Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (à droite) et le ministre des Finances Bezalel Smotrich (à gauche) au ministère de la Défense à Tel Aviv le 7 janvier 2024. Photo AFP/Ronen Zvulun.
L'Autorité palestinienne a dénoncé dimanche la décision du gouvernement israélien d'approuver la séparation administrative de 13 quartiers dans des colonies existantes en Cisjordanie occupée, mesure destinée à favoriser leur croissance comme entités indépendantes.
La Cisjordanie est un territoire palestinien, occupé par Israël depuis 1967, où vivent environ trois millions de Palestiniens aux côtés de près d'un demi-million d'Israéliens vivant dans des colonies, considérées comme illégales par le droit international.
Cette décision, annoncée plus tôt par le cabinet de sécurité israélien, « est un mépris flagrant des résolutions internationales », détaille un communiqué du ministère des Affaires étrangères palestinien.
Rappelant notamment les opérations de l'armée israélienne en cours dans le nord de la Cisjordanie, le ministère s'alarme d'une « escalade sans précédent dans la confiscation des terres palestiniennes ».
« Cette décision est un autre clou dans le cercueil que le gouvernement d'Israël prépare pour la seule chance d'un avenir de paix et de sécurité, de deux États pour deux peuples », a réagi l'ONG israélienne anticolonisation La paix maintenant.
Elle souligne également que cette décision « expose le mensonge de longue date d'Israël » selon lequel aucune nouvelle colonie n'a été créée depuis les accords d'Oslo, seulement des nouveaux quartiers de colonies déjà existantes.
De son côté, le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, qui est à l'origine de ce projet, a salué sur son compte Telegram « un autre pas vers la normalisation » des colonies israéliennes en Cisjordanie.
Cette figure de l'extrême-droite israélienne ne cache pas son désir de voir la Cisjordanie annexée par Israël - comme l'est déjà la partie orientale de Jérusalem majoritairement palestinienne, occupée et annexée par Israël depuis 1967, en dépit du droit international.
Vers une « normalisation »
« La reconnaissance de chacun (des quartiers) comme village indépendant en pratique est un pas important qui aidera grandement à leur développement », a affirmé M. Smotrich qui évoque une « révolution » en cours.
« Au lieu de nous cacher et de nous excuser, nous levons le drapeau, nous construisons et nous nous installons », conclut-il, « c'est un autre pas important vers la souveraineté effective en Judée-Samarie », le nom employé par Israël pour la Cisjordanie.
Le Hamas a « fermement condamné » les propos de M. Smotrich, estimant qu'ils prouvaient que la colonisation était un « projet de remplacement raciste ».
Les 13 quartiers se trouvent aux quatre coins de la Cisjordanie, certains dans la continuité territoriale de la colonie dont ils dépendent, d'autres beaucoup plus loin. Leur reconnaissance comme communes indépendantes selon la loi israélienne n'est pas encore officielle. Les détails de la procédure à suivre n'ont pas été rendus publics.
Célébrant aussi une « normalisation » de la colonisation, un long communiqué du Conseil de Yesha, la principale organisation représentative des colons de Cisjordanie, a remercié M. Smotrich.
La Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l'ONU, a jugé en juillet 2023 -- dans un « avis consultatif » qualifié d' »absurde » par Israël -- que la poursuite de l'occupation en Cisjordanie était « illicite » et que l'Etat hébreu avait « l'obligation de cesser immédiatement toute nouvelle activité de colonisation » et d' »évacuer tous les colons ».
Fin novembre 2024, La paix maintenant dénombrait 147 colonies reconnues par les autorités israéliennes en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, ainsi que 224 avant-postes établis sans l'aval des autorités.
L'année 2023 avait marqué un record pour l'avancée des colonies israéliennes en Cisjordanie, avec le plus grand nombre de permis de construire délivrés depuis 30 ans, selon l'UE.
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