
Le ministre de l’Agriculture, Nizar Hani, prononçant un discours lors de la conférence « L’agriculture, pouls de la Terre », le 21 mai 2025. Photo présidence libanaise.
Sous le patronage et en présence du président de la République, le général Joseph Aoun, s’est ouverte mercredi matin à Beyrouth la conférence intitulée « L’agriculture, pouls de la Terre ». Organisée à l’initiative du ministre de l’Agriculture, Nizar Hani, et du président du Conseil économique, Charles Arbid, cette rencontre a mis en lumière l’importance cruciale de l’agriculture dans la reconstruction économique du Liban.
Dans un discours prononcé à cette occasion, le ministre a réaffirmé sa volonté de «redonner à l’agriculture son rôle central», en la définissant comme un secteur productif, durable et moderne, « pilier de l’économie nationale, rempart de la souveraineté alimentaire et fondement d’un État productif et équitable ». Il a insisté sur la mise en œuvre d’une vision intégrée et cohérente pour restaurer « le rôle stratégique » de ce secteur.
M. Hani a abordé, dans ce cadre, plusieurs projets de son ministère. Une loi pour protéger les forêts contre l’abattage illégal et les incendies a été rédigée, a-t-il indiqué, ajoutant : « Nous menons une bataille pour mettre fin à la pêche illégale, et espérons que le Parlement adoptera la loi sur la pêche maritime ». « La structure vieille de plus de 30 ans » du département est en train d'être revue et « un processus de numérisation globale » sera lancé, a-t-il encore dit.
« En coopération avec nos partenaires locaux et internationaux, et grâce à une volonté politique, nous mettons en place cette année un plan intégré pour relancer le secteur agricole », a assuré Nizar Hani. Il espère ainsi développer une agriculture « capable de créer des milliers d’emplois en zones rurales, un levier économique vital, qui préserve la souveraineté nationale, nourrit la population et ancre les agriculteurs dans leur terre ».
Le ministre a également lancé un appel aux jeunes Libanais, les encourageant à s’investir dans ce secteur porteur, à y introduire les nouvelles technologies et l’Intelligence artificielle, tout en respectant les racines agricoles du pays. « J’invite aussi le secteur privé à investir de manière responsable dans l’agriculture, car l’agriculteur est la pierre angulaire de cette chaîne de valeur », a-t-il souligné.
M. Hani a estimé que la présence du président Aoun à la conférence est « le message de soutien le plus éloquent à l’agriculture et aux agriculteurs ». « Que l’année 2025, la première de votre mandat, soit celle du véritable essor du secteur agricole et de la transformation radicale de la voie de notre économie nationale : d’une économie rentière et consumériste à une économie productive, durable, fondée sur l’investissement efficace et équitable de nos ressources naturelles et humaines », a dit le ministre.
Lors de sa prise de parole, le président du Conseil économique a noté, pour sa part, que «l’agriculture a toujours été un pilier de notre économie nationale». « Les crises économiques et financières ont mis à nu la fragilité de notre système, mais elles ont aussi mis en lumière le trésor oublié qu’est notre terre, et une opportunité stratégique nommée agriculture », a-t-il ajouté.
M. Arbid a déploré que « la contribution de l’agriculture au PIB reste modeste », et ne reflète pas la richesse de la terre, mais plutôt « l’accumulation de politiques défaillantes ». Il a aussi évoqué une « crise structurelle complexe ». « Nous aspirons à une nouvelle compréhension du secteur agricole au Liban, en harmonie avec les évolutions des marchés régionaux et mondiaux », a-t-il poursuivi.
Il a également estimé qu'« il est très important de protéger l’identité des produits agricoles libanais, en les inscrivant sous le régime de l’appellation d’origine contrôlée (AOC), comme une étape stratégique pour renforcer la confiance des consommateurs, tant sur les marchés internes qu’externes ». « Cela offre un cadre juridique, une protection légale internationale et accroît la compétitivité des produits libanais sur les marchés mondiaux », a-t-il expliqué.
L’agriculture libanaise a toujours été un secteur vital mais fragile, confronté à un déclin progressif lié à des problèmes structurels et conjoncturels. Depuis le début de la crise financière en 2019, les agriculteurs libanais font face à de lourdes difficultés, notamment la hausse des coûts du carburant et des intrants importés comme les semences et les engrais. Le secteur a aussi subi un coup dur avec l’interdiction des produits libanais imposée par l’Arabie saoudite en avril 2021, une mesure qui a fortement impacté les exportations agricoles.