
Un ouvrier assis au milieu des débris du port de Beyrouth, le 27 juin 2024. Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
Le juge d’instruction Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth, a fixé au 27 juin une nouvelle audition de l’ancien ministre des Travaux publics et député Ghazi Zeaïter, mis en cause dans cette affaire, après que ce dernier a refusé de répondre à sa convocation ce vendredi, a confié une source judiciaire à L'Orient-Le Jour.
M. Zeaïter a été représenté par son avocat Samer el-Hajj, qui a soumis au juge Bitar une attestation montrant que son client a soumis jeudi une action en responsabilité de l'État contre des actes et des décisions de Tarek Bitar. L'avocat a aussi présenté un mémoire dans lequel il affirme que M. Zeaïter est député et que le Parlement est en session extraordinaire, ce qui implique que l'élu est protégé par son immunité parlementaire.
Le 29 octobre 2021, Ghazi Zeaïter avait présenté des exceptions de procédure stipulant que sa poursuite relève de la responsabilité de la Haute Cour chargée de poursuivre les présidents et ministres. Le juge Bitar n'a pas encore répondu à ces exceptions de procédure, ces requêtes ayant été envoyées au parquet qui, jusqu'à présent n'a pas donné son avis. Cette instance devra toutefois le faire avant l'audience du 27 juin, afin que le magistrat puisse plancher sur ces exceptions de procédure.
Interrogé par notre publication, un avocat proche du dossier a estimé qu'en répondant à la convocation et en se faisant représenter par son avocat, M. Zeaïter reconnaît implicitement que le juge Bitar est compétent.
Le 4 août 2020, l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire a dévasté une partie importante de la capitale libanaise, faisant plus de 220 morts et plus de 6 500 blessés. Cette déflagration a été causée par un incendie dans un entrepôt du port où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d’ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hautes autorités, accusées de négligence.
Une enquête a été ouverte au Liban, mais le juge Bitar avait dû suspendre ses investigations en janvier 2023, face à l’hostilité d’une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu’à une série de poursuites judiciaires dirigées contre lui. Il a repris ses investigations début 2025 et a déjà interrogé plusieurs anciens responsables, dont l’ex-Premier ministre Hassane Diab et l’ancien ministre de l’Intérieur Nohad Machnouk.