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Dernières Infos - Syrie

Le plus influent chef druze s'en prend au pouvoir, dénonce des « massacres »

Selon une ONG, le bilan des heurts confessionnels s'élève à plus de 100 morts depuis mardi soir.

Des hommes druzes manifestent en solidarité avec la communauté druze syrienne près de la barrière frontalière dans le village de Majdel Chams sur le plateau du Golan annexé par Israël, le 30 avril 2025. Photo d'illustration AFP / JALAA MAREY

Le plus influent chef religieux druze en Syrie a dénoncé jeudi une « campagne génocidaire » contre sa communauté et s'en est pris au pouvoir d'Ahmad el-Chareh, après des combats confessionnels ayant fait plus de 100 morts en deux jours selon une ONG. Ces heurts près et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement du président Bachar el-Assad, issu de la minorité alaouite.

Dans un communiqué, cheikh Hikmat al-Hajri a dénoncé une « campagne génocidaire injustifiée » visant des « civils à leur domicile » et réclamé « une intervention immédiate de forces internationales ». « Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement (...) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, prétend que ce sont des éléments incontrôlés ». « Un gouvernement protège son peuple. »

Réagissant sur X, le chef de la diplomatie syrienne Assaad el-Chibani a jugé que « tout appel à une intervention étrangère, sous quelque prétexte ou slogan que ce soit, mènera à une détérioration de la situation et à davantage de divisions ».

Les combats à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des druzes, ainsi qu'à Soueïda à majorité druze ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite. Les violences avaient été déclenchées par des attaques des pro-Assad contre les forces de sécurité.

Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité. Les druzes sont une minorité ésotérique issue de l'islam chiite et ses membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël. Les alaouites sont une autre branche minoritaire de l'islam, tandis que le sunnisme et le chiisme en sont les deux principaux courants.

« Engagement ferme »

Les combats ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message. Les autorités syriennes ont accusé des « groupes hors-la-loi » d'avoir provoqué les violences.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 30 membres des forces de sécurité du pouvoir islamiste et combattants affiliés ont été tués, ainsi que 21 combattants druzes et 10 civil lors d'affrontements dans les banlieues de Jaramana et Sahnaya, près de Damas, mardi et mercredi. Dans la province de Soueïda (sud), bastion de la communauté druze près d'Israël, 40 autres combattants druzes ont été tués mercredi, dont 35 dans une embuscade.

A cette occasion, le pouvoir syrien a réaffirmé son « engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze ». Il a aussi exprimé « son rejet catégorique de toute ingérence étrangère » après l'intervention militaire israélienne.

« Etendre le chaos »

Israël a mené plusieurs frappes affirmant cibler des objectifs du pouvoir syrien. Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre. Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt, a accusé Israël d'instrumentaliser les druzes de Syrie. « Israël continue de vouloir appliquer son plan de toujours (...) consistant à morceler la région en entités confessionnelles et étendre le chaos », a-t-il déclaré fin mars.

Dès la chute de Bachar el-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes. Mais les dignitaires druzes ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie et rejeté les menaces israéliennes contre le pouvoir syrien.

« En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...) », estime Michael Horowitz, un analyste indépendant. La France a condamné « les violences confessionnelles meurtrières à l'encontre des druzes en Syrie » et appelé « Israël à ne pas conduire d'actions unilatérales susceptibles d'aggraver les tensions communautaires ».

Réactions au Liban

Au Liban, le cheikh Akl Sami Abi el-Mouna s’est entretenu par téléphone avec l’ambassadeur saoudien Walid Boukhari pour l’informer de la situation en cours à Achrafié Sahnaya et dans ses environs, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officelle). Il a été convenu d’envisager la tenue urgente d’une réunion à la maison de la communauté druze, rassemblant plusieurs ambassadeurs de pays influents dans le dossier syrien, afin d’œuvrer à une position commune visant à faire cesser les effusions de sang et les actes de violence et de brutalité visant les civils dans leurs maisons et leurs villages, a encore précisé l'Ani. Mercredi, les deux principales personnalités druzes libanaises, Walid Joumblatt et le cheikh Akl Sami Abi el-Mouna, ont intensifié leurs efforts diplomatiques pour contenir l’escalade, dénoncer toute tentative d’ingérence israélienne et appeler à un cessez-le-feu immédiat. 

Le Parti Syrien Social Nationaliste au Liban a déclaré dans un communiqué que « les événements graves de nature sectaire, religieuse et criminelle se produisant à Jarmana, Sahnaya, Ashrafiyat Sahnaya et Sweida, annoncent un grand tournant qui menace l'avenir, l'unité et la stabilité de la Syrie. » Le parti a condamné « tous les meurtres et les réactions sectaires », appelant tout le monde à « faire preuve de la plus grande sagesse et responsabilité dans le traitement du projet de sédition que de nombreuses parties cherchent à réaliser, visant à détruire la structure sociale et l'infrastructure de l'État en Syrie. »

Le plus influent chef religieux druze en Syrie a dénoncé jeudi une « campagne génocidaire » contre sa communauté et s'en est pris au pouvoir d'Ahmad el-Chareh, après des combats confessionnels ayant fait plus de 100 morts en deux jours selon une ONG. Ces heurts près et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement du président Bachar el-Assad, issu de la minorité alaouite.Dans un communiqué, cheikh Hikmat al-Hajri a dénoncé une « campagne génocidaire injustifiée » visant des « civils à leur domicile » et réclamé « une intervention immédiate de forces internationales ». « Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement (...) Un gouvernement ne...