Funérailles de Palestiniens tués par des tirs israéliens près d'un centre de distribution à Rafah, à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2025. Photo Hatem Khaled /Reuters
La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.
« Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés » vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées en marge d'un site de distribution d'aide dont elles attendaient l'ouverture.
« Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation (Israël, NDLR) a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam » dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu entre 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT). Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.
Début mars, Israël a imposé un blocus total de la bande de Gaza, à un moment où les négociations sur la trêve avec le mouvement islamiste Hamas étaient dans l'impasse, et n'a assoupli que partiellement les restrictions fin mai. « Toutes les frontières sont fermées et c'est le seul moyen d'obtenir de l'aide », a déclaré Ahmad al-Farra à propos des sites de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël. « Et quand ils viennent (chercher l'aide), ils sont tués par des snipers, comme vous pouvez le voir. » Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.
Blessés par balles
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déclaré avoir reçu 200 personnes à son hôpital de campagne dans la zone d'Al-Mawassi, près de Rafah, sans préciser les circonstances. Dans un communiqué publié sur le réseau social X, le CICR a indiqué qu'il s'agissait du « nombre le plus élevé de personnes reçues par l'hôpital de campagne de la Croix-Rouge dans le cadre d'un seul incident... ». Les équipes de la Croix-Rouge ont également soigné 170 patients à l'hôpital dimanche, « dont beaucoup, blessés par balles, ont déclaré qu'ils essayaient d'accéder à un site de distribution de nourriture », selon le communiqué.
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la GHF, une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.
Interrogé sur des tirs sur des Palestiniens dans des circonstances similaires, l'armée avait parfois expliqué que ses soldats avaient ouvert le feu car des personnes avançaient vers eux malgré leurs tirs de sommation, dans une zone qu'elle affirme avoir déclaré « zone de combat ».
Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile. Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube en marge de sites de distribution d'aide, malgré le fait que des tirs aient eu lieu sur place. La bande de Gaza est menacée de famine selon l'ONU.