Une manifestante tenant un drapeau palestinien lors d'un sit-in à l'université de Georgetown, à Washington, en septembre 2024. Photo d'archives AFP
L'administration du président américain Donald Trump a mis en détention un doctorant indien de l'université de Georgetown à Washington et cherche à l'expulser après l'avoir jugé « nuisible » à la politique étrangère des États-Unis, a annoncé mercredi l'avocat de l'étudiant. Le département américain de la Sécurité intérieure (DHS) a accusé Badar Khan Suri d'avoir des liens avec le Hamas et d'avoir diffusé de la propagande du mouvement palestinien ainsi que des propos antisémites sur les réseaux sociaux, selon un communiqué partagé avec Fox News.
Le communiqué du DHS à Fox News, qui a été reposté par le chef de cabinet adjoint de la Maison-Blanche, Stephen Miller, ne cite aucune preuve. Il indique que le secrétaire d'État Marco Rubio a déterminé que les activités de M. Suri « le rendaient expulsable ».
« M. Suni était un étudiant étranger en échange à l'université Georgetown qui diffusait activement la propagande du Hamas et faisait la promotion de l'antisémitisme sur les réseaux sociaux », a déclaré mercredi soir sur X la porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure, Tricia McLaughlin, accusant également le chercheur d'être proche d'un « haut conseiller » du mouvement palestinien.
Le jeune homme – qui vit aux États-Unis avec un visa d'étudiant et est marié à une citoyenne américaine – est détenu à Alexandria, en Louisiane, en attendant une audience devant un tribunal de l'immigration, a indiqué son avocat. Des agents fédéraux l'ont arrêté lundi soir devant son domicile à Rosslyn, en Virginie.
Chercheur au centre al-Walid Ben Talal à Georgetown
L'affaire survient alors que Trump cherche à expulser les étrangers ayant participé à des manifestations pro-palestiniennes contre la guerre menée par Israël à Gaza après une attaque du Hamas en octobre 2023. Les mesures de Trump ont suscité des protestations de la part des groupes de défense des droits civiques et des immigrés, qui accusent son administration de cibler injustement les critiques politiques.
M. Suri est chercheur postdoctoral au Centre al-Walid Ben Talal pour la compréhension islamo-chrétienne, qui fait partie de l'École des services étrangers de l'Université de Georgetown. Son arrestation a été rapportée pour la première fois par le site Politico.
« Si un chercheur accompli, spécialisé dans la résolution des conflits, est considéré par le gouvernement comme une menace pour la politique étrangère, alors peut-être que le problème vient du gouvernement, et non du chercheur », a déclaré l'avocat de Badar Khan Suri dans un courriel.
Un porte-parole de l'université de Georgetown a déclaré que l'université n'avait pas reçu de justification pour la détention de l'étudiant et n'était au courant d'aucune activité illégale de sa part.
Épouse américaine originaire de Gaza
L'épouse de M. Suri, Mapheze Saleh, est citoyenne américaine, selon son avocat. Elle est originaire de Gaza, selon le site web de l'université de Georgetown, qui indique qu'elle a écrit pour al-Jazeera et des médias palestiniens, et a travaillé avec le ministère des Affaires étrangères à Gaza. Mapheze Saleh n'a pas été arrêtée, a ajouté l'avocat.
M. Suri lui-même enseignait ce semestre un cours intitulé « Majoritarisme et droits des minorités en Asie du Sud » et possède un doctorat en études de paix et de conflit obtenu dans une université en Inde, selon le site web de l'université de Georgetown.
Plus tôt ce mois-ci, l'administration Trump a arrêté et tenté d'expulser Mahmoud Khalil, un étudiant de l'université Columbia, pour sa participation à des manifestations pro-palestiniennes. M. Khalil conteste sa détention devant les tribunaux. Trump a accusé Mahmoud Khalil, sans preuve, de soutenir le Hamas. L'équipe juridique de M. Khalil affirme qu'il n'a aucun lien avec ce groupe militant, que les États-Unis désignent comme une « organisation terroriste étrangère ».
Donald Trump a affirmé que les manifestants pro-palestiniens étaient antisémites. Les défenseurs de la cause palestinienne, y compris certains groupes juifs, soutiennent que leur critique de l'offensive israélienne à Gaza et leur soutien aux droits des Palestiniens sont injustement assimilés à de l'antisémitisme par leurs détracteurs.
Cette information est une traduction, réalisée par L'Orient-Le Jour, d'un article publié en anglais par l'agence Reuters.
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