Le tribunal correctionnel de Paris. Photo d'archives AFP
Haine de l'islam et peur du « grand remplacement ». Au procès du groupe d'ultradroite Action des forces opérationnelles (AFO), soupçonné d'avoir planifié des actions violentes visant des musulmans, l'un des prévenus a expliqué vendredi ses motivations pour rejoindre le groupe, tout en niant avoir voulu passer à l'acte.
Cheveux gominés coiffés en arrière, bouc brun et tatouage sur l'avant bras, Daniel R. est le plus jeune des seize prévenus et le seul à comparaitre détenu (dans une autre affaire) devant le tribunal correctionnel de Paris. Derrière le plexiglass du box, il tente d'expliquer pourquoi il a adhéré à AFO.
« J'avais l'impression d'être à un carrefour entre +Walking Dead+, la fin de l'empire romain et l'âge sombre de la féodalité. Il fallait défendre notre petit fief », se souvient Daniel R. en évoquant la période 2017-2018 à laquelle il a rejoint le groupe. « Pour moi, on était face à un ennemi intérieur en guerre contre la culture française catholique ». L'ennemi, explique-t-il, c'est « l'islamisation, la médiocrité des politiques », qu'il dénonce après les attentats terroristes de 2015 et 2016 en France. « Je me voyais en état de guerre civile. C'est l'impression que me donnait à cette époque la vague d'attentats ».
Daniel R. alias Tommy, 39 ans aujourd'hui, ancien militaire en Afghanistan, raconte avoir voulu « être utile, faire quelque chose » pour son pays, après un passage de quelques mois en détention où il a acquis la conviction que que « 80% des détenus sont musulmans et qu'ils cherchent à convertir les autres ». La solution, il la trouve au sein d'AFO, qu'il décrit comme un club survivaliste réunissant des patriotes comme lui, capable de réagir « en cas de problème ». Sa fonction: artificier, lui qui est passionné d'armes et qui sait fabriquer du TATP, un explosif.
A ce titre, il forme ses camarades lors de stages survivalistes sur un terrain privé à Chablis (Yonne) où les membres du groupe se retrouvent et s'entraînent à plusieurs reprises.
« Survivalisme agressif »
Tommy, seul et alcoolique depuis son retour d'Afghanistan, se sent regonflé » aux côtés des autres membres et se lâche comme les autres pendant les réunions où les idées d'actions fusent. Tuer 200 imams, piéger un couscoussier, empoisonner de la nourriture halal... Autant de projets qui sont évoqués entre les membres. « Moi j'ai dit qu'on ferait mieux de détruire des librairies salafistes (...), qui traduisent de manière fausse le Coran, qui diffusent des manuels idéologiques », souligne Daniel R., qui avoue à la barre avoir peur « du grand remplacement ».
Il revient aussi sur le projet évoqué avec d'autres « un soir de boisson » de remonter en scooter des files de voitures et de balancer des grenades dans les véhicules des musulmans. Un « scénario hollywoodien » qu'il imaginait en réaction à un nouvel attentat jihadiste. « Mais de toute façon, c'était pas possible ce plan, c'était irréalisable. Et puis on risquait de faire des dommages collatéraux et de tuer des non musulmans », précise naïvement le prévenu. « On est loin du club survivaliste défensif ! », fait remarquer la présidente. « Oui, c'est du survivalisme agressif », souligne le prévenu.
Pourtant Tommy nie avoir voulu passer à l'acte avec ses camarades d'AFO. « Je suis incapable de tuer quelqu'un de sang-froid »: la preuve, explique-t-il au tribunal en suscitant quelques rires, « j'ai eu beaucoup de mal à tuer les poules de la basse-cour de ma grand-mère quand elle est morte ». « La fabrication de grenades, de TATP, je le reconnais. Mais c'était à des fins défensives, en cas d'attaque sur des terrains où on se serait retranché », explique le prévenu, évoquant l'hypothèse d'une guerre civile en France.
Haine de l'islam et peur du « grand remplacement ». Au procès du groupe d'ultradroite Action des forces opérationnelles (AFO), soupçonné d'avoir planifié des actions violentes visant des musulmans, l'un des prévenus a expliqué vendredi ses motivations pour rejoindre le groupe, tout en niant avoir voulu passer à l'acte.Cheveux gominés coiffés en arrière, bouc brun et tatouage sur l'avant bras, Daniel R. est le plus jeune des seize prévenus et le seul à comparaitre détenu (dans une autre affaire) devant le tribunal correctionnel de Paris. Derrière le plexiglass du box, il tente d'expliquer pourquoi il a adhéré à AFO.« J'avais l'impression d'être à un carrefour entre +Walking Dead+, la fin de l'empire romain et l'âge sombre de la féodalité. Il fallait défendre notre petit fief », se souvient Daniel...