Attaques israéliennes en Iran : notre co-rédacteur en chef Anthony Samrani a répondu à vos questions

Nous vous remercions pour vos nombreuses questions, et nous excusons pour celles que nous n'avons pas pu traiter. 

L'actualité est dense, et nous devons y retourner ! 

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Voici la question de Nicolas :

On voit clairement que Netanyahu ne se soucie plus de rien. L’économie libanaise résistera-t-elle à un autre été amputée de ses touristes étrangers?

Bonjour Nicolas, merci d’être avec nous.

L’économie libanaise est déjà dans un état pitoyable. En l’absence de réformes structurelles, on ne voit pas comment elle pourrait repartir même si les touristes reviennent. Cela dit, un été amputé de touristes étrangers serait une très mauvaise nouvelle pour le Liban. 

Voici le message de Yacine : 

Un grand merci pour vos travaux. Quelle réaction attendre du régime iranien et notamment de ses mandataires de l'auto-proclamée Axe de la Résistance ?

Bonjour Yacine, merci d’être avec nous,

C’est pour moi la principale question désormais. Israël est déterminé et bénéficie du soutien des Etats-Unis. Que peut faire l’Iran dans ces conditions ? S’il ne riposte pas de façon forte, Israël va être encouragé à poursuivre ses frappes et à éliminer toutes les têtes du régime. Mais a-t-il encore les capacités de riposter autrement que par une action symbolique et limitée ? Et peut-il de toute façon se permettre une guerre ouverte avec Israël et les Etats-Unis ?

Le régime iranien veut survivre. Toute la question est de savoir aujourd’hui qu’elle est la meilleure stratégie pour y parvenir à ses yeux ? Est-ce un accord en position de grande faiblesse ou une escalade à tous les niveaux, qui impliqueraient par exemple une sortie du traité de non-prolifération et une accélération de l’enrichissement d’uranium ? Je crois que l’Iran va essayer de jouer sur les deux tableaux, une escalade maîtrisée et une tentative de conclure un accord dans des termes acceptables pour lui dans le même temps. Mais ce chemin est très très étroit sinon quasi-inexistant. 

Voici la question de Michael : 

Qu’implique cette escalade pour la volonté du président Aoun de se réapproprier le monopole des armes ? 

Bonjour Michael, merci pour votre question,

À terme, elle peut lui être profitable. D’une part parce que l’affaiblissement du régime iranien isolera davantage le Hezbollah, d’autre part parce que son désarmement peut faire partie d’un éventuel accord avec les Etats-Unis. Cela dit, la situation est trop floue pour être affirmatif pour le moment. 

Nous poursuivons avec la question de Pierre : 

Bonjour à l’équipe d’OLJ. Tout d’abord, merci pour votre travail impeccable. Ma question est la suivante : Tsahal a-t-il pour objectif d’assassiner l’Ayatollah Khamenei et/ou le président Massoud Pezeshkian ?

Bonjour Pierre, merci pour votre question.

Il est difficile d’y répondre en l’état. Mais l’on peut dire d’une part que rien n’est exclu, d’autre part qu’Israël et les Etats-Unis auront tout de même besoin d’interlocuteurs côté iranien. Le projet est le changement de régime, dans le sens d’un changement de l’ADN du régime et non nécessairement des membres qui le composent, de gré ou de force.

La question suivant nous est posée par Anne-Sophie Mercier :

Bonjour Anthony Samrani et merci pour votre excellent travail. En attaquant l'Iran, Israël ne se tire-t-il pas une balle dans le pied ? En effet, on peut imaginer qu’au bout d'un moment, les pays de la région en aient assez de cet état qui se permet tout, sans que l’on ne puisse rien dire. Qu’en pensez-vous ?

