
Des familles de la minorité alaouite de Syrie traversent la rivière Nahr al-Kabir, qui forme la frontière entre la province côtière occidentale de la Syrie et le nord du Liban, dans la région de Hekr al-Daher, le 11 mars 2025, pour entrer au Liban alors qu'elles fuient la violence sectaire dans leur cœur le long de la côte méditerranéenne de la Syrie. Photo AFP/FATHI AL-MASRI
Plus de 13.000 Syriens ont fui vers le nord du Liban voisin en raison des massacres qui ont eu lieu sur la côte syrienne début mars, ont indiqué les autorités libanaises mardi. D'après un rapport consulté par L'Orient-Le Jour, la Chambre de gestion des catastrophes a recensé l'arrivée de 13 104 Syriens, dans 23 localités à majorité alaouites de la région du Akkar, où ils séjournent chez des familles ou dans des hangars. Selon leurs chiffres, le village frontalier de Hekr el-Dahri accueille le plus de réfugiés (2 069 personnes), suivi de Tall el-Biré (1 426 personnes), puis Abboudiyé (1 187 personnes).
Les tensions sur la côte ouest de la Syrie ont commencé le 6 mars dans un village à majorité alaouite de la province de Lattaquié, après l'arrestation d'une personne recherchée par les forces de sécurité. La situation a rapidement dégénéré en affrontements lorsque des hommes armés de la minorité musulmane alaouite, que les autorités ont qualifiés d'hommes fidèles à Bachar el-Assad, ont ouvert le feu sur plusieurs positions des forces de sécurité.
Des familles entières ont été décimées lors des massacres qui ont eu lieu en marge de ces affrontements, coûtant la vie à plus de 1 500 civils, essentiellement alaouites, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Les forces de sécurité, des groupes armés alliés ou des jihadistes étrangers ont été rendus responsables de ces exactions, les pires depuis qu'une coalition menée par le groupe islamiste sunnite radical Hay'at Tahrir el-Cham (HTC) a chassé Bachar el-Assad du pouvoir en décembre dernier.
Face à ces massacres, les autorités ont mis en place une commission d'enquête chargée de « rassembler et examiner toutes les preuves et informations disponibles » sur les événements des 6, 7 et 8 mars. Des milliers d'habitants se sont réfugiés dans la base aérienne russe de Hmeimim, tandis que des centaines de familles ont fui vers le nord du Liban, voisin de la région côtière syrienne.
Les autorités libanaises ont mis en garde contre la « forte augmentation » du nombre de réfugiés arrivant dans les villages du Akkar. Cette situation pose « de nombreux défis, notamment en matière de logement, d'approvisionnement alimentaire et de services de santé essentiels », alors que les municipalités et les communautés d'accueil disposent de ressources limitées, selon la Chambre de gestion des catastrophes.
Sur place, les équipes de la Croix-Rouge libanaise se chargent de la distribution de l'aide humanitaire (matelas, couvertures, produits hygiéniques, denrées alimentaires...) fournie par les Nations unies et les organisations et associations locales, rapporte notre correspondant dans le Nord, Michel Hallak. Par ailleurs, le CRL délivre aussi des services de santé dans le gouvernorat du Akkar, en coordination avec le ministère de la Santé.
Citant plusieurs sources concordantes, notre correspondant rapporte cependant que cette nouvelle crise de réfugiés commence à avoir des répercussions sur les communautés d'accueil, qui sont généralement en situation précaire, et donc dans « l'incapacité à continuer à supporter ces lourdes charges » alors que l'aide humanitaire fournie par les Nations unies et les ONG est réduite. Cette crise, rapporte-t-on de mêmes sources, risque de s'aggraver si le rythme des déplacements quotidiens se poursuit de la sorte (depuis la veille, mille autre réfugiés sont arrivés dans le Akkar) et si les autorités gouvernementales ne prennent pas les mesures nécessaires pour trouver des solutions sérieuses et radicales face à ces déplacements, en coordination avec les autorités syriennes pour permettre un retour rapide et sûr pour ces Syriens.
Le Liban accueille déjà, selon des estimations officielles, 1,5 million de réfugiés syriens, dont 755 426 enregistrés auprès de l'ONU. Ils ont fui la guerre civile qui avait éclaté en Syrie en 2011.
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