L'ex-président Michel Aoun lors d'un discours prononcé le 21 novembre 2021. Photo d'archives Dalati Nohra
L'ex-président libanais Michel Aoun a estimé mardi, dans un communiqué relayé par les médias locaux, que le Liban était exposé à « un grand danger en raison de trois défis » auxquels il fait face, craignant notamment que la situation déjà explosive à la frontière avec la Syrie ne s'aggrave davantage.
Les propos du fondateur du Courant patriotique libre (CPL), aujourd'hui dirigé par Gebran Bassil et passé dans l'opposition, interviennent alors que le pays a connu une poussée de fièvre à la frontière libano-syrienne entre des habitants libanais, majoritairement chiites et réputés proches du Hezbollah, et des membres des forces armées syriennes. Ce, alors qu'Israël continue de mener des frappes contre des membres présumés du Hezbollah au Liban-Sud et dans la Békaa.
« La frontière terrestre avec la Syrie a été violée par des groupes de diverses affiliations dans le cadre d'opérations de contrebande et au niveau de points de passage illégaux, par des incidents répétés, des confrontations armées et des attaques contre des villages frontaliers, qui ont inclus enlèvements, assassinats et massacres de citoyens libanais », a notamment déploré l'ancien chef de l'État. Il estime que les mises en garde lancées par les habitants et responsables locaux de ces régions « ne sont que des avertissements et des signes annonciateurs d'événements plus graves à venir ».
L'ancien président a aussi souligné le risque lié au fait qu'Israël « poursuit son agression et sa violation de la souveraineté libanaise sans que personne ne les en dissuade, avec des martyrs et des victimes qui tombent chaque jour dans leurs villages et sur leurs terres, malgré l'accord de cessez-le-feu lié à la mise en œuvre de la résolution 1701 ».
Troisième danger selon Michel Aoun, « le nombre croissant de réfugiés syriens, sans aucun plan ou horizon libanais ou international clair pour traiter leur problème, malgré les nouveaux changements politiques en Syrie et la disparition de toute justification invoquée pour leur non-retour, en plus des nouvelles vagues de déplacement ».
Michel Aoun a appelé les responsables à prendre « immédiatement les mesures nécessaires pour préserver la sécurité du pays et de ses citoyens » et à assumer « la responsabilité historique de faire face aux défis funestes auxquels le Liban est confronté ».
Selon lui, ces événements exigent la convocation du Conseil supérieur de défense afin de prendre les mesures appropriées « visant à faire face aux dangers qui menacent la sécurité du pays ». « C'est un devoir et non une option pour ceux qui sont en position de responsabilité », a insisté l'ex-président, avant de conclure : « Que personne ne pense qu'il sera à l'abri des répercussions de ces dangers, car nous sommes tous citoyens du même pays, et ce qui affecte son Sud, son Nord ou son Est l'affecte tout entier et touche son cœur. Ne sous-estimez pas et ne mésestimez pas » ces dangers.
Le bloc aouniste
Dans le même sens, le groupe parlementaire du « Liban fort », affilié au Courant patriotique libre fondé par l'ancien président Michel Aoun et dirigé par le député Gebran Bassil, a tenu dans l'après-midi une réunion à l'issue de laquelle il a souligné que « ce qui se passe à la frontière nord-est du Liban constitue une grande source de préoccupation pour la sécurité et la stabilité ». « Cela nécessite le plus haut niveau d'alerte politique pour arrêter l'escalade et imposer la souveraineté de la loi afin de protéger le Liban, ses terres, ses frontières, son peuple et son économie », rapporte un communiqué.
Sur un autre plan, le bloc a exprimé son soutien aux « efforts du gouvernement pour adopter un mécanisme unifié en vue des nominations dans l'administration », tout en mettant en garde contre « l'erreur d'adopter un mécanisme contraire à la Constitution ». À l'issue d'une réunion du Conseil des ministres jeudi dernier, le ministre Paul Morcos, avait annoncé qu'une « méthodologie a été adoptée » et sera annoncée jeudi prochain. De nombreux postes de responsabilité sont gérés à titre intérimaire au Liban, après plus de deux ans de vacance présidentielle.
Enfin, le groupe aouniste a condamné les attaques israéliennes quotidiennes contre le Liban, accusant le gouvernement libanais de n'avoir pas « pris de position claire à ce sujet ». Depuis l'entrée en vigueur de l'accord de cessez-le-feu, l'armée israélienne a tué plus de 100 Libanais et mène régulièrement des frappes ciblées sur le territoire libanais. Contrairement aux termes de l'accord, l'armée de l'État hébreu occupe encore pas moins de cinq positions le long de la Ligne bleue. De son côté, Israël prétend cibler des violations de la part du Hezbollah qui chercherait à reconstituer son armement. Le Liban officiel tente lui de pousser au retrait total d'Israël par la diplomatie, en réclamant des pressions internationales.
Les plus commentés
Kassem : Le Hezbollah « ne permettra à personne de le désarmer »
« Crise systémique » : quand la sémantique de la BDL glisse du côté de l’ABL
En Europe, la chasse au Hezbollah est-elle lancée ?