Saeb Souab, le fils d'Ahmad Souab, ancien président de la Cour administrative tunisienne, lors d'une conférence de presse à Tunis, le 23 avril 2025. Photo AFP / FETHI BELAID
Un avocat connu en Tunisie a été placé sous mandat de dépôt mercredi par le pôle antiterroriste pour avoir mis en cause l'indépendance de la magistrature lors d'un méga-procès visant notamment des opposants pour « complot contre la sûreté de l'Etat », a indiqué à l'AFP l'avocat Bassem Trifi.
Me Ahmed Souab, 70 ans, ancien magistrat pendant plus de 30 ans, a été entendu, sans avocats, ses défenseurs ayant boycotté son interrogatoire quand la juge d'instruction a décidé de n'autoriser la présence que de quatre d'entre eux, selon Me Trifi. Interpellé lundi à Tunis, ce ténor de la défense dans le procès du « complot » fait l'objet d'une enquête pour « formation d'un groupe terroriste », selon son avocat Sami Ben Ghazi. Vendredi, Me Souab avait fustigé un procès tenu sur seulement trois audiences, sans réquisitoire ni plaidoiries de la défense, à l'issue duquel des peines allant jusqu'à 66 ans ont été infligées samedi à une quarantaine d'accusés, surtout des opposants au président Kais Saied. « Les couteaux ne sont pas sous la gorge des prisonniers mais sous celle du juge qui a émis son verdict », avait-il déclaré, accusant le pouvoir de faire pression sur la magistrature, avant de mimer le passage d'un couteau sous la gorge.
Des dizaines d'universitaires en droit ont dénoncé mardi dans une pétition « des violations flagrantes de toutes les bases d'un procès équitable ».
Pour les autorités tunisiennes, « toute personne participant à l'opposition politique ou à l'activisme civique risque des années de prison à l'issue d'un procès expéditif », a fustigé le même jour Bassam Khawaja de l'ONG Human Rights Watch.
« C'est sur la base d'une métaphore que mon père est aujourd'hui soupçonné de terrorisme », a estimé mercredi Saeb Souab, l'un des fils de l'avocat. « Ce n'est pas cette loi que vous nous avez enseignée », a ajouté Saeb Souab, ancien élève du président Saied, lui demandant de le faire libérer, car il souffre en outre de problèmes cardiaques.
Depuis le coup de force par lequel M. Saied s'est octroyé les pleins pouvoirs à l'été 2021, ONG et opposants ont déploré une régression des libertés dans le pays berceau du Printemps arabe en 2011.
Pour Bassem Trifi, l'emprisonnement de Me Souab qui avait qualifié ces événements de « coup d« État masqué », est « une pure vengeance ». Son arrestation a déclenché un mouvement de protestation, inauguré lundi par un rassemblement de plusieurs dizaines de soutiens.
Les plus commentés
Comment Israël a pu récupérer, « en plein cœur » de la Syrie, les restes d’un soldat disparu en 1982
Et les armes alors ?
Naïm Kassem : Nous faisons partie du mandat du général Joseph Aoun