Bonjour Anne Sophie, merci pour votre question,

Avant de la lire, je concluais justement ma réponse précédente dans le même sens. Israël est la principale puissance régionale. Il dispose non seulement d’une supériorité incontestable mais aussi d’un soutien quasiment sans faille des Occidentaux. On peut estimer que cela va l’encourager à n’avoir absolument aucune limite dans toute la région, ce qui est déjà le cas sur de nombreux théâtres. Mais ce projet de domination totale est-il tenable sur le long terme ? Israël, malgré toute sa supériorité, n’a rien d'autre à offrir que la logique de la force aux populations et États de la région. Le retour de bâton apparaît en ce sens inévitable. 

Voici deux questions qui nous viennent de L'étranger : 

1- Existe-t-il un risque de déstabilisation interne en Iran ?

2 - L'un des objectifs de l'attaque israélienne pourrait-il être de rassembler les pays occidentaux derrière Israël ? De détourner l'attention d'une éventuelle reconnaissance d'un état palestinien ?

Bonjour l’étranger, merci pour vos questions,

Je crois y avoir déjà en partie répondu. Il est clair que Benjamin Netanyahu cherche aussi à détourner l’attention de la guerre sans foi ni loi qu’il mène contre Gaza et à rallier les pays occidentaux et les différents partis politiques israéliens à sa cause. Mais je pense, au risque de me tromper, que cela reste secondaire dans cette histoire. L’objectif principal est d’en finir avec “l’exportation de la révolution islamique”, quelle que soit la forme que prendra la suite.

S’il y parvient, Benjamin Netanyahu va affirmer l’ère de l’hégémonie israélienne dans la région avec tout ce que cela implique pour Gaza, pour la Cisjordanie, pour le Liban, la Syrie, l’Irak, les pays du Golfe, et aussi la Turquie. Mais paradoxalement, si la question iranienne disparaît, la question palestinienne va redevenir centrale aux yeux des populations et des régimes de la région mais aussi potentiellement des acteurs extérieurs. 

On poursuit avec la question de Nahil :

Nous entendons de la part des deux pays des informations différentes concernant ces attaques. Comment savoir qui dit vrai ? Disposons-nous d’un moyen de vérifier par nous-mêmes?

Bonjour Nahil, merci pour votre question

Comme dans chaque guerre, la propagande bat son plein. Cela dit, les Iraniens ont confirmé l’ampleur non seulement de l’attaque israélienne et des dégâts qu’elle a provoqués. 

Raymond Chouaib nous demande :

Quelles pourraient être les répercussions de cette escalade sur le Liban ?

Bonjour Raymond, merci pour votre question,

Le Hezbollah était au cœur de la dissuasion iranienne contre Israël. C’était la principale arme de l’Iran pour empêcher Israël de le frapper directement. Peut-on imaginer alors, qu’au moment où il en a le plus besoin, Téhéran n’utilise pas cette carte ? Oui on le peut. Parce que l’axe s’est effondré, parce que le Hezbollah n’est plus le même et n’a de toute façon pas les moyens de faire face à Israël. Il est ainsi possible que le Liban puisse rester en dehors de tout cela, à condition bien sûr qu’Israël le perçoit également ainsi, ce qui est loin d’être gagné.

Disons qu’il y a deux temporalités. La première immédiate va dépendre du degré d’escalade et d’implications des acteurs régionaux, des calculs de Téhéran et de Tel Aviv. Le premier va-t-il accepter de signer un accord dans une telle position de faiblesse ? A-t-il les moyens d’inverser la tendance ? Le second ne va-t-il pas être entrainé dans l’hubris de vouloir se débarrasser définitivement de l’Iran et de tous ses alliés ?

Dans un second temps, on peut d’ores et déjà supposer que la séquence va affaiblir un peu plus le Hezbollah et accélérer sa demande de désarmement ce qui pourrait provoquer des tensions supplémentaires sur la scène interne.

