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Enquête sur le port de Beyrouth : des juges français s'entretiennent avec Hajjar et Bitar


Enquête sur le port de Beyrouth : des juges français s'entretiennent avec Hajjar et Bitar

Les silos du port de Beyrouth, peu après un effondrement partiel de la structure, le 31 juillet 2022, près de deux ans après l'explosion meurtrière du 4 août 2022. Photo Matthieu Karam

Une délégation judiciaire française a rencontré mardi matin le procureur général près la Cour de cassation, le juge Jamal Hajjar, avant s'entretenir longuement avec le juge Tarek Bitar, en charge de l’enquête sur la double explosion meurtrière au port de Beyrouth survenue en 2020, rapporte l’Agence nationale d'information (Ani, officielle). Les échanges ont porté sur le partage d’informations liées à cette affaire.

Les magistrats français mènent une enquête distincte de celle du Liban, portant sur l’explosion « dans laquelle trois ressortissants français sont morts et des dizaines d'autres ont été blessés », selon les propos confiés à l'AFP par une source judiciaire ayant requis l’anonymat. Les deux parties visent à échanger « des informations utiles à l’avancement de leurs enquêtes respectives », a précisé cette même source, ajoutant que le juge Bitar devrait recevoir « le rapport technique complet élaboré par les experts français arrivés le lendemain de l’explosion ». Cet échange d’informations intervient alors que le magistrat libanais n’a pu jusqu’ici accéder à des éléments d’enquête étrangers, en raison de son interdiction de voyager décrétée par Ghassan Oueidate en janvier 2023 et de son impossibilité à envoyer des commissions rogatoires à l’international.

Bien que la délégation française n’ait pas remis le rapport technique lors de la réunion de mardi, une seconde rencontre avec le juge Bitar est prévue mercredi afin de poursuivre les discussions. Les magistrats français doivent également rencontrer le président du Conseil supérieur de la magistrature, le juge Souheil Abboud, ainsi que le ministre de la Justice, Adel Nassar, avant leur départ de Beyrouth prévu jeudi.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire avait dévasté des pans entiers de la capitale libanaise, tuant plus de 220 personnes, et en blessant plus de 6.500. Peu après, la justice française avait présenté trois rapports techniques basés notamment sur l’analyse du sol et des images satellites. Selon une source informée, ces images ne se sont toutefois pas révélées utiles à l’enquête.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt au port de Beyrouth où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables, accusés de négligence.

Une enquête avait été ouverte au Liban, mais M. Bitar avait dû l'interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah pro-iranien, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires le visant. Il a repris ses investigations début 2025, et interrogé dans ce cadre plusieurs anciens responsables, dont l'ex-Premier ministre Hassane Diab et l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk.

La reprise des investigations a coïncidé avec l'élection de Joseph Aoun à la tête de l'Etat et la formation d'un gouvernement dirigé par le réformateur Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à respecter l'indépendance de la justice. Elle intervient alors que l'influence du Hezbollah s'est affaiblie, après une guerre ouverte avec Israël qui a pris fin le 27 novembre par un cessez-le-feu. Le Hezbollah et son allié, le mouvement Amal, critiquent l'enquête du juge Bitar, qu'ils estiment « politisés » depuis qu'il a lancé des poursuites contre plusieurs responsables relevant d'Amal, notamment les anciens ministres Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter. 

Une délégation judiciaire française a rencontré mardi matin le procureur général près la Cour de cassation, le juge Jamal Hajjar, avant s'entretenir longuement avec le juge Tarek Bitar, en charge de l’enquête sur la double explosion meurtrière au port de Beyrouth survenue en 2020, rapporte l’Agence nationale d'information (Ani, officielle). Les échanges ont porté sur le partage d’informations liées à cette affaire.Les magistrats français mènent une enquête distincte de celle du Liban, portant sur l’explosion « dans laquelle trois ressortissants français sont morts et des dizaines d'autres ont été blessés », selon les propos confiés à l'AFP par une source judiciaire ayant requis l’anonymat. Les deux parties visent à échanger « des informations utiles à l’avancement de leurs enquêtes respectives »,...