
Une réunion de la commission parlementaire de la Défense. Photo ANI
La commission parlementaire de la Défense a décidé mardi de recommander au gouvernement libanais d'envoyer une délégation en Syrie pour « améliorer la coordination et la coopération entre les deux gouvernements », afin de réduire les tensions. Cette décision intervient après les affrontements survenus dimanche et lundi à la frontière, entre des habitants libanais majoritairement chiites et réputés proches du Hezbollah, et des soldats syriens, ce qui a poussé l'armée libanaise à riposter aux tirs en provenance de Syrie.
« Nous avons convenu d'émettre une recommandation au gouvernement. Il a été décidé d'envoyer une délégation libanaise officielle et de tenir des réunions immédiates entre le Liban et la Syrie, a déclaré le président de la commission, le député Jihad el-Samad. Cette délégation devrait être composée des ministres de l'Intérieur et de la Défense, ainsi que des responsables des services de sécurité libanais, afin de former des comités de liaison et de coordination directe aux points sensibles des frontières, notamment au Akkar, Hermel, Ersal et le poste-frontière de Masnaa. Cela permettra de traiter tout problème immédiatement et d’éviter tout incident ».
La commission parlementaire de la Défense s'est réunie en présence des ministres de l'Intérieur et de la Défense, des directeurs généraux des Forces de sécurité intérieure, de la Sécurité générale, de la Sécurité de l'État, des renseignements de l'armée libanaise, ainsi que du directeur des renseignements du Liban-Nord et de celui des opérations de l'armée libanaise.
M. el-Samad a fait savoir que le ministre de la Défense « a exprimé des difficultés à communiquer avec le gouvernement syrien ». « C'est pourquoi nous avons émis cette recommandation au gouvernement pour améliorer la coordination et la coopération entre Beyrouth et Damas afin de réduire cette tension, a-t-il ajouté. Il n'y a aucun doute que de nombreux facteurs compliquent cette situation et dépassent les frontières, mais le Liban et la Syrie sont liés par l'histoire et la géographie. »
Un calme précaire régnait mardi à la frontière libano-syrienne, qui a connu une poussée de fièvre dimanche et lundi entre des habitants libanais majoritairement chiites et réputés proches du Hezbollah et des militaires des forces armées syriennes. Le ministère syrien de la Défense a annoncé mardi sur son compte Telegram que les forces de sécurité « continuent de ratisser la frontière avec le Liban ». Une déclaration qui intervient alors que Beyrouth et Damas ont convenu lundi soir d'un cessez-le-feu à la frontière, après les affrontements violents de dimanche et lundi.
Abordant la situation à Tripoli et au Liban-Nord, Jihad el-Samad a affirmé que le retour des réfugiés syriens « dans leur pays est essentiel » et que la grande ville du nord souffrait déjà de « la pauvreté, de la prolifération des armes et de la propagation des drogues. » « Cette combinaison de facteurs a des répercussions négatives sur la vie quotidienne », a-t-il ajouté. La police a récemment mis en place dans la ville un plan de sécurité global pour le ramadan en mars. Ce dispositif comprend la mise en place de barrages routiers, ainsi que le déploiement de patrouilles motorisées et pédestres à travers la ville.
Quant au Akkar, il a accueilli plus de 13 000 Syriens qui ont fui les massacres qui avaient eu lieu sur la côte syrienne début mars. D'après un rapport consulté par L'Orient-Le Jour, la Chambre de gestion des catastrophes a recensé l'arrivée de 13 104 Syriens, dans 23 localités à majorité alaouites de la région du Akkar, où ils séjournent chez des familles ou dans des hangars.
La situation au Liban-Sud a également été abordée par la commission parlementaire de la Défense. « Les députés présents ont confirmé la nécessité de respecter pleinement la mise en œuvre de la résolution 1701, et affirmé que son application ne doit pas être unilatérale. Les pays garants de l'accord de cessez-le-feu doivent obliger Israël à se retirer des territoires libanais occupés et à appliquer les termes de cet accord », a rapporté Jihad el-Samad.
Depuis l'entrée en vigueur de l'accord de cessez-le-feu, l'armée israélienne a tué plus de 100 Libanais et mène régulièrement des frappes ciblées sur le territoire libanais. Contrairement aux modalités de l'accord, qui prévoyaient initialement le retrait de l'armée israélienne du Liban-Sud le 26 janvier, reporté au 18 février après une prolongation, l'armée de l'État hébreu occupe à ce jour pas moins de cinq positions le long de la Ligne bleue. De son côté, Israël prétend cibler des violations de la part du Hezbollah qui chercherait à reconstituer son armement.
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