La prochaine question nous vient de Nadine Meouchy : 

Bonjour Anthony Samrani et merci pour votre excellent travail. Des rumeurs dans la presse disent qu’une des raisons de l'opération israélienne serait que l’Iran aurait demandé au Hezbollah de faire des actions dans le nord du Liban. Qu’en pensez-vous ?

Bonjour Nadine, merci à vous pour votre question et votre présence à nos côtés,

Je n’ai aucune information à ce sujet. Le Hezbollah n’a pas répondu aux nombreuses violations du cessez-le-feu par Israël ces derniers mois et semble vouloir se tenir à distance de cette séquence donc je suis assez sceptique sur ces informations. Je crois que le timing est lié avant tout au fait que Benjamin Netanyahu avait depuis quelques mois l'opportunité de faire ce qu’il veut faire depuis des décennies : frapper fort le régime iranien. L’effondrement de “l’axe de la résistance” et la destruction du système de défense anti-aérienne iranien lui ont ouvert une brèche sans précédent. Il n’attendait que le feu vert de son allié américain pour la saisir.

Le fait que l’Iran ait récemment accéléré son programme d’enrichissement d’uranium et commencé à reconstruire ses capacités de défense a probablement encouragé la décision israélienne. Bien sûr, Benjamin Netanyahu a aussi des calculs internes, mais aussi liés à Gaza ou au sommet franco-saoudien à venir mais tout cela me semble tout de même secondaire par rapport au fait que dans son esprit, ce qui a commencé cette nuit était de toute façon inévitable. 

Nous débutons avec une question d'Axelle Motte : 

Une chute du gouvernement iranien est-elle envisageable ou utopique ? 

Bonjour Axelle, merci d’être avec nous aujourd’hui.

Compte tenu de tout ce qui s’est passé dans la région depuis le 7-Octobre 2023, je me garderais bien d’exclure complètement les options qui pouvaient nous paraître utopiques par le passé. L’opération israélienne dépasse largement le cadre d’une "frappe préventive contre les installations nucléaires” et a décimé toute une partie du haut-commandement iranien. Nous ne savons pas en outre si cette opération va se poursuivre - si l’Iran ne riposte pas avec force, Israël sera tenté de continuer ses frappes - et si les Etats-Unis vont être impliqués dans cette escalade régionale.

L’attaque israélienne n’a pas pour objectif principal de faire tomber le régime et Donald Trump ne souhaite pas s’engager dans un conflit de grande ampleur au Moyen-Orient. Or compte tenu de ce qu’est l’appareil sécuritaire iranien, composé de l’armée, des gardiens de la révolution mais aussi des bassidjis, il faudrait sans doute déployer de nombreuses troupes sur le terrain pour faire tomber le régime. D’autant plus qu’aucune opposition organisée et armée n’existe aujourd’hui sur le sol iranien.

Cela dit, l’enjeu actuel est bien la survie du régime. Parce qu’il est déjà très affaibli, impopulaire en interne, isolé diplomatiquement et qu’il n’a pas réglé la question de la succession de l’ayatollah Khamenei. Cette séquence peut accélérer son effondrement si bien que l’on ne puisse pas écarter l’hypothèse d’un affrontement interne entre les différentes composantes du régime et une prise de pouvoir de l’une des factions. Ce qui semble très probable c’est que ce régime, tel qu’il a été pensé et a évolué depuis 1979 ne peut plus tenir. Quel sera son nouveau visage ? Il est très difficile de l’anticiper aujourd’hui. 

Bonjour à toutes et à tous,

Merci de nous rejoindre ici ! Notre co-rédacteur en chef, Anthony Samrani, va bientôt commencer à répondre à vos questions.

Bonjour,

Vendredi 13 juin à 15H, heure de Beyrouth, notre co-rédacteur en chef, Anthony Samrani, répondra ici à toutes vos questions sur le conflit en cours entre l'Iran et Israël.

Vous pouvez d’ores et déjà les envoyer à l’adresse suivante : livechatolj@lorientlejour.com