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Dernières Infos - Religion

Au Kosovo, des « catholiques cachés » baptisés le jour de la mort du pape François

Une fille se fait baptiser par le père Fran Kolaj, lors d'une cérémonie dans le village de Llapushnik, le 21 avril 2025. Photo AFP

A l'heure où le Vatican annonçait la mort du pape François, dans une vallée du Kosovo s'échappaient d'une église des notes de piano et des bénédictions pour une cérémonie un peu inhabituelle : des dizaines de musulmans venaient de se convertir au catholicisme.

Ce genre de rite n'est plus si rare au Kosovo, un pays majoritairement musulman mais où certains « crypto-catholiques », ou « Laramans », « multiples » en albanais, choisissent de renouer de façon publique avec la foi de leurs ancêtre convertis il y a des siècles par les Ottomans. Selon les statistiques officielles, 93,5% des 1,7 million d'habitants du Kosovo sont musulmans et seuls 1,7% se disent catholiques.

« Je vous baptise »

« Je vous baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen », lance le père Fran Kolaj en accueillant lundi 38 nouveaux catholiques, de sept à 55 ans, sur le front desquels il dépose l'huile consacrée. « Bienvenue dans l'Eglise ! ». Dans son église Saint-Abraham, surplombant la vallée de Llapushnik, le père Kolaj reçoit régulièrement des Laramans comme ceux baptisés en ce lundi de Pâques. « J'ai toujours ressenti que j'appartenais à la foi catholique », explique Lirije Gashi, une infirmière de 24 ans tout juste baptisée. « Cette cérémonie, c'est l'aboutissement de mon cheminement spirituel ».

Si aucun chiffre officiel n'existe, le père Kolaj assure que plus de 3.000 personnes se sont converties dans son église depuis l'indépendance du Kosovo en 2008. Avant d'être acceptés, les nouveaux croyants doivent suivre une préparation au baptême : apprentissage des prières, des rites et des principes fondamentaux de la foi chrétienne. « Ils rejoignent l'Eglise de leur plein gré, c'est 100% leur choix », insiste le religieux.

Lundi, l'église était déjà pleine à craquer - environ 500 fidèles - lorsque l'annonce de la mort à 88 ans du pape François est parvenue. Mais décision a été prise de ne pas arrêter la cérémonie. « Il aurait fait la même chose », affirme Dardan Duka, qui gère la sécurité de l'Eglise.

Transmission

Pour les chercheurs, comme Shkelzen Gashi, l'islamisation des Albanais pendant les cinq siècles de la domination ottomane s'est souvent faite sous la contrainte : taxes foncières uniquement imposées aux chrétiens, enfants chrétiens conscrits envoyés à Istanbul et répression par les autorités. « En réalité, la principale motivation des conversions à l'islam était d'ordre matériel », nuance-t-il cependant. « C'était une question d'intérêts économiques, d'opportunités de carrière et de statut social ».

Mais ces siècles n'ont pas tout à fait effacé les racines chrétiennes. Dans l'intimité des foyers, la foi catholique a continué d'exister, transmise de génération en génération. « Mes ancêtres pratiquaient l'islam de jour et le catholicisme de nuit », explique Muse Musa, un retraité de 50 ans, dont 28 membres de la famille ont également été baptisés. « Ils célébraient le Ramadan mais leur cœur était catholique. Aujourd'hui, tout est différent ». « Nous revenons à nos racines, à ce que nous étions à l'origine », acquiesce Blerim Metaj, 35 ans.

Ces conversions, qui sont vraiment devenues visibles depuis une quinzaine d'années, n'ont suscité aucune réaction hostile de la part de la communauté islamique. Un climat religieux apaisé dont se flatte régulièrement le Kosovo : ici, l'identité ethnique prime souvent sur la religion. Un proverbe local le résume bien : « La religion des Albanais, c'est l'albanisme ». Mais pour l'historien Shkelzen Gashi, l'équilibre est fragile. « Quand on voit comment les partis politiques s'affrontent ici — l'animosité, les calomnies et les menaces —, il n'est pas exclu que la compétition religieuse suive la même voie ».


A l'heure où le Vatican annonçait la mort du pape François, dans une vallée du Kosovo s'échappaient d'une église des notes de piano et des bénédictions pour une cérémonie un peu inhabituelle : des dizaines de musulmans venaient de se convertir au catholicisme.Ce genre de rite n'est plus si rare au Kosovo, un pays majoritairement musulman mais où certains « crypto-catholiques », ou « Laramans », « multiples » en albanais, choisissent de renouer de façon publique avec la foi de leurs ancêtre convertis il y a des siècles par les Ottomans. Selon les statistiques officielles, 93,5% des 1,7 million d'habitants du Kosovo sont musulmans et seuls 1,7% se disent catholiques.« Je vous baptise »« Je vous baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen », lance le père Fran Kolaj en accueillant lundi 38...