Une manifestation de soutien au maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, en détention, à Istanbul, le 9 avril 2025. Photo REUTERS/Dilara Senkaya
Deux journalistes d'investigation turcs ont été arrêtés jeudi et leurs maisons perquisitionnées, venant ainsi grossir les rangs des reporters emprisonnés en lien avec la contestation suivant l'arrestation du maire d'Istanbul, a annoncé la branche turque de Reporters sans frontières (RSF).
« Les journalistes d'investigation Timur Soykan et Murat Agirel, qui présentent des programmes sur YouTube après avoir quitté Halk TV, ont été arrêtés », a indiqué sur Bluesky le compte officiel de la branche turque de RSF, déplorant une « nouvelle journée noire pour la liberté d'informer ». « Selon le journal Birgün, des équipes de police fouillent les domiciles des deux journalistes » critiques du pouvoir, précise RSF.
Timur Soykan, un des journalistes d'investigation les plus connus du pays, et Murat Agirel avaient récemment révélé dans une émission sur YouTube ce qui constituaient selon eux des irrégularités dans les enquêtes visant le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu et six autres maires du CHP (parti d'opposition, social-démocrate), indique RSF.
Ekrem Imamoglu, principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté le 19 mars et placé en détention provisoire quatre jours plus tard pour « corruption », une accusation qu'il rejette. Son arrestation a déclenché une vague de contestation inédite en Turquie depuis le grand mouvement de Gezi, parti de la place Taksim d'Istanbul en 2013.
Selon le syndicat turc des journalistes (TGS), les deux journalistes « ont été placés en garde à vue lors d'une opération à l'aube, alors qu'ils avaient annoncé se rendre au bureau du procureur pour témoigner » sur les enquêtes en cours.
Dans un message posté sur X, Cafer Mahiroglu, le PDG de Halk TV où les deux journalistes travaillaient jusqu'en mars dernier, a jugé « inacceptable » cette arrestation « lors d'une descente à domicile, le jour où ils devaient témoigner ». « La famille Halk TV les soutient tous les deux », a-t-il ajouté.
Au total, au moins 13 journalistes turcs ont été arrêtés depuis le début de la contestation. Sept d'entre eux ont été mis en examen, dont un photographe de l'AFP, sorti de détention. Ils comparaitront vendredi 18 avril devant la Cour criminelle de première instance d'Istanbul. Un journaliste suédois a aussi placé en détention à Istanbul, accusé de « terrorisme » et « d'insulte au président » Recep Tayyip Erdogan.
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