PLUS EN PLUS ISOLÉ
BELGRADE, 31 Décembre (AFP). — L’année 1996 se sera terminée dans l’isolement pour le président serbe Slobodan Milosevic, soumis à un feu de barrage de critiques en Yougoslavie et à l’étranger pour son incapacité à mettre fin à la crise politique, vieille de 43 jours.
Les principales capitales mondiales ne cessent de le mettre en demeure de reconnaître les résultats des élections municipales du 17 novembre, dont l’annulation partielle au détriment de l’opposition a été le détonateur de la crise. Pis, elles le tiennent pour responsable des violences de la semaine dernière, qui avaient fait un mort et une centaine de blessés dans les affrontements de rue entre partisans et adversaires du régime.
Même le «petit frère» monténégrin lève de plus en plus la voix pour dire sa préoccupation et se plaindre des conséquences de la crise sur la position internationale de la Yougoslavie (Serbie et Monténégro).
A l’intérieur, l’opposition groupée autour de la coalition Ensemble ne donne aucun signe d’essoufflement et ses manifestations continuent à attirer des milliers de personnes. La coalition s’apprêtait à faire l’expérience, dans la nuit du 31 décembre, d’une nouvelle forme de manifestation, invitant ses sympathisants à accueillir l’année 1997 dans les rues des villes serbes.
Qui plus est, l’Eglise orthodoxe serbe, traditionnellement proche du régime, penche de plus en plus nettement du côté des contestataires. Le patriarche Pavle, qui avait lancé une mise en garde aux autorités la semaine dernière, a convoqué pour jeudi 2 janvier un saint-synode qui pourrait être l’occasion de nouvelles prises de position contre M. Milosevic.
Le doute s’insinue jusqu’au sein de la coalition au pouvoir, composée des socialistes (SPS) de M. Milosevic, des néo-communistes (JUL) de son épouse Mirjana Markovic et de la Nouvelle-Démocratie de Dusan Mihajlovic. Cette dernière formation a menacé de se retirer de l’alliance tripartite si la crise ne trouvait pas de solution rapide.
La situation doit être d’autant plus douloureuse pour le président Milosevic qu’il semble avoir cherché ces jours derniers à faire preuve de modération.
Son chef de la diplomatie a réservé un accueil favorable aux recommandations de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui stipulent la reconnaissance de la victoire de l’opposition aux municipales.
Sa police anti-émeute n’a plus chargé les manifestants, les empêchant, certes, de marcher, mais les laissant se rassembler quotidiennement pour scander leurs revendications et leurs insultes à l’égard du pouvoir.
L’état-major de l’armée yougoslave, tout en se rangeant du côté du pouvoir serbe et en se démarquant lundi des soldats et officiers qui s’en étaient pris au président serbe et avaient menacé d’intervenir dans la crise politique, s’est abstenu d’annoncer des sanctions quelconques à leur égard.
Un éditorial de Nouvel An du quotidien Vecernje Novosti, proche du pouvoir, a longuement évoqué la crise politique sans attaquer la coalition d’opposition Ensemble, habituellement bête noire des médias proches du régime. Le journal attribue la difficulté à sortir de l’impasse à «l’entêtement serbe».
«Un futur chroniqueur de l’histoire de la Serbie aura beaucoup de mal à expliquer pourquoi l’on a dépensé pratiquement deux mois pour établir les vainqueurs des municipales dans quelques villes», écrit Vecernje Novosti.
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