
Des Afghans tiennent des pancartes alors qu'ils se rassemblent pour demander l'aide du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour obtenir l'asile à l'étranger, à Islamabad, le 12 mai 2022. Photo AFP/FAROOQ NAEEM
Les « coupes brutales » de financement vont mettre en danger des millions de vies, a averti jeudi l'agence de l'ONU pour les réfugiés, elle-même forcée à « une réduction significative » de ses effectifs faute de la manne américaine. Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), qui employait près de 20.000 personnes fin septembre, est fortement ébranlé par la baisse drastique de l'aide étrangère des Etats-Unis, qui représentaient environ 40% de son budget.
« Avec moins de fonds, moins de personnel et une présence réduite du HCR dans les pays accueillant des réfugiés, l'équation est simple : des vies seront perdues », a averti le Haut Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, dans une déclaration envoyée à la presse. « Les conséquences pour les personnes fuyant le danger seront immédiates et dévastatrices », a-t-il dit, assurant - comme l'ont fait d'autres responsables d'agences dont le chef de l'Organisation mondiale de la santé - que « les coupes budgétaires brutales dans le secteur humanitaire mettent en danger des millions de vies ».
Le Haut Commissaire a également envoyé jeudi une communication interne à ses employés pour les informer de la situation et annoncer que l'organisation serait forcée de supprimer des emplois, ont indiqué à l'AFP trois sources internes souhaitant rester anonymes.
Rappelant que les Etats-Unis « sont historiquement » le principal donateur de l'organisation, ce document vu par l'AFP explique que « le HCR sera présent dans moins de lieux » et qu'il y aura « inévitablement une réduction significative » des effectifs. « Le moral des gens est très bas. Il y a une certaine méfiance à l'égard de la direction », a réagi auprès de l'AFP un haut fonctionnaire du HCR, sous couvert d’anonymat.
« Cette situation est principalement causée non seulement par l'administration Trump, mais aussi parce que le HCR a accepté que 42% de son budget soit payé par un seul donateur, ce qui remet en question la neutralité et l'impartialité de l’organisation », a-t-il commenté.
Appel à la solidarité
M. Grandi a appelé jeudi « les États membres à honorer leurs engagements envers les personnes déplacées. L'heure est à la solidarité, pas au repli sur soi », a lancé le Haut-Commissaire.
Les États-Unis étaient jusqu'à présent le plus important donateur d'aide étrangère, de très loin. Le président républicain Donald Trump a signé dès son arrivée au pouvoir le 20 janvier un décret ordonnant un gel de l'aide étrangère américaine pour 90 jours. Depuis, l'administration Trump a entrepris le quasi-démantèlement de l'agence américaine du développement USAID, qui disposait d'un budget annuel de 42,8 milliards de dollars et représentait à elle seule 42% de l'aide humanitaire déboursée dans le monde.
« La réduction drastique de l'aide rendra le monde moins sûr, poussant davantage de personnes désespérées à fuir ou à continuer à se déplacer », a indiqué M. Grandi. Il a expliqué que « les femmes et les filles réfugiées, exposées à de graves risques de viol et d'autres abus, voient se réduire l'accès aux services qui leur permettaient de rester en sécurité » tandis que « des enfants se retrouvent sans enseignants ni écoles, ce qui augmentera pour eux les risques du travail forcé, de la traite ou du mariage précoce ».
Par ailleurs, les populations réfugiées bénéficieront d'un soutien réduit en termes d'abris, d'eau et de nourriture. « Plus de 90% de notre personnel est en première ligne, au service des communautés touchées » et « avec nos partenaires, nous avons répondu à 43 situations d'urgence impliquant des réfugiés rien que l'année dernière », a également relevé M. Grandi.
A la mi-février, un porte-parole du HCR avait indiqué que l'organisation « arrête une série d'activités plus directement affectées par la suspension de l'aide américaine, dont la réinstallation de réfugiés aux États-Unis », affirmant qu'environ « 600 postes liés à ces programmes devraient par conséquent être supprimés ».
Les « coupes brutales » de financement vont mettre en danger des millions de vies, a averti jeudi l'agence de l'ONU pour les réfugiés, elle-même forcée à « une réduction significative » de ses effectifs faute de la manne américaine. Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), qui employait près de 20.000 personnes fin septembre, est fortement ébranlé par la baisse drastique de l'aide étrangère des Etats-Unis, qui représentaient environ 40% de son budget.« Avec moins de fonds, moins de personnel et une présence réduite du HCR dans les pays accueillant des réfugiés, l'équation est simple : des vies seront perdues », a averti le Haut Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, dans une déclaration envoyée à la presse. « Les conséquences pour les...
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