
Des Yéménites assistent à la prière matinale de l'Aïd al-Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne du Ramadan, à l'extérieur d'une mosquée de la capitale Sanaa, le 30 mars 2025. Photo Mohammed HUWAIS / AFP
La réduction massive de l'aide internationale américaine, combinée aux frappes aériennes contre les rebelles houthis, auront des conséquences désastreuses pour la population du Yémen, dont plus de la moitié a besoin d'aide pour survivre, a averti jeudi Amnesty International. En janvier, le président Donald Trump a imposé un gel de l'aide étrangère américaine, suivi par l'annonce par Washington de l'annulation de 83% des programmes de l'agence américaine de développement (USAID).
Alors que les États-Unis ont été le principal donateur humanitaire du Yémen pendant des années et ont débloqué 768 millions de dollars en 2024, ces coupes drastiques menacent d'aggraver l'une des pires crises humanitaires du monde dans ce pays de 38 millions d'habitants, met en garde Amnesty. Citant des travailleurs humanitaires, l'ONG indique que cet assèchement financier a provoqué « la fermeture de services d'aide et de protection vitaux ».
Sont notamment affectés le traitement de la malnutrition chez les enfants, les femmes enceintes et les mères allaitantes, le fonctionnement d'abris pour les victimes de violences de genre et des soins de santé pour les enfants. De nombreux services de santé reproductive ou de protection pour les femmes sont également menacés.
« La réduction brutale et irresponsable de l'aide américaine aura des conséquences catastrophiques pour les groupes les plus vulnérables et marginalisés du Yémen, notamment les femmes et jeunes filles, les enfants et les personnes déplacées », a déclaré Diala Haidar, chercheuse de l'ONG sur le Yémen. « Des millions de personnes au Yémen vont se retrouver sans le soutien dont elles ont désespérément besoin » si l'aide n'est pas rétablie, a-t-elle ajouté.
« Nous avons dû prendre des décisions de vie ou de mort sur la base de peu ou pas d'informations. Souvent, il n'y a personne à qui s'adresser car l'USAID a été vidée de sa substance », a témoigné un employé du secteur humanitaire cité par l'ONG.
Les larges pans du pays tenus par les houthis sont aussi visés par des frappes américaines quasi-quotidiennes depuis que Washington a lancé mi-mars une campagne aérienne contre ces rebelles soutenus par l'Iran, qui s'en prennent depuis le début de la guerre à Gaza au trafic maritime au large du Yémen. « L'escalade militaire (...) et la réduction de l'aide américaine aggraveront la catastrophe humanitaire », a souligné Diala Haidar.
L'ONG relève aussi que le classement en mars par Washington des houthis comme « organisation terroriste étrangère » a contraint plusieurs organisations à suspendre leurs opérations dans les zones contrôlées par les rebelles. Les mesures américaines visant les autorités houthies « doivent prévoir des exemptions claires et effectives pour les opérations humanitaires », a plaidé Mme Haidar, ajoutant que la « majorité des civils qui ont cruellement besoin d'aide » vivent dans les zones contrôlées par les rebelles dans le nord du Yémen.
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