La famille de Sameer Guha, un touriste indien tué par des hommes armés la veille sur le site touristique de Pahalgam au Cachemire, pleurent ses funérailles près de leur maison à Calcutta, le 23 avril 2025. Dibyangshu SARKAR / AFP
Suspension des visas, expulsion de diplomates et fermeture de frontières: le ton est monté d'un cran jeudi entre l'Inde et le Pakistan après l'attentat qui a causé la mort de 26 civils au Cachemire indien, dont New Delhi impute la responsabilité à Islamabad.
Dans une brusque escalade, les autorités des deux puissances nucléaires ont annoncé que les ressortissants de leur voisin et rival étaient priés de quitter rapidement leur territoire.
Sans mettre formellement en cause le Pakistan, le Premier ministre indien Narendra Modi a durci son discours en promettant de traquer « jusqu'au bout de la terre » les auteurs de l'attaque et leurs complices.
Mardi, au moins trois tireurs, selon la police indienne, ont ouvert le feu sur des touristes à Pahalgam, dans les contreforts de l'Himalaya, tuant 25 Indiens et un Népalais.
Cette attaque est la plus meurtrière visant des civils depuis 2000 dans ce territoire indien à majorité musulmane.
Le Pakistan a nié toute responsabilité.
Dès mercredi pourtant, le gouvernement ultranationaliste hindou de New Delhi a ouvert le bal des sanctions en dévoilant une première série de représailles diplomatiques.
Entre autres mesures largement symboliques, la suspension d'un traité sur le partage des eaux de l'Indus, la fermeture du principal poste-frontière terrestre et le rappel de diplomates.
Jeudi, la diplomatie indienne a annoncé la « suspension à effet immédiat » de la délivrance des visas aux Pakistanais et l'annulation de tous ceux en cours d'ici au 29 avril.
« Acte de guerre »
A l'issue d'une rare réunion de son Comité de la sécurité nationale, le Pakistan a riposté en annonçant l'expulsion de diplomates et la suspension des visas délivrés à des Indiens, ainsi que la fermeture de sa frontière et de son espace aérien aux compagnies indiennes.
Promettant des « mesures fermes » contre toute « menace indienne », Islamabad a également averti que toute tentative par son voisin de réduire son approvisionnement en eau de l'Indus serait un « acte de guerre ».
Pour sa première réaction publique, Narendra Modi n'avait pas mâché ses mots: « Je le dis au monde entier: l'Inde identifiera, poursuivra et punira les terroristes et ceux qui les soutiennent. Nous les poursuivrons jusqu'au bout de la terre ».
Plusieurs dirigeants étrangers ont exprimé leurs condoléances à M. Modi depuis l'attaque, notamment le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le président français Emmanuel Macron, a indiqué le ministère indien des Affaires étrangères jeudi.
« Comme l'ont dit le président Donald Trump et le secrétaire d'Etat Marco Rubio, les Etats-Unis sont aux côtés de l'Inde », a déclaré pour sa part la porte-parole du département d'Etat américain, Tammy Bruce.
« Ils condamnent fermement tous les actes de terrorisme (...) et demandent à ce que les auteurs de cet acte odieux soient traduits en justice », a-t-elle ajouté.
Mercredi, le ministre indien de la Défense Rajnath Singh avait menacé de représailles « ceux qui ont organisé ça en cachette », visant implicitement le Pakistan.
Le ministre pakistanais de la Défense a répondu.
« L'Inde mène une guerre de basse intensité contre nous et s'ils veulent faire monter les enchères, nous sommes prêts. Pour protéger notre terre, nous ne plierons devant aucune pression internationale », a dit Khawaja Asif.
De nombreux experts anticipent une riposte militaire de New Delhi, comme en 2019 après une attaque meurtrière contre un convoi de militaires indiens.
« Cette attaque va faire revenir les relations entre les deux pays à leurs heures les plus sombres », a anticipé pour l'AFP Praveen Donthi, de l'International Crisis Group (ICG).
La fusillade de Pahalgam n'avait toujours pas été revendiquée jeudi à la mi-journée.
Menaces et harcèlement
La police a diffusé les portraits-robot de trois suspects, dont deux ressortissants pakistanais, les présentant comme membres du groupe Lashkar-e-Taiba (LeT), basé au Pakistan.
Ce groupe est soupçonné des attaques jihadistes qui ont fait 166 morts dans la mégapole indienne de Bombay en 2008.
Le Cachemire - majoritairement musulman - a été partagé entre l'Inde et le Pakistan à leur indépendance en 1947. Ils continuent depuis à réclamer la souveraineté sur l'ensemble du territoire.
Depuis 1989, les combats entre insurrection séparatiste et troupes indiennes ont fait des dizaines de milliers de morts.
Jeudi encore, un soldat a été tué dans un accrochage à Basantgarh, a rapporté l'armée indienne.
A Srinagar, principale ville du Cachemire contrôlé par l'Inde, la situation était calme, mais de nombreux habitants ne cachaient pas leurs craintes.
« Tous ceux avec lesquels j'ai parlé ont le coeur brisé et sont choqués par la tournure des événements », a réagi auprès de l'AFP l'historien local Siddhi Wa Hid. « Mais il est encore trop tôt pour se prononcer sur (les) raisons » de l'attaque.
De nombreux touristes indiens ont rapidement quitté la ville. Mais ses rues restaient très animées, notamment dans ses fameux jardins.
Côté Cachemire pakistanais, des centaines de manifestants ont défilé, comme dans d'autres villes du Pakistan, à l'appel d'un parti appelant à la lutte armée pour rattacher l'ensemble du Cachemire à la République islamique.
Suspension des visas, expulsion de diplomates et fermeture de frontières: le ton est monté d'un cran jeudi entre l'Inde et le Pakistan après l'attentat qui a causé la mort de 26 civils au Cachemire indien, dont New Delhi impute la responsabilité à Islamabad.Dans une brusque escalade, les autorités des deux puissances nucléaires ont annoncé que les ressortissants de leur voisin et rival étaient priés de quitter rapidement leur territoire.Sans mettre formellement en cause le Pakistan, le Premier ministre indien Narendra Modi a durci son discours en promettant de traquer « jusqu'au bout de la terre » les auteurs de l'attaque et leurs complices.Mardi, au moins trois tireurs, selon la police indienne, ont ouvert le feu sur des touristes à Pahalgam, dans les contreforts de l'Himalaya, tuant 25 Indiens et un...
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