Une femme afghane vêtue d'une burqa tient un enfant alors qu'elle reçoit une aide alimentaire donnée par une organisation caritative pendant le mois de jeûne islamique du Ramadan dans le district de Fayzabad de la province de Badakhshan, le 13 mars 2025. Photo AFP/ OMER ABRAR
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) prévient lundi que si elle ne trouve pas de fonds alternatifs, elle sera forcée de fermer d'ici juin « 80% des services de soins essentiels » qu'elle soutient en Afghanistan, dont le système de santé ne tient que grâce au soutien des bailleurs internationaux. Déjà, rapporte l'agence onusienne, « au 4 mars, 167 centres de soin avaient été fermés faute de fonds, privant de soins vitaux 1,6 million d'Afghans ».
Dans le nord, l'ouest et le nord-est du pays, « plus d'un tiers des centres de santé ont été fermés, faisant redouter une crise humanitaire imminente », prévient l'OMS. Et « sans intervention urgente, plus de 220 autres centres pourraient fermer d'ici juin, affectant 1,8 million d'Afghans supplémentaires », poursuit son communiqué. L'OMS ne cesse de tirer la sonnette d'alarme sur la santé mondiale depuis que le président américain Donald Trump a signé un décret visant à retirer son pays de l'OMS. Ce retrait - et la fin des versements américains - menacent particulièrement le réseau mondial de surveillance de la rougeole, jusqu'ici entièrement financé par les États-Unis.
En Afghanistan, cette maladie a déjà fait des ravages en 2025, selon l'OMS, qui rapporte 16.000 possibles cas d'infection et 111 morts en janvier et février uniquement. Les autorités talibanes, revenues au pouvoir à l'été 2021 après avoir mis en déroute la République soutenue par les États-Unis, réfutent ces chiffres. Reconnues par aucun pays au monde, elles se reposent toutefois en grande partie sur les ONG, les agences de l'ONU et les bailleurs internationaux d'aide humanitaire pour tenter de maintenir à flot un système public de santé à genoux, sans possibilité de partenariats officiels avec l'étranger qui refuse tout lien avec un gouvernement non reconnu.
Mères et enfants
L'OMS ajoute que le pays, l'un des plus pauvres au monde, vit également sous la menace d'épidémies de paludisme et de dengue et tente toujours de vacciner assez d'enfants pour éradiquer la polio - qui n'est plus endémique que dans deux pays du monde: l'Afghanistan et le Pakistan voisin. Mardi dernier, l'ONG Save the Children annonçait de son côté avoir dû fermer 18 centres de santé en Afghanistan, également faute de fonds. « Seules 14 cliniques soutenues par Save the Children ont encore assez d'argent pour tenir un mois », précisait l'ONG. « Sans nouveaux financements, elles devront également fermer ».
En janvier, la trentaine de centres de Save the Children avaient pris en charge 134.000 enfants. Actuellement en Afghanistan, 638 femmes décèdent pour 100.000 naissances viables, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). C'est l'un des taux les plus élevés au monde. Et l'arrêt de l'aide américaine à l'étranger pourrait causer 1.200 décès maternels supplémentaires d'ici 2028, selon l'ONU. Par ailleurs, la dénutrition est très répandue dans le pays, qui est meurtri par quatre décennies de guerre et se débat aujourd'hui avec des crises économique, humanitaire et climatique. 10 pour cent des enfants de moins de cinq ans en Afghanistan souffrent de carences alimentaires et 45% accusent des retards de croissance. Des taux parmi les plus élevés du monde, selon les Nations unies.
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