
D.R.
Le Salon du livre de Paris, rebaptisé Festival du livre, s’est tenu les 11, 12 et 13 avril sous la voûte du Grand Palais. Ferveur du public et magnificence du lieu, ces trois jours exclusivement consacrés au livre ont tenu leur promesse.
Un temps infini que les professionnels de l’édition et de la librairie attendaient ce moment : le Salon du livre de Paris est enfin de retour dans l’écrin du Grand Palais qui l’accueillait jadis, avant que le salon ne s’exile pour trente ans à la Porte de Versailles.
Jeudi soir, jour de l’inauguration du salon, le monde de l’édition est au complet. Éditeurs, auteurs, attachées de presse, diffuseurs, distributeurs et prescripteurs (parmi lesquels les nouveaux BookTokeurs issus de la génération TikTok) se sont donné rendez-vous. Ils sont munis du précieux sésame, bracelet bleu pour les auteurs, blanc pour les exposants. Un soin particulier a été mis dans les tenues, une application dans le maintien. Une fois passé les sas de sécurité, chacun s’exclame en pénétrant dans la gigantesque nef de verre et de fer, ébloui de lumière, sur la beauté du lieu. Le Festival du livre semble être le rendez-vous de l’année à ne pas manquer.
Il faut dire que la nef parisienne de 77 000 mètres carrés qui possède un kilomètre de façades, sise à deux pas du palais de l’Élysée, en impose. Vaisseau à la Jules Verne, monument à la Hugo, il est donc logique que le Grand Palais soit redevenu, ne serait-ce que pour un temps court puisque le festival ne s’étale que sur trois jours contre quatre l’année précédente, le grand lieu de la célébration du livre. Son temple.
Vendredi, samedi, dimanche, tout le long du week-end, une foule ininterrompue de lecteurs a défilé au salon. Car en vérité, le salon est un baromètre de la santé du livre. En même temps qu’un applaudimètre ! Parmi les auteurs, 1 200 ont signé cette année, tous n’ont pas la même audience. Musso chez Calmann-Levy, Amélie Nothomb chez Albin Michel, Vanessa Springora chez Grasset voient leur file d’attente s’allonger devant leur stand. Pour les auteurs confidentiels, c’est plus compliqué. « Au moins cela permet de rencontrer des gens », confie un auteur installé sur un stand de région. « Cela fait plaisir de voir autant de monde pour le livre. »
Le Festival du livre est aussi l’occasion de quelques coups d’éclat. Ce sont les happenings avec la déambulation de danseurs au milieu des travées du Salon, la manifestation de la grande dictée en direct du Festival sous l’égide d’Emma Green, Tatiana de Rosnay, Leïla Slimani, retransmise dans la France entière, et quelques empoignades et mots d’oiseau samedi sur le stand de Fayard, l’éditeur de Jordan Bardella. De son côté, le couple présidentiel, venu en voisin, a fait une courte apparition sous bonne escorte.
Cette année l’invité d’honneur était le Maroc. Avec ses 50 auteurs présents et 38 maisons représentées, le pays du Maghreb a montré son intérêt pour le livre et sa belle santé littéraire. Les rencontres organisées sous le chapiteau marocain ont connu un franc succès.
En fait, le Salon du livre devenu Festival du livre ne cesse d’élargir ses propositions pour les visiteurs. On ne vient pas ici seulement acheter des livres ou voir des auteurs, on peut également échanger au cours de débats, assister à des remises de prix (dont le Prix Marie-Claire remis à Minh Tran Huy pour Ma grand-mère et le Pays de la poésie, publié chez Flammarion), participer à des ateliers, visiter une exposition à la « galerie de la mer », visionner des films et des séries. Pour Pierre-Yves Bérenguer, directeur du Festival du livre de Paris, « ce sont ces propositions multiples qui séduisent le public ».
Fait très remarquable, l’affluence du public justement – 114 000 entrées dénombrées à la fin du week-end contre 105 000 l’an dernier – qui est constitué pour partie de jeunes gens, de jeunes femmes à vrai dire. Les adeptes du genre de la romance et ses avatars (de la new romance à la dark romance) ont inondé les stands d’Hugo Publishing, de Nox (groupe Albin), de Wawes (Delcourt), BMR (groupe Hachette) ou de Slalom. Les ventes de livres dans ce secteur ont bondi de 59 % l’année dernière. C’est le phénomène éditorial du moment.
« Nous constatons toujours avec une grande satisfaction une affluence massive des jeunes », s’enthousiasme Vincent Montagne, président du Syndicat national du Livre qui tire le bilan de cette édition 2025. « Avec 450 maisons d’édition de toutes tailles, implantées tant à Paris qu’en régions, le public a eu accès à une très grande diversité éditoriale. » À l’heure de l’assaut des bouleversements engendrés par l’industrie du numérique, le cœur du livre bat encore. En 1450, à Mayence, Gutenberg mettait sous presse le premier livre imprimé. Selon les chiffres du SNE (Syndicat national de l’édition), il s’en est vendu 439 millions en 2024.