Poignée de main entre le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, à Téhéran, le 14 novembre 2024. Photo AFP / ATTA KENARE
Le chef de la diplomatie iranienne a affirmé mercredi que la question de l'enrichissement d'uranium n'était « pas négociable » pour Téhéran, après une demande en ce sens de l'émissaire américain, Steve Witkoff, avant un nouveau cycle de pourparlers entre l'Iran et les Etats-Unis. L'Iran et les Etats-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont échangé samedi dernier sous la médiation du sultanat d'Oman sur l'épineuse question du nucléaire iranien.
Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie. Téhéran et Washington, qui ont qualifié les discussions de « constructives », sont convenus de poursuivre les pourparlers ce samedi, toujours sous médiation omanaise.
« Tout compromis final doit poser un cadre pour la paix, la stabilité et la prospérité au Moyen-Orient, ce qui signifie que l'Iran doit stopper son programme d'enrichissement et de militarisation nucléaires, et l'éliminer », a écrit mardi l'émissaire du président Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, sur le réseau social X.
Cette déclaration apparaît à rebours de ses propos tenus la veille sur la chaîne Fox News: Steve Witkoff s'était alors abstenu de réclamer un démantèlement total du programme nucléaire iranien.
« La question de l'enrichissement n'est pas négociable », a déclaré mercredi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, après une réunion du conseil des ministres. « Nous sommes prêts à instaurer la confiance quant à d'éventuelles inquiétudes » concernant le nucléaire iranien, a-t-il ajouté, déplorant les « positions contradictoires » de l'administration Trump.
Ces déclarations interviennent avant la visite du chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, attendu mercredi soir en Iran pour des discussions notamment avec son homologue de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami.
Navette diplomatique
M. Araghchi, à la tête de la délégation de négociateurs côté iranien, est lui attendu jeudi en Russie pour des discussions sur le nucléaire. Il transmettra au président russe, Vladimir Poutine, un message écrit du guide suprême iranien. Moscou est « prêt » à faire « tout son possible » pour aider à trouver une solution diplomatique sur le dossier du nucléaire iranien, a assuré mercredi le Kremlin.
La Russie est l'un des membres d'un accord international sur le nucléaire conclu avec l'Iran en 2015, mais aujourd'hui caduc depuis la décision des Etats-Unis de s'en retirer en 2018. La France, le Royaume-Uni, la Chine et l'Allemagne font également partie du pacte.
Le texte prévoyait la levée de certaines sanctions internationales visant l'Iran en échange d'un encadrement de son programme nucléaire par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Selon l'AIEA, l'Iran respectait ses engagements.
En 2018, Donald Trump avait retiré avec fracas son pays de l'accord et rétabli des sanctions. Depuis son retour à la Maison Blanche, il appelle l'Iran à négocier un nouveau texte mais menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.
Optimisme modéré
Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a dit mercredi souhaiter « conclure » un accord avec les Etats-Unis autour du programme nucléaire. « Nous sommes naturellement favorables à la conclusion d'un accord » avec Washington, a-t-il déclaré lors du conseil des ministres, selon des propos rapportés par l'agence officielle Irna.
Mardi, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, ultime décideur sur les questions stratégiques, a salué les discussions en cours, mais s'est dit sceptique sur leur issue.
Le pays est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), tout en continuant à accumuler d'importants stocks de matière fissile, selon l'AIEAUn seuil de 90% permet de fabriquer une arme atomique, selon la définition de l'AIEA. L'accord de 2015 plafonnait ce taux à 3,67%.
Les plus commentés
Face à l’intransigeance du Hezbollah, le Liban officiel persiste et signe
Fadlallah : Le gouvernement doit traiter d'autres « priorités » avant la « stratégie de défense »
Salam : L'État est seul maître de la décision de guerre et de paix, et la seule partie autorisée à posséder des armes