
Une affiche électorale détruite d'un membre du parti d'extrême droite de la Confédération, Slawomir Mentzen, est visible sur une clôture à Varsovie le 6 mai 2025. Photo AFP/WOJTEK RADWANSKI
Le premier tour de l'élection présidentielle polonaise, qui aura lieu dimanche, pourrait redéfinir la place de la Pologne dans l'UE, au terme d'une campagne dominée par la confrontation entre un pro-européen convaincu et un nationaliste admirateur de Donald Trump.
La campagne a largement tourné autour des questions de politique étrangère et de la place de Varsovie entre l'UE et les Etats-Unis, et a mis en lumière un affrontement de deux philosophies distinctes. « C'était une sorte de campagne identitaire », a indiqué à l'AFP Marcin Zaborowski du centre de réflexion Globsec, avec « des questions liées à l'Ukraine, des relations avec l'Union Européenne, la migration, les États-Unis ».
Sauf surprise, le deuxième tour prévu le 1er juin se jouera entre le favori, le pro-européen Rafal Trzaskowski, candidat de la Coalition civique du Premier ministre Donald Tusk, crédité de 32,6% des intentions de vote et l'historien Karol Nawrocki promu par l'opposition nationaliste du Droit et Justice (PiS), soutenu par 26,4% des électeurs, selon un dernier sondage. M. Trzaskowski, avait perdu la course à la présidence en 2020 face au chef de l'Etat sortant Andrzej Duda.
La troisième marche du podium ira probablement à Slawomir Mentzen, représentant de l'extrême droite (10,8%). Ni les trois candidats de la gauche divisée, bénéficiant ensemble d'environ 11% des intentions de vote, ni les autres parmi les treize candidats en lice n'ont de chance de passer au second tour.
La campagne a été émaillée par un scandale concernant un appartement que M. Nawrocki avait acquis auprès d'un homme âgé, une transaction jugée obscure par des observateurs et ses opposants.
Paralysé ?
Sur le plan intérieur, la victoire du maire de Varsovie, âgé de 53 ans, pourrait donner un coup d'accélérateur à la coalition pro-européenne arrivée au pouvoir en 2023 dans ce pays membre de l'Otan et de l'UE. Le succès de M. Nawrocki, 42 ans, pourrait, en revanche, replonger ce pays de 38 millions d'habitants dans une cohabitation difficile.
L'enjeu principal de l'élection est de « débloquer l'efficacité et la capacité décisionnelle du gouvernement qui restent entravées par le président » Duda, allié de l'opposition populiste, estime Marcin Zaborowski.
Selon la Constitution, le président a des pouvoirs limités mais dispose de droit de veto sur les initiatives législatives, mesure utilisée fréquemment par M. Duda. La victoire de M. Trzaskowski permettrait au gouvernement de réaliser ses engagements les plus importants.
Des promesses pas honorées, concrétisées partiellement ou avec du retard ont fait bien des déçus depuis 2023, notamment parmi les défenseurs des droits des femmes, dont celui à l'avortement, quasiment interdit en Pologne.
« Avec Nawrocki, le gouvernement sera de fait paralysé, et cela peut mener à terme à la chute de la coalition au pouvoir », estime la politologue Anna Materska-Sosnowska. Sa victoire signifierait « en réalité le retour des populistes, avec une force décuplée, au plus tard dans deux ans », lors des prochaines élections législatives, ajoute-t-elle.
« Vous allez gagner »
Depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Tusk, Varsovie renforce sa position en Europe, et le pays est devenu acteur-clé sur le flanc est face à la Russie. Cela fait, estime Mme Materska-Sosnowska, que cette élection est « fondamentale », non seulement pour la Pologne, « mais aussi pour ce qui est des tentatives d'arrêter la tendance antidémocratique, populiste, qui traverse l'Europe ».
Opinion partagée par Wojciech Przybylski, directeur de la fondation Res Publica. « Cette élection concerne la sécurité d'un pays clé sur le flanc oriental de l'OTAN » qui, après l'élection roumaine du dimanche, risque d'y rester « le seul État d'importance stratégique pour la sécurité, capable de dissuader l'agression russe du côté occidental », précise-t-il.
Karol Nawrocki est lui aussi « clairement lié à la pensée et à l'attitude promues par Donald Trump », alors que la coalition pro-européenne au pouvoir « essaie au moins de contrebalancer le président américain et d'opérer dans un nouveau paradigme où la sécurité n'est pas fondée uniquement sur les liens transatlantiques ».
La semaine dernière, M. Tusk a signé un traité avec la France, engageant les deux parties à une assistance mutuelle en cas d'attaque par un agresseur. M. Nawrocki, qui a rencontré Donald Trump à la Maison Blanche deux semaines avant l'élection, affirme avoir entendu ce dernier lui dire: « Vous allez gagner ». Cette rencontre a soulevé en Pologne des accusations d'ingérence américaine dans l'élection.
M. Nawrocki a également obtenu le soutien du candidat nationaliste à la présidence roumaine George Simion, qui lui aussi adule Donald Trump, et qui est récemment apparu à ses côtés lors d'une rencontre électorale. Les deux admirateurs du président américain ont promis de travailler ensemble.
bo/sw/gge
Le premier tour de l'élection présidentielle polonaise, qui aura lieu dimanche, pourrait redéfinir la place de la Pologne dans l'UE, au terme d'une campagne dominée par la confrontation entre un pro-européen convaincu et un nationaliste admirateur de Donald Trump.La campagne a largement tourné autour des questions de politique étrangère et de la place de Varsovie entre l'UE et les Etats-Unis, et a mis en lumière un affrontement de deux philosophies distinctes. « C'était une sorte de campagne identitaire », a indiqué à l'AFP Marcin Zaborowski du centre de réflexion Globsec, avec « des questions liées à l'Ukraine, des relations avec l'Union Européenne, la migration, les États-Unis ».Sauf surprise, le deuxième tour prévu le 1er juin se jouera entre le favori, le pro-européen Rafal Trzaskowski, candidat...