dobrev, l’actuel ministre de l’Intérieur, désigné par le PSB pour succéder à M. Videnov.
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