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Tête-à-tête Meloni-Macron à Rome pour apaiser les tensions


La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, donne une conférence de presse avec la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, au Palais Chigi à Rome, le 22 mai 2025. Photo Filippo Monteforte / AFP

La Première ministre italienne Giorgia Meloni reçoit mardi en tête-à-tête le président français Emmanuel Macron, une tentative pragmatique d'apaisement entre les deux dirigeants, après des années de relations tendues, d'accusations, voire de coups bas. C'est en tout cas ainsi que la presse italienne interprète cette visite inscrite mercredi sans fanfare à l'agenda de la dirigeante d'extrême droite. « Meloni recolle les morceaux avec Macron, la rencontre du dégel à Rome », titre ainsi Il Messaggero, tandis que le Corriere della Sera reste plus prudent en n'y voyant qu'une « tentative de dégel ».

Selon l'entourage de M. Macron, c'est « le président (qui) a proposé à Mme Meloni de venir la voir parce qu'il est dans son rôle de réunir les Européens et qu'il a à cœur de travailler également avec elle ». Un changement de pied qui pourrait permettre d'éviter une réédition des tensions survenues le 16 mai, lors du sommet des dirigeants du continent européen, à Tirana, en Albanie.

Giorgia Meloni s'était retrouvée exclue d'une réunion avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky à laquelle participaient le président français, le chancelier allemand et les Premiers ministres britannique et polonais. Elle avait été suivie d'un appel à Donald Trump. Mme Meloni avait justifié son absence par le fait qu'elle ne voulait pas envoyer de troupes en Ukraine, s'attirant aussitôt un recadrage de M. Macron devant la presse. « Je crois qu'il y a une erreur d'interprétation. La discussion que nous avions est une discussion pour obtenir un cessez-le-feu (...) Quand nous avons vu le président Zelensky (...), il n'a pas été une seule seconde question d'envoi de troupes ou quoi que ce soit. Il faut être sérieux sur l'information qu'on donne sur ces sujets », avait-il cinglé. Et d'enfoncer le clou : « Gardons-nous d'avoir des fausses informations sur ce sujet. Il y en a suffisamment qui sont distillées par les Russes et les réseaux qui les suivent ». Le lendemain, invitée à réagir à ces déclarations lors d'un point presse conjoint à Rome avec le chancelier allemand Friedrich Merz, Mme Meloni avait répliqué en appelant à « abandonner » les questions d'ego, lesquelles risquent « de saper l'unité de l'Occident, qui a été et reste fondamentale pour résoudre le conflit en Ukraine ». 

Face à un tel niveau de mésentente, il s'agit donc avant tout d'apaiser les échanges et de normaliser les rapports entre deux puissances moyennes confrontées à une multitude de crises, du conflit en Ukraine à la catastrophe humanitaire à Gaza en passant par l'offensive douanière lancée par Donald Trump, notamment contre l'Union européenne.

« Amie » de Trump

Les deux dirigeants ont compris l'intérêt de s'entendre a minima. « La France et l'Italie sont des partenaires importants l'un pour l'autre et partagent de nombreux intérêts communs, notamment dans le domaine économique », a souligné l'entourage du président français en amont de cette visite.

M. Macron n'a pourtant jusqu'ici jamais pris de gants avec Mme Meloni, arrivée au pouvoir en 2022, n'hésitant pas par exemple à déserter une réunion organisée par la Première ministre sur l'immigration lors d'un Conseil européen à Bruxelles, le 17 octobre.

L'Italie, troisième économie de la zone euro, pèse certes bien moins sur la scène diplomatique que la France, forte d'un siège au Conseil de sécurité de l'ONU et disposant de l'arme nucléaire.

Mais Mme Meloni dispose dans son jeu d'un atout de poids, sa relation privilégiée avec le président américain Donald Trump et son vice-président JD Vance, qui ont tous deux qualifié d' »amie » cette dirigeante partageant leurs valeurs conservatrices et leurs positions sur les migrants.  En pleine guerre commerciale avec Washington, ce canal de communication ne peut être négligé. C'est d'ailleurs sous les ors du palais Chigi, siège du gouvernement italien à Rome, que Giorgia Meloni a réuni le 18 mai JD Vance et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Ces entretiens étaient les premiers à un si haut niveau depuis les hausses des droits de douane décidées par Donald Trump, démontrant l'entregent et l'utilité du rôle de Mme Meloni sur la scène internationale. Cela n'aura pas échappé à M. Macron, en berne dans les enquêtes d'opinion, confronté à un parlement hostile, et pour qui la diplomatie est devenue l'un des seuls terrains où il peut encore espérer briller d'ici la fin de son mandat en 2027.

Quant à Giorgia Meloni, qui bénéficie toujours d'un taux enviable de 46,5 % d'opinions favorables après deux ans et demi au pouvoir, elle pourrait elle aussi trouver intérêt à établir un « modus vivendi » avec le président français, dont les croche-pieds ont pu nuire à la stature internationale qu'elle entend se donner.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni reçoit mardi en tête-à-tête le président français Emmanuel Macron, une tentative pragmatique d'apaisement entre les deux dirigeants, après des années de relations tendues, d'accusations, voire de coups bas. C'est en tout cas ainsi que la presse italienne interprète cette visite inscrite mercredi sans fanfare à l'agenda de la dirigeante d'extrême droite. « Meloni recolle les morceaux avec Macron, la rencontre du dégel à Rome », titre ainsi Il Messaggero, tandis que le Corriere della Sera reste plus prudent en n'y voyant qu'une « tentative de dégel ».Selon l'entourage de M. Macron, c'est « le président (qui) a proposé à Mme Meloni de venir la voir parce qu'il est dans son rôle de réunir les Européens et qu'il a à cœur de...