Des militants, qui se dirigent vers Gaza par voie terrestre pour briser le siège du territoire dévasté par la guerre, brandissent les drapeaux palestinien et tunisien à leur arrivée à Zawiyah, à environ 45 kilomètres à l'ouest de la capitale libyenne, Tripoli, le 10 juin 2025. Photo Mahmoud Turkia / AFP
Israël a pressé mercredi l'Egypte de bloquer les « provocations » pro-palestiniennes à proximité de la bande de Gaza et obtenu de son voisin l'engagement de soumettre à des « autorisations préalables » toute action de militants étrangers sur son territoire.
L'appel des Israéliens vise la caravane Soumoud (« résistance » en arabe), un convoi composé de militants tunisiens, algériens, marocains et mauritaniens, en route vers la bande de Gaza et une marche internationale prévue le 19 juin par des militants de 44 pays à la frontière israelo-égyptienne. « J'attends des autorités égyptiennes qu'elles empêchent l'arrivée de manifestants jihadistes à la frontière israélo-égyptienne et qu'elles ne les autorisent pas à se livrer à des provocations ou à tenter d'entrer dans la bande de Gaza », a indiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz dans un communiqué.
Interpellations dans les hôtels ou à l'aéroport du Caire
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a de son côté réaffirmé dans un communiqué « l'importance des pressions sur Israël « tout en rappelant que toute action pro-palestinienne prévue par des délégations étrangères sur son territoire devait obtenir une « autorisation préalable ». L'Egypte « souligne qu'il importe de faire pression sur Israël pour lever le siège de la bande de Gaza et permettre l'accès humanitaire », affirme ce communiqué qui souligne aussi la nécessité de respecter les procédures pour les « visites de délégations étrangères voulant exprimer leur soutien au droit des Palestiniens dans la zone frontalière adjacente à Gaza ».
Plusieurs Français venus participer en Egypte à la marche internationale ont été interpellés dans leur hôtel ou à leur arrivée à l’aéroport du Caire, a déclaré à l’AFP Catherine Le Scolan-Quéré, porte-parole de la délégation française. Une dizaine de militants se trouvent actuellement retenus dans un local à l’aéroport du Caire, selon Coralie Laghouati, une infirmière de 39 ans, arrivée mercredi midi au Caire avec deux amies, l'une de 65 ans, l'autre de 58 ans, pour participer à la marche. « Mes amies ont été interceptées sans explication », a-t-elle dit à l'AFP.
« Là, on est enfermés, on nous dit de ne pas sortir, on ne nous dit pas ce qui se passe, nos passeports sont confisqués », dit l'une d'elles dans une vidéo transmise à l'AFP par l'infirmière. Selon Catherine Le Scolan-Queré, « une dizaine de Français auraient été expulsés ». La porte-parole espère cependant que les autorisations seront « rapidement » délivrées par l'ambassade égyptienne à Paris et l'ambassade de France au Caire.
Quelque 4 000 vols réservés pour le Caire
Quelque 4 000 militants de 44 pays ont réservé des vols pour le Caire afin de participer à cette action, selon Seif Abu Kishk, un des organisateurs. L'objectif est de partir du Caire en bus pour rallier la ville d’Arish (nord du Sinaï, à 344 km au nord-ouest du Caire), puis de rallier Rafah à pied, du coté égyptien de la frontière, soit « 50 km de marche en trois jours ».
Partie de Tunis, la caravane Soumoud est formée d'une dizaine d'autocars et d'une centaine de voitures est arrivée mercredi à Tripoli, la capitale libyenne où elle a été accueillie par une foule enthousiaste. Le convoi espère parcourir l'est de la Libye, contrôlé par les forces du puissant maréchal Khalifa Haftar rival du gouvernement basé à Tripoli, avant d'entrer en Egypte dont les autorités n'ont pas encore délivré de laissez-passer. Le Premier ministre du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, a salué l'accueil « chaleureux et solidaire » que lui ont réservé les Libyens.
Le convoi Soumoud, la marche et la flottille Madleen qui a été interceptée lundi par les autorités israéliennes ont « des buts communs » mais « sont trois mouvements différents », selon les organisateurs de la « Global March ».
Après 20 mois d'offensive meurtrière contre le territoire palestinien, Israël fait face à une pression internationale croissante pour autoriser davantage d'aide à Gaza afin de pallier les pénuries généralisées de nourriture et produits de première nécessité.