Des journalistes se rassemblent devant la prison de Toulon-La Farlede avant une visite du ministre français de la Justice à La Farlede, près de Toulon, dans le sud de la France, le 15 avril 2025. Miguel MEDINA / AFP
Quinze jours après les premières attaques mystérieuses de prisons au nom d'un groupe inconnu « DDPF », vingt-cinq interpellations ont eu lieu lundi partout en France dans le cadre d'une vaste opération de police.
L'opération, lancée à 06h00 (04h00 GMT) lundi, s'est déroulée en région parisienne, à Marseille (sud-est), Lyon (centre-est) et Bordeaux (sud-ouest), selon une source proche du dossier confirmant des informations du magazine Paris-Match. Dans un communiqué, le Parquet national antiterroriste (Pnat), qui s'est saisi du dossier, en raison notamment du caractère coordonné des actions, a ajouté que des perquisitions étaient en cours. Le Pnat a annoncé dans un premier temps dans un communiqué 22 interpellations. Auxquelles se sont ajoutées « trois interpellations supplémentaires » plus tard dans la matinée, a-t-il précisé.Les investigations ont permis des « avancées significatives » quant à l'identification des personnes ayant pu commettre les faits et sur les « commanditaires », affirme le Pnat.
Il recense une quinzaine de faits entre le 13 et le 21 avril, mais d'autres faits ont visé d'autres établissements pénitentiaires, sans que des « liens » puissent « nécessairement » être établis « à ce stade » avec cette enquête, a précisé le Pnat, qui a été néanmoins avisé par les parquets locaux.
Le coup de filet intervient alors que le Sénat, puis l'Assemblée nationale, s'apprêtent à voter cette semaine une proposition de loi destinée à renforcer la lutte contre les narcotrafiquants pour une adoption définitive.
Groupe inconnu
Alors que les ministres français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et de la Justice, Gérald Darmanin, avaient dès le début de ces attaques mystérieuses vu la main des narcotrafiquants, le Pnat et la Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) ont relevé dans leur communiqué commun que les faits étaient « susceptibles de s'inscrire » dans la « très grande criminalité organisée ». Dans un message sur le réseau social X, Bruno Retailleau a salué l'action des « magistrats et des enquêteurs » qui ont « fait preuve d'un grand professionnalisme ».
« Merci aux magistrats et aux forces de l'ordre d'avoir procédé tôt ce (lundi) matin à l'interpellation des auteurs présumés des attaques contre les agents pénitentiaires et les prisons de notre pays. Force reste à la loi et à la République dans notre lutte implacable contre le narcotrafic », a écrit sur X Gérald Darmanin.
Le 13 avril à Agen (sud-ouest) était apparu pour la première fois le tag « DDPF » (Défense des prisonniers français) près de sept voitures incendiées sur le parking de l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire (Enap). S'en était suivie une série d'incendies de voitures de personnels pénitentiaires un peu partout en France, des tirs de mortiers d'artifices sur des prisons, voire des tirs de kalachnikov comme à Toulon (sud-est).
Le Pnat s'est saisi de ces faits, ainsi que des tirs par arme à feu et des jets de deux cocktails Molotov ayant visé le 21 avril un lotissement à Villefontaine (Alpes françaises) où résident des agents pénitentiaires, non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier. Des tags « DDPF » avaient également été retrouvés.
Le groupe « DDPF » totalement inconnu avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram, qui les a ensuite supprimés et fermé le canal. Si le mode opératoire de certains faits porte les marques de la criminalité organisée, d'autres actions faisaient davantage penser à l'ultragauche, avait relevé une source policière, pour qui certains militants ont pu se greffer sur la campagne initiale.
Au cours des deux semaines d'enquête, qui ont mobilisé près de 200 enquêteurs sur l'ensemble du territoire, a précisé le Pnat, 260 scellés ont été analysés par la police scientifique, 10 millions d'identifiants téléphoniques ont été « criblés » et 90 techniques spéciales d'enquête réalisées.
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