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Dette: Bayrou présente un sombre « diagnostic » mais reste discret sur ses remèdes

Le Premier ministre français François Bayrou, le 15 avril 2025 à Paris. ALAIN JOCARD/AFP

Comment redresser les comptes publics ? A défaut de résoudre l'équation immédiatement, François Bayrou a voulu de nouveau alerter les Français sur le « piège » de la dette qui menace « la survie de notre pays » et promis des réponses d'ici au 14 juillet en écartant déjà la piste d'augmentation des impôts. « Seule la confrontation les yeux ouverts avec la vérité de notre situation peut soutenir une action déterminée », a déclaré le Premier ministre à l'issue d'une réunion qui a rassemblé - sans lui - plusieurs membres de son gouvernement avec des parlementaires, des représentants d'organismes de sécurité sociale ou encore syndicaux.

Graphiques à l'appui, M. Bayrou a énuméré les faiblesses de la France qui « manque de moyens » pour financer ses priorités parce « qu'elle ne produit pas assez et ne travaille pas assez » par rapport à ses voisins, notamment en raison d'un taux d'emploi plus faible chez les jeunes et les seniors. Cela conduit à une aggravation de la dette - 3.305,3 milliards d'euros en 2024, soit 113% du PIB - qui devient « un piège dangereux, potentiellement irréversible », selon le Premier ministre.

« Explosion assurée »

« Nous ne pourrons pas en supporter durablement la charge » qui pourrait « atteindre 100 milliards d'euros en 2029 », a-t-il prévenu. « Si les taux d'intérêt explosent, alors c'est l'explosion assurée » à laquelle aucun gouvernement ne résistera, a-t-il insisté, un leitmotiv de longue date chez lui.

Après avoir fait ce « diagnostic » d'une « situation intolérable », et annoncé « un effort de quelque 3 milliards supplémentaires » en 2026 pour la défense face à la guerre en Ukraine et au retournement stratégique des États-Unis, François Bayrou n'a pas détaillé de réponses concrètes à ce stade.

Il a simplement annoncé que les « grandes orientations » et les « grands choix » du prochain budget seront proposés avant l'été, en amont des débats budgétaires au Parlement début octobre. Dans un contexte de ralentissement de la croissance pour 2025, rabotée à 0,7% dans les prévisions du gouvernement, après 1,1% en 2024, le Premier ministre n'a pas chiffré le volume d'économies à réaliser.

A ses côtés, le ministre de l'Economie Eric Lombard avait évoqué dimanche « un effort » de 40 milliards pour réduire le déficit de 5,4% du PIB — objectif 2025 — à 4,6% en 2026. Il a précisé mardi viser une réduction de 6% des dépenses en cinq ans.

Sur quels leviers agir ? « L'effort doit être équitable entre les trois grandes catégories » - Etat, sécurité sociale et collectivités locales, a précisé M. Lombard. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a notamment évoqué une action contre « la très grande dérive » des arrêts maladie.

Côté recettes, M. Bayrou a exclu « d'augmenter les prélèvements » car c'est « intenable ». Afin de préserver la compétitivité des entreprises, « nous ne souhaitons pas augmenter ni les impôts, ni les charges des entreprises », a renchéri M. Lombard.

« Opération de communication »

Embourbé dans les sondages et souvent taxé d'immobilisme après quatre mois à Matignon, François Bayrou entendait mardi amorcer la méthode dite de « coresponsabilité » avec les Français qu'il a souvent prônée avant de prendre les commandes du gouvernement.

Mais ce gouvernement tiendra-t-il jusqu'à la présentation du budget 2026 alors que La France insoumise (gauche radicale) et le Rassemblement national (extrême droite) menacent à nouveau de censurer ?

« La conférence de presse du Premier ministre n’est pas à la hauteur de la grave crise des finances publiques », a réagi Marine Le Pen, prévenant que le RN « ne laissera pas passer des mesures contre les Français alors qu'il existe tant de gabegies ».

La gauche s'inquiète, elle, de « l'impact récessif » sur la croissance de nouvelles économies et appelle le gouvernement à envisager des hausses d'impôts pour les plus riches et des remises en causes d'exonérations aux entreprises.

Invité à la réunion en tant que président de la commission des Finances de l'Assemblée, Eric Coquerel (gauche radicale) a eu « l'impression d'être figurant d'une opération de communication ».

Même vocabulaire chez la leader du syndicat CGT, Sophie Binet, pour qui le Premier ministre n'a apporté « aucune réponse » à ses « interrogations » et « interpellations ». De son côté, la patronne de la CFDT, premier syndicat français, Marylise Léon, a déploré « une vision comptable » du gouvernement, estimant qu' »on ne fait pas un budget uniquement avec un tableur Excel ».


Comment redresser les comptes publics ? A défaut de résoudre l'équation immédiatement, François Bayrou a voulu de nouveau alerter les Français sur le « piège » de la dette qui menace « la survie de notre pays » et promis des réponses d'ici au 14 juillet en écartant déjà la piste d'augmentation des impôts. « Seule la confrontation les yeux ouverts avec la vérité de notre situation peut soutenir une action déterminée », a déclaré le Premier ministre à l'issue d'une réunion qui a rassemblé - sans lui - plusieurs membres de son gouvernement avec des parlementaires, des représentants d'organismes de sécurité sociale ou encore syndicaux.Graphiques à l'appui, M. Bayrou a énuméré les faiblesses de la France qui « manque de moyens » pour financer ses priorités parce « qu'elle ne produit pas...