Rechercher
Rechercher

Agenda - Hommage au père Martinos Saba

La force du silence

Il est des hommes dont la force ne réside pas dans les cris, mais dans le silence habité par la foi, le courage et l’amour. Le père Martinos Saba était de ceux-là. Un prêtre humble et fort, un guide discret mais influent, un Libanais profondément enraciné dans sa terre et dans le cœur de ceux qu’il a sauvés, consolés, aimés.

Le 31 janvier 1990, alors qu’éclate la guerre fratricide entre l’armée libanaise et les Forces libanaises, le pays sombre un peu plus dans l’absurde. Ce jour-là, mon frère et moi étions à l’école, et ma sœur à l’université. Quelques instants avant midi, les premiers échos des combats secouent Beyrouth. Avec un courage instinctif, une intelligence vive et une anticipation presque prophétique, ma sœur quitte son campus, fonce à travers les routes troublées et nous récupère mon frère et moi de notre école située sur une colline au-dessus de Beyrouth.

Elle choisit de prendre la route de la montagne, espérant échapper aux tirs. Mais à Bickfaya, nous sommes pris en étau : d’un côté l’armée, de l’autre les Forces libanaises. Plus de chemin, plus d’échappatoire. À l’époque, il n’y avait pas de téléphones portables, seulement l’attente, l’angoisse, et une foi immense.

C’est là, au cœur de ce moment suspendu, que le père Martinos apparaît, comme sorti d’une autre époque. Calme et sûr de lui, il franchit le barrage des Forces libanaises, traverse les lignes et s’avance vers les soldats de l’armée. Il parle, plaide, impose le respect sans jamais élever la voix. Par sa simple présence, il désamorce la peur et le conflit. Grâce à lui, nous avons pu rentrer à la maison. Grâce à lui, nous avons échappé au cauchemar.

Ce jour-là, il fut notre sauveur. Et pour toujours, il restera dans notre mémoire comme l’incarnation du courage tranquille, de la foi vivante et de l’amour inconditionnel de l’autre.

Paix à son âme. Que son souvenir demeure comme un phare pour tous ceux qui croient encore à la puissance du bien, même dans les ténèbres.

Merci, père Martinos.

Il est des hommes dont la force ne réside pas dans les cris, mais dans le silence habité par la foi, le courage et l’amour. Le père Martinos Saba était de ceux-là. Un prêtre humble et fort, un guide discret mais influent, un Libanais profondément enraciné dans sa terre et dans le cœur de ceux qu’il a sauvés, consolés, aimés.Le 31 janvier 1990, alors qu’éclate la guerre fratricide entre l’armée libanaise et les Forces libanaises, le pays sombre un peu plus dans l’absurde. Ce jour-là, mon frère et moi étions à l’école, et ma sœur à l’université. Quelques instants avant midi, les premiers échos des combats secouent Beyrouth. Avec un courage instinctif, une intelligence vive et une anticipation presque prophétique, ma sœur quitte son campus, fonce à travers les routes troublées et nous récupère mon...