Un terrain de football dans le désert près d’al-Amamriya, dans l’ouest du Qatar, le 15 novembre 2022, avant la Coupe du monde de football. Odd Andersen/AFP
Le Mondial-2034 de football, attribué en décembre à l'Arabie saoudite par la Fifa, ne doit pas être organisé « sur le dos d'ouvriers morts », demande Human Rights Watch, qui publie mercredi un rapport sur les violations du droit des travailleurs immigrés dans le royaume.
Le rapport s'appuie notamment sur des entretiens avec 31 familles d'ouvriers décédés sur des chantiers de « méga-projets », provenant du Bangladesh, d'Inde et du Népal et âgés de 23 à 52 ans, ou encore sur trois témoins directs d'accidents mortels. « De nombreux travailleurs immigrés en Arabie saoudite sont morts d'accidents du travail qui auraient pu être évités », indique le rapport. « La majorité de ces morts n'est pas classée comme accident du travail, ce qui prive les familles d'indemnités. Et quand il est possible, le processus pour être indemnisé est long et harassant », selon HRW. « Il y a eu des électrocutions, des décapitations, des écrasements : l'Arabie saoudite est un environnement de travail extrêmement dangereux », a développé Michael Page, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, lors d'une visioconférence de presse.
L'exposition prolongée à la chaleur, le sable et la poussière, les lois existantes pas appliquées, le niveau du droit du travail en Arabie saoudite, l'inexistence des libertés d'expression, syndicale ou de la presse « auraient dû sonner l'alerte chez la Fifa » en vue de l'attribution du Mondial, a-t-il estimé.
« Le bilan des morts n'est pas connu » puisqu'aucune instance n'est en mesure de le documenter, a souligné pour sa part Ambet Yuson, secrétaire général de la Fédération internationale des syndicats d'ouvriers de la construction et du bois (BWI), et partenaire de HRW. « Plus de méga-projet, de ville intelligente, de Mondial en Arabie saoudite sur le dos d'ouvriers morts », a-t-il exigé. Ses équipes ont été interdites d'entrer sur le territoire d'Arabie saoudite pour mener l'enquête, comme au Qatar avant le Mondial-2022. Un parallèle que dressent tous les auteurs du rapport, puisque de nombreuses ONG ont dénoncé dans cet Etat les conditions de travail et les morts parmi les travailleurs immigrés.
En Arabie saoudite, un premier immigré travaillant sur un chantier lié au Mondial-2034 est mort en avril, selon HRW.
Nicholas McGeehan, dirigeant fondateur de FairSquare, une ONG de défense des droits humains, a prévenu : « C'est à peu près certain que des milliers d'ouvriers vont mourir, ce sera directement lié à la Coupe du monde, et c'est inacceptable ». Selon Michael Page, « la Fifa est responsable de la supervision des constructions de stades, mais aussi du développement des infrastructures nécessaires pour accueillir la compétition ».