Cette photographie prise le 9 avril 2024 montre la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg, dans l'est de la France. Photo AFP/ FREDERICK FLORIN
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné jeudi Chypre pour de "nombreuses défaillances" et des "stéréotypes de genre" dans l'enquête sur le viol collectif présumé d'une touriste britannique en 2019. En juillet 2019, la jeune femme, alors âgée de 18 ans, avait affirmé avoir été violée par un groupe de jeunes Israéliens dans leur chambre d'hôtel de la station balnéaire d'Ayia Napa (sud-est).
Plusieurs Israéliens avaient ensuite été arrêtés, puis libérés après un nouvel interrogatoire de plusieurs heures de la jeune femme lors duquel elle était revenue sur ses déclarations. Elle avait alors immédiatement été poursuivie pour dénonciation calomnieuse. Jugée coupable de cette infraction en première instance, elle avait été acquittée en appel en janvier 2022, la Cour suprême chypriote relevant que diverses défaillances avaient entaché l'enquête relative au viol dénoncé.
La CEDH, qui siège à Strasbourg, note elle aussi que l'affaire a été marquée par "une série de manquements", notamment l'insuffisance des éléments médico-légaux et des témoignages recueillis. La cour souligne en outre que les autorités n'ont pas examiné la question du consentement de la jeune femme. "La crédibilité de l'intéressée semble avoir été appréciée à l'aune de stéréotypes de genre préjudiciables et d'attitudes consistant à rejeter la faute sur la victime", indique la cour dans son arrêt. Ces éléments, ainsi que le fait qu'elle a dû répéter son récit à de nombreuses reprises "atteste d'une re-victimisation", et d'un "défaut des autorités" à adopter une attitude respectueuse envers les victimes.
Pour la Cour, cette affaire "révèle certains préjugés concernant les femmes à Chypre qui ont entravé la protection effective des droits de la requérante en tant que victime de violences basées sur le genre". A la lumière de ces "nombreuses défaillances" et "sans exprimer d'avis sur la culpabilité des suspects", la CEDH condamne Chypre pour violation des articles 3 (absence d'enquête effective) et 8 (droit au respect de la vie privée) de la convention européenne des droits de l'homme.
Chypre doit verser à la requérante 20.000 euros pour dommage moral et 5.000 euros pour frais de justice.
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné jeudi Chypre pour de "nombreuses défaillances" et des "stéréotypes de genre" dans l'enquête sur le viol collectif présumé d'une touriste britannique en 2019. En juillet 2019, la jeune femme, alors âgée de 18 ans, avait affirmé avoir été violée par un groupe de jeunes Israéliens dans leur chambre d'hôtel de la station balnéaire d'Ayia Napa (sud-est).
Plusieurs Israéliens avaient ensuite été arrêtés, puis libérés après un nouvel interrogatoire de plusieurs heures de la jeune femme lors duquel elle était revenue sur ses déclarations. Elle avait alors immédiatement été poursuivie pour dénonciation calomnieuse. Jugée coupable de cette infraction en première instance, elle avait été acquittée en appel en...